Le président du conseil italien sera reçu par François
Ce jeudi matin, le chef du gouvernement italien Enrico Letta effectuera une visite
privée au Vatican. Son prédécesseur Mario Monti avait été reçu à plusieurs reprises
par Benoît XVI. Le président du Conseil des ministres pourra s’entretenir avec le
pape François, évêque de Rome puis avec le cardinal Secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone.
Ces rencontres sont institutionnelles et sont largement liées à la présence du Saint-Siège
sur le territoire italien. Le 8 juin, le Saint-Père avait reçu la visite du chef de
l’Etat italien Giorgio Napolitano. Une visite qui s’inscrit – avait-il noté - dans
une longue histoire de relations.
Un homme politique modéré
A
46 ans, Enrico Letta est, avec David Cameron, l’un des deux plus jeunes chefs de gouvernement
européens. Prudent et équilibré, il est présenté comme un centriste réformiste, issu
du mouvement des jeunes démocrates-chrétiens. Son oncle Gianni Letta était considéré
à l’époque de Silvio Berlusconi comme l’interlocuteur privilégié du Vatican. Nul doute
que sa visite sera scrutée à la loupe. Depuis la fin des Etats pontificaux sous Pie
IX, l’Italie et le Vatican entretiennent un voisinage délicat, marqué par des convergences
et des dissensions, des échanges cordiaux et des compromis. L’influente Eglise italienne,
qui continue de prendre en charge une bonne partie de la politique sociale de la péninsule,
est souvent accusée d’ingérence dans le débat politique. Recevant le président Napolitano,
il y a un mois, le pape François avait pourtant salué la normalité et l’excellence
des relations entre l’Italie et le Saint-Siège après des événements troubles et douloureux.
Il avait invité les italiens à dépasser leurs divisions et à grandir dans la justice
et la paix. L’Italie – avait-il dit - peut être un exemple dans le contexte européen
et la famille des peuples.
Une fibre catholique
Enrico Letta
a fait ses premiers pas en politique comme président des Jeunes chrétiens-démocrates.
Lors de son discours d’investiture devant la chambre des députés italiens, il avait
ainsi déclaré :
Ces jours-ci, j'ai beaucoup pensé au personnage biblique
de David. Comme lui, et avec lui, nous sommes dans la vallée dans l’attente d’affronter
Goliath. Dans la vallée de nos peurs face à des défis qui semblent gigantesques, même
celui de se rassembler pour y remédier. Nous devons nous dépouiller de l'épée et de
l'armure que nous avons portées ces dernières années et qui nous pèsent maintenant.
Comme David qui prit son bâton à la main, choisit cinq pierres polies par le torrent,
et les mit dans son sac de berger, ramassa sa fronde et s'approcha de Goliath, nous,
à partir du flux du torrent d’idées sur lesquelles nous nous sommes affrontés, nous
avons choisi nos pierres, nos propositions de programme. La fronde, nous l'avons dans
la main ensemble, le gouvernement et le Parlement. De David nous devons avoir le
courage et la confiance. Le courage d'affronter les défis en nous libérant de l'armure
peut-être nous l’avons trouvé, la confiance c’est ce que nous demandons maintenant
au Parlement et aux Italiens. » Peu de temps après son investiture, le chef
du gouvernement de coalition italien avait convoqué son équipe, non pas en retraite
spirituelle mais pour travailler, dans une abbaye en Toscane. Les ministres avaient
dû payer de leur propre poche la participation à cette "rencontre informelle de gouvernement"
qui s’était tenue dans l'Abbaye de Spineto, dans la province de Sienne, construite
au XIe siècle et transformée en luxueux centre de congrès.