Les bouleversements climatiques, facteurs de pauvreté
Dans un rapport récemment publié, la Banque mondiale exprime les craintes qu'une hausse
de 2°C de la température du globe d'ici à 2040 ne provoque pénuries alimentaires et
inondations, surtout en Asie et en Afrique. Jim Yong Kim, le président de la Banque
Mondiale, souligne que les pays en développement en seront les premières victimes
même si leurs habitants ne sont pas les responsables de la hausse de la température
mondiale. On ressent déjà l’impact du changement climatique alors que la température
n’a augmenté que de 0,8 °C par rapport à l’ère préindustrielle. « Beaucoup d’entre
nous connaîtront peut-être les conséquences plus redoutables d’un réchauffement de
2 °C — d’ici 20 à 30 ans — si nous ne faisons rien », a-t-il averti. La Banque
Mondiale prévient que des températures extrêmes pourraient affecter les récoltes de
riz, de blé, de maïs et d'autres cultures importantes, et menacer la sécurité alimentaire
des pays pauvres. La part des populations sous-alimentées pourrait à terme flamber
de 90% dans certains pays africains. En Afrique subsaharienne, étant donné que la
question de la sécurité alimentaire constitue le défi suprême, il a été souligné qu’
avec un réchauffement de 1,5 à 2 °C, sécheresse et aridité rendront entre 40 et 80
% des terres agricoles impropres à la culture du maïs, du millet et du sorgho à l’horizon
2030-2040. Avec 4 degrés supplémentaires, à l’horizon des années 2080, les précipitations
annuelles pourraient diminuer jusqu’à 30 % en Afrique australe tandis que l’est du
continent risque de connaître, selon de multiples études, un phénomène inverse. Le
niveau de dioxyde de carbone augmentant, les écosystèmes pastoraux se modifient (des
prairies qui deviennent des savanes boisées par exemple), ce qui risque de réduire
la disponibilité de fourrages pour le bétail. Avec le développement des villes
côtières en Afrique, les plus pauvres de leurs résidents sont pour la plupart déjà
rejetés aux confins des zones habitables, là où les conséquences du changement climatique
entraînent les plus grands dangers. Accrochées dans des baraques de fortune sur les
berges des cours d’eau ou entassées dans des zones situées à peine plus haut que le
niveau de la mer, mal drainées et mal desservies par les services publics, ces populations
sont totalement exposées aux assauts des tempêtes, à la montée des eaux et aux crues. Déjà
auteur d'un rapport alarmiste sur le sujet en novembre, La Banque mondiale souligne
également que le réchauffement climatique fait peser une "menace fondamentale" sur
son objectif d'éradiquer l'extrême pauvreté d'ici à 2030. C’est pourquoi, afin
de contenir le réchauffement, la communauté internationale devrait s'engager à : -
aider les pays, surtout ceux se trouvant dans les zones vulnérables, à concevoir des
plans stratégiques et des projets d’investissement qui intègrent les risques et les
opportunités liés au changement climatique ; - fournir les instruments dont les
pays et les villes ont besoin pour mieux évaluer le changement climatique et s’y adapter,
à travers notamment un suivi des émissions de gaz à effets de serre, des évaluations
de l’utilisation et de l’efficience énergétiques et des appréciations du degré de
résilience ; - tirer de ses projets des normes et des meilleures pratiques pour
améliorer la résistance des infrastructures dans l’immédiat et pour les générations
à venir ; - utiliser sa faculté de rassemblement, son pouvoir de levier financier
et ses fonds dédiés au climat pour augmenter l’appui aux énergies propres, au développement
sobre en carbone et à la résilience climatique. Pour pouvoir aider les pays à mieux
se prémunir contre les assauts du climat, la Banque mondiale va devoir mettre l’accent
sur les régions les plus vulnérables, gérer la disponibilité des ressources hydriques
et les phénomènes extrêmes et redoubler d’efforts pour satisfaire une demande alimentaire
croissante.