L'épiscopat malien lance un message de paix et d'espoir pour la reconstruction du
pays
« Plaidoyer pour une vraie solidarité : devenir de mieux en mieux un peuple, un
but, une foi » : tel est l’appel que les évêques lançaient au peuple malien en
2010, année de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du pays. Au nom
de leur responsabilité en tant qu’Evêques, ils invitent à donner une dynamique nouvelle
à la solidarité, vertu sans laquelle la société ne saurait vraiment être un « peuple
», ne pourrait viser et atteindre le même « but » et ne saurait être animé la même
« foi ». « Un an après la célébration de son cinquantenaire, notre pays est entré
au début de l’année 2012 dans une période de turbulence qui a failli compromettre
son existence dans sa forme républicaine, son unité, son intégrité et sa laïcité.
Grâce au sursaut patriotique de citoyens civils et militaires, avec l’aide de certains
pays amis et par la grâce de Dieu, nous revenons de loin. Aujourd’hui, notre pays
vit un tournant important de son histoire et nous espérons enfin arriver au terme
de la période de transition (instaurée par la crise politique et marquée par de nombreux
rebondissements) avec la tenue dans quelques semaines de l’élection présidentielle.
» Peut-on ainsi lire dans le message diffusé par l’épiscopat malien.
Etre
un peuple uni dans la diversité
« Depuis son indépendance, le Mali
aspire à cette unité rappelle les évêques. La crise que notre pays vit en ce moment
dans sa zone septentrionale a remis en cause cette volonté de nos Pères de l’indépendance.
Ils déplorent avec une grande amertume cette nouvelle rébellion et tous les troubles
politiques et sécuritaires qu’elle a entraînés et trouvons regrettable que les armes
soient encore utilisées comme moyen d’expression et de revendication. Les Maliens
ont plutôt besoin aujourd’hui de lutter ensemble contre le sous-développement (la
famine, le chômage, la pauvreté, l’ignorance, la maladie, la corruption, etc.) pour
assurer le bien-être de tous, où qu’ils se trouvent. Ainsi, ils apportent leur soutien
à la Commission Dialogue et Réconciliation (CDR) et lui souhaitent de réussir sa délicate
et lourde mission de réconciliation des esprits et des cœurs au nord comme au sud
du pays. Ils saluent toutes les initiatives allant dans le sens du rétablissement
et de la promotion du dialogue et de la paix. »
Viser un seul et même
but
« Pouvons-nous viser le même but si nos intérêts sont divergents
? » demandent les évêques. « Le but que nous devons prioritairement viser en cette
année 2013 est le retour de la paix, de l’unité, de la cohésion et la bonne tenue
de l’élection présidentielle. Chacun, à la place qu’il occupe et au niveau où il se
trouve, doit se soucier d’instaurer un climat de paix et de réconciliation et d’œuvrer
pour la bonne préparation et le bon déroulement de ce scrutin. » A l’ensemble des
citoyens, ils demandent d’aller massivement aux urnes afin de consolider
le défi de la démocratie et du multipartisme. Aux candidats, ils recommandent qu’ils
soient vrais avec les électeurs dans leurs promesses électorales et dans leur ambition
pour le Mali. Parler vrai et agir en vérité doit être la ligne de conduite de chacun.
A toutes les personnes et structures engagées dans l’organisation et la gestion des
élections, ils demandent de veiller à ce que les élections se déroulent dans la transparence,
la vérité, l’équité et la paix.
Avoir la même foi
« Aujourd’hui,
déplorent les évêques, beaucoup de Maliens ont perdu foi en eux-mêmes, en leur pays,
en leurs dirigeants politiques, en leurs compatriotes, pour des raisons diverses.
Peut-on leur donner raison ? La confiance en certaines institutions et certains services
publics s’est affaiblie à cause de la corruption, du clientélisme, de la démagogie
et bien d’autres maux. Nous avons besoin de réinstaurer cette foi pour œuvrer ensemble
en vue d’un vrai et profond changement de mentalité et pour préparer un avenir meilleur
pour nos enfants. Les élections seront donc le moyen pour chaque citoyen de participer
à la préparation de cet avenir en choisissant des hommes et des femmes dignes de confiance,
capables de travailler à la réalisation du Bien Commun ».