7 ans de prison et une interdiction à vie d’exercer toute fonction publique. C’est
la peine infligée à Silvio Berlusconi, l’ancien président du conseil italien. La sentence
est tombée lundi soir, après plus de 7 heures de délibération. Les trois magistrates
réunies dans le palais de justice de Milan l’ont condamné dans le cadre de l’affaire
Rubygate. Et cette sentence est même plus lourde que prévue.
Car sept ans,
c’est un an de plus que ce qui avait été requis. La procureure avait demandé six ans.
Cinq ans pour abus de pouvoir : quand il était Premier ministre, Silvio Berlusconi
aurait utilisé sa position pour libérer Ruby, une jeune marocaine qu’il avait fait
passer pour la nièce de l’ancien raïs égyptien, Hosni Moubarak. La peine aggravé d’un
an, c’était pour les prestations sexuelles rémunérées de cette jeunes femme. Elle
était mineure lors des faits, en 2010.
Après la décision des juges, certains
exultaient : une dizaine de manifestants ont accueilli la nouvelle avec des cris de
joie et des applaudissements devant le tribunal. On imagine bien le contraire dans
le camp de Berlusconi. Selon le quotidien italien Le corriere della sera, le Cavaliere
était lundi « d’humeur noire ». Il était pessimiste, « prêt au pire ». Et pour cause,
la sentence, c’est le plus mauvais scénario pour Berlusconi.
Silvio Berlusconi
résistera
L’ancien président du Conseil a clamé son innocence. Sa réaction,
il l’a écrite lundi soir : il entend « résister » à cette « persécution », qui vise
selon lui à « l’éliminer de la vie politique » italienne. Le Cavaliere était « convaincu
» qu’il serait acquitté, « car dans les faits, il n’y avait pour lui aucune possibilité
de le condamner ». Silvio Berlusconi semble donc surpris face à cette sentence qu’il
a qualifié « d’incroyable » et d’une « violence jamais vue auparavant ».
La
presse s’interroge : que va faire maintenant Silvio Berlusconi après cette sentence
très lourde, plus lourde que ce qu’avait requis le procureur ? On s’inquiète pour
la stabilité politique du pays. Selon plusieurs médias italiens, l’ancien premier
ministre considérait le nouveau gouvernement de coalition d’Enrico Letta comme une
protection. Sans cette protection – ce qui est le cas aujourd’hui -, « son intérêt
à soutenir ce gouvernement disparaîtrait ».
Cette sentence est une « offense
à tous les Italiens qui ont cru en lui, écrit le Cavaliere, et qui ont eu confiance
en lui pour son engagement pour le pays. » Se risquera-t-il donc aux urnes en retirant
sa confiance à Enrico Letta ? D’après un de ses proches, l’ampleur de la condamnation
pourrait l’aider à des fins électorales, car selon lui, les Italiens y voient une
sentence disproportionnée.
La sentence n’est pas définitive : le camps Berlusconi
a déjà annoncé qu’il fera appel. Reste qu’un nouveau front judiciaire pourrait s’ouvrir
contre lui : la corruption des témoins lors du procès.
Fausses déclarations
au procès ?
Les trois magistrates qui le jugeaient depuis l'ouverture du
procès en avril 2011 ont également décidé la transmission des actes de procédure au
parquet, en lui demandant d'enquêter sur de possibles fausses déclarations faites
par certains témoins pendant le procès.
Une trentaine de jeunes femmes qui
fréquentaient les soirées organisées dans la villa de M. Berlusconi à Arcore, près
de Milan, avaient défilé à la barre, contredisant leurs déclarations faites selon
des enregistrements d'écoutes téléphoniques. Elles juraient avoir participé à des
dîners élégants, joyeux et arrosés, mais qui n'étaient absolument pas des orgies.
Silvio
Berlusconi était poursuivi pour avoir rémunéré une dizaine de prestations sexuelles
de Karima El Mahroug, qui se faisait appeler « Ruby la voleuse de cœurs » entre février
et mai 2010. Il était aussi poursuivi pour avoir fait pression sur la préfecture de
Milan dans la nuit du 27 au 28 mai 2010 pour faire libérer Ruby qui avait été interpellée
pour un larcin.