Les nonces apostoliques ne doivent pas succomber à la tentation de la "mondanité"
Nonces apostoliques, délégués apostoliques, observateurs permanents. La diplomatie
du Saint-Siège est réunie pendant deux jours au Vatican. Ensemble, ils réfléchissent
et partagent leurs expériences dans le cadre de l’Année de la Foi.
Cette rencontre
avait été annoncée le 17 octobre pendant le Synode des évêques pour la Nouvelle évangélisation.
Un événement similaire avait eu lieu il y a plus de dix ans, à l’occasion du Grand
Jubilé de l’an 2000. L’objectif est d’approfondir le sens de la mission des représentants
du Saint-Siège dans le contexte actuel.
Vendredi matin, ils ont été reçus
en audience par le pape François qui leur a donné des orientations précise et concrètes,
assorties de quelques mises en garde. Dans son discours, le pape François s’est notamment
attardé sur des missions les plus délicates qui reviennent aux nonces : les enquêtes
à mener en vue des nominations épiscopales. Il leur a demandé d’être particulièrement
vigilants.
La tentation de la « mondanité »
Des mots qui viennent
« du plus profonde de moi-même et qui me tiennent à cœur », des mots que le Pape a
écrit lui-même comme il l’a confié : le pape François a voulu adresser un message
simple aux nonces apostoliques.
Dans son discours, largement improvisé, le
Pape a souligné plusieurs aspects de la vie des nonces, ces « nomades » qui ont «
toujours la valise à la main ». Mais au travers de ce discours, qui n’avait pas la
prétention « de dire de nouvelles choses », le pape François a fait passer une de
ses préoccupations maintes fois exprimée depuis le début de son pontificat : la tentation
de la « mondanité ». L’occasion de faire quelques rappels essentiels concernant le
travail des nonces.
Les explications de Xavier Sartre :
Le pape a voulu
être direct et simple et comme à son habitude, est largement sorti de ses feuilles,
même s’il a reconnu avoir lui-même rédigé son discours. Il s’est d’abord attardé sur
le caractère particulier du travail des nonces apostoliques, un « travail plus qu’important
» : celui de « construire l’Eglise, entre les Eglises particulières et l’Eglise universelle,
entre les évêques et l’évêque de Rome ».
Loin d’être de simples « intermédiaires
», ils sont des « médiateurs » qui doivent bien connaitre « les cartes » mais aussi
et surtout les « personnes ». « C’est pourquoi le rapport personnel entre l’évêque
de Rome et vous est essentiel » a-t-il reconnu.
Dans leur travail comme dans
leur être, les nonces doivent se garder de la « la mondanité spirituelle », véritable
« danger » qui guette les « hommes d’Eglise ». Ils ne doivent pas « céder à l’esprit
du monde qui pousse à agir pour soi et non pour la gloire de Dieu ». Cet avertissement
ne vaut pas que pour eux : il vaut également pour les futurs évêques qu’ils ont à
choisir. Qu’ils soient donc nonces ou évêques, ces hommes doivent être d’abord et
avant tout des « pasteurs qui servent l’Eglise ».
Des pasteurs proches
des gens, doux patient et miséricordieux
Le caractère pastoral est le critère
numéro un que doivent prendre en compte les nonces quand ils recommandent quelqu’un.
Les futurs évêques doivent être « des pasteurs proches des gens dont nous avons tant
besoin » a confié le pape François. Pas question donc de sélectionner quelqu’un qui
« recherche l’épiscopat », qui veuille servir son ambition. Pas question non plus
qu’il soit l’époux d’une Eglise tout en étant à « la recherche d’une autre ». Ce dernier
point est, visiblement pour le Pape, un sujet délicat sur lequel il a l’intention
de revenir en privé, loin des micros.
Le futur évêque doit à l’inverse, être
« père et frère, doux, patient et miséricordieux ». Il doit aimer « la pauvreté, intérieure
comme liberté pour le Seigneur, et extérieure comme simplicité et austérité de vie
». Il ne doit pas avoir une « psychologie de Prince ». Cet évêque doit veiller sur
son troupeau, être devant, derrière, à ses côtés, pour « indiquer la route, pour le
maintenir uni et pour éviter que quelqu’un reste en arrière ».
Les nonces
sont donc prévenus : pas question de céder à la mondanité, pas question de ne pas
travailler avec professionnalité au risque de perdre toute autorité.
Au programme
de ces deux journées figurent également l’adoration eucharistique et la célébration
des Vêpres à Saint-Paul-hors-les-murs. Le cardinal Ravasi, président du Conseil pontifical
de la Culture, a été chargé de proposer une méditation à cette occasion ; une concélébration
eucharistique en la basilique Saint-Pierre, présidée par le cardinal Tarcisio Bertone,
Secrétaire d’Etat.
(Photo : dans la salle Clémentine du Palais apostolique
au Vatican)