2013-07-02 09:01:56

La direction de l'IOR présente sa démission


Cinq jours après la création d’une Commission consultative pour enquêter sur l'IOR, l’Institut pour les Œuvres de Religions, qui gère notamment les comptes des dicastères, des employés du Saint-Siège ou des nonciatures, voit deux de ses dirigeants donner leurs démissions. Le comité de surveillance et la Commission cardinalice de l’institution financière les a acceptées. L’Autorité d’Information Financière a été informée de ces départs. La Commission spéciale crée le 26 juin dernier a, elle, « pris acte de cette décision ».

Paolo Cipriani et Massimo Tulli travaillaient pour l'IOR depuis de nombreuses années, le premier en tant que directeur général, le second en qualité de vice-directeur. Selon un communiqué publié hier soir par le Saint-Siège, tous deux auraient jugé leur départ « dans le meilleur intérêt » de l’institution financière du Vatican.

"Une nouvelle direction est nécessaire pour accélérer la transformation de l'IOR"

Le président de l’établissement depuis le mois de février dernier, le suisse Ernst Von Freyberg a salué « leur dévouement » pendant toutes ces années et les a indirectement remercié pour le travail accompli. « Depuis 2010, l'IOR et sa direction ont travaillé sérieusement pour que les structures et les procédures soient en ligne avec les standards internationaux en matière de lutte contre le blanchiment d’argent ». S’il parle de gratitude, le président de l'IOR ne s’en contente pas.

« Aujourd’hui, il est clair que nous avons besoin d’une nouvelle direction pour accélérer le rythme de ce processus de transformation ». L’appel à candidature est lancé. Selon le communiqué publié lundi soir, le Conseil de surveillance de l'IOR a initié le processus de sélection et espère trouver deux nouveaux responsables dans un futur prochain.

Ernst von Freyberg nommé directeur par intérim

D’ici là, c’est le président de l'IOR qui assure l’intérim. Ernst von Freyberg devient directeur général par intérim. Il sera appuyé par deux Italiens qui ont fait leur preuve à l’étranger. Il s’agit « d’excellents professionnels », a affirmé Ernst von Freyberg lundi soir. Rolando Maranci, ancien président (chief operating officer) dans une banque italienne à Londres, devient vice-directeur. Quant à Antonio Montaresi qui travailla pour diverses établissements bancaires aux Etats Unis, il devient « chief risk officer », responsable en chef des risques.

On note également que le poids de Promontory Europe, une société de conseil financier et anti recyclage qui travaille avec l'IOR depuis le mois de mai à la demande du Conseil de surveillance, se renforce. Le président de l'IOR, Ernst Von Freyberg a demandé à Elisabeth McCaul et Raffaele Cosimo de devenir ses conseillers principaux. Elle est partner-in-charge du bureau de New York et chef exécutif de Promontory Europe. Lui est le président (chief operating officer) de Promontory Europe.

Le pape a créé une commission spéciale pour réformer le IOR

Ces démissions interviennent alors que le pape François a institué le 26 juin dernier, une commission consultative sur l’IOR, l’Institut pour les œuvres de religions, autrement dit une commission chargée de mener une enquête approfondie en vue d’une éventuelle réforme. Cette commission spéciale n’est pas chargée de superviser l’IOR – a précisé le directeur du bureau de presse - mais de recueillir des informations. Le Saint-Père souhaite mieux connaître la situation juridique et les activités de l’IOR pour mieux l’harmoniser avec la mission universelle du Siège Apostolique. L’objectif est donc de rendre l’IOR plus conforme aux exigences de l’Eglise.

Le rôle de cette commission devra rassembler des informations sur la marche de l’IOR et présenter ses conclusions directement au Souverain Pontife, probablement vers le mois d’octobre. D’ici là, l’IOR continuera de fonctionner conformément aux indications données par Jean-Paul II en 1990, pour adapter l’Institut aux signes des temps. L’institution d’une telle commission – précise-t-on encore – intervient dans le contexte plus général des réformes auxquelles les Institutions du Siège Apostolique devront procéder si nécessaire.

Le pape veut y voir clair

La nouvelle commission de travail, qui bénéficie d’une marge de manœuvre considérable, est présidée par un cardinal italien à la retraite, Raffaele Farina, historien salésien, ancien archiviste et bibliothécaire de la Sainte-Eglise romaine, connu pour sa discrétion et son caractère affable. Parmi les cinq membres de la nouvelle Commission figure un cardinal français, Jean-Louis Tauran, fin diplomate, actuellement président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, ainsi que l’assesseur pour les affaires générales de la Secrétairerie d’Etat, Mgr Wells.

Signe de l'importance donnée au travail de cette commission, le pape François l'a instituée en l'accompagnant d'un chirographe, un document signé de sa propre main daté du 24 juin. Dans cette lettre, il dit vouloir ainsi répondre à une invitation de son prédécesseur. Benoît XVI avait souhaité que les principes de l’Evangile soient également appliqués aux activités économiques et financières du Saint-Siège. Le pape François a beaucoup consulté avant de prendre sa décision. Il veut y voir clair. Il y a quelques jours il avait nommé un homme de confiance au poste de prélat de l’IOR, vacant depuis de nombreux mois. Tous les bureaux sont invités à collaborer avec la nouvelle commission, sans crainte et dans un esprit de transparence. La commission sera dissoute une fois son travail terminé.

(Photo: le siège du IOR, au Vatican)








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