Le Père Pascal Montavit nous propose son commentaire de l'Evangile du dimanche 30
juin, 13ème dimanche du temps ordinaire. Evangile selon Saint Luc, 9, 51-62 : « Celui
qui met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas fait pour le Royaume
de Dieu. »
Ecoutez le Père Pascal Montavit
Jésus
prend courageusement la route de Jérusalem. Il sait que, dans la ville sainte, il
sera arrêté, condamné, puis mis à mort. Mais Jésus n’est pas seul. Il envoie devant
lui des messagers pour préparer sa venue. Toutefois, un village de Samarie refuse
de l’accueillir car il monte vers la ville-ennemie : Jérusalem. Face à ce rejet, Jacques
et Jean réagissent fortement, tout façonnés qu’ils sont par les récits de l’Ancien
Testament. Comme le prophète Élie l’avait fait autrefois sur les gardes envoyés par
le roi Ochozias (2 R 1,1-18), ils veulent ordonner au feu de descendre du ciel et
de consumer ce village samaritain rebelle. Jacques et Jean ne doutent donc pas de
leur autorité sur les éléments de la création, mais il leur manque cependant l’assentiment
de Jésus. Sans cela, ils ne peuvent rien. Jésus saisit cette occasion pour montrer
qu’il n’est pas venu détruire ou anéantir ceux qui le rejettent. C’est un enseignement
nouveau par rapport à l’Ancien Testament. Il n’y a plus d’anathème où tous ceux qui
s’opposent à Israël doivent être passés au fil de l’épée. Désormais, c’est le temps
de la Miséricorde. Jésus est venu parmi les hommes afin qu’ils reçoivent le salut.
Certes, il y aura un jugement, à la fin des temps. Mais d’ici là, Dieu attend, inlassablement,
la conversion de tous. Jésus profite alors de trois rencontres, en cours
de route, pour approfondir l’enseignement nouveau qu’il dispense à ses disciples. Une
première personne s’adresse à Jésus : « Je te suivrai où que tu ailles ». Jésus répond
: « Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids ; le Fils de
l’homme, lui, n’a pas où reposer la tête. » (Lc 9,57-58). Jésus met en garde contre
les difficultés à venir. Le futur disciple a posé une promesse : « Je te suivrai ».
Il s’engage pour l’avenir. C’est un acte courageux qui témoigne de la dignité de l’homme.
Mais Jésus prévient : celui qui s’engage pour le servir doit savoir que le chemin
sera difficile. Le futur que Jésus promet sur terre est aussi un chemin de croix. Dans
un second temps, c’est Jésus lui-même qui s’adresse à un autre et lui dit : « Suis-moi
». Mais ce dernier souhaite auparavant aller enterrer son père. Jésus lui répond :
« Laisse les morts enterrer leurs morts ; pour toi, va-t’en annoncer le Royaume de
Dieu » (Lc 9,59-60). C’est Jésus, cette fois-ci, qui prend l’initiative. Il appelle
dans le présent afin que celui qui est appelé mette en pratique, immédiatement, la
parole reçue. Suivre Jésus, dans la présent, le quotidien, c’est choisir la vie et
laisser les morts aux morts. Enfin, une troisième personne s’adresse à
Jésus : « Je te suivrai, Seigneur, mais d’abord, permets-moi de prendre congé des
miens ». Jésus lui répond : « Quiconque a mis la main à la charrue et regarde en arrière
est impropre au Royaume de Dieu » (Lc 9,61-62). Jésus termine donc son enseignement
par un regard sur le passé. Regarder en arrière, lorsque l’on passe la charrue, c’est
l’assurance de laisser un sillon tordu. Se mettre à la suite du Christ, c’est entrer
dans une nouvelle famille. Nous sommes frères et sœurs en Christ. Bien sûr le commandement
d’honorer son père et sa mère demeure. Mais désormais nous ne faisons qu’un dans le
Christ Jésus (Ga 3,28) et c’est vers l’avant qu’il faut regarder. Suivre
le Christ, c’est donc refuser de se retourner vers le passé, vers les oignons d’Égypte
qui pourraient sembler meilleurs que la manne au désert. Suivre le Christ, c’est entendre
dans le présent « Suis-moi » pour partir annoncer le règne de Dieu. Suivre le Christ,
c’est savoir que le futur ne sera pas exempt d’épreuves, mais que le Seigneur continuera
chaque jour à nous dire « Suis-moi ».