Le Président Maduro et le Pape discutent de lutte contre la pauvreté et le narcotrafic
Le Pape François a reçu lundi matin en audience le Président de la République bolivarienne
du Venezuela Nicolas Maduro Moros qui s’est entretenu successivement avec le cardinal
secrétaire d’Etat, Tarcisio Bertone, et le secrétaire pour les relations avec les
Etats, Mgr Dominique Mamberti. La rencontre privée dans la Bibliothèque au Palais
Apostolique a duré vingt minutes. Le successeur d’Hugo Chavez, pour cette visite au
Vatican, était accompagné de son épouse Cilia Flores, et d’une importante délégation
comprenant notamment le ministre des Affaires étrangères, le ministre du Plan, le
ministre pour les ressources pétrolières, le sous-secrétaire à la Présidence, le chef
d’état-major de l’armée.
La rencontre s’est déroulée dans un climat cordial.
A son arrivée, en rencontrant le Pape dans la Salle du Petit Trône, le président Maduro
a déclaré : « C’est un honneur. Et un plaisir de vous connaître ! Je suis très impressionné
». Et encore : “ Je suis heureux d’être ici, mais surtout de vous connaître. Merci
pour ce que vous faites ». Le Pape a remercié son hôte , en lui souhaitant la bienvenue.
Dans la Bibliothèque, ensuite, pour la rencontre privée, le Président Maduro a évoqué
le prix reçu de la FAO pour l’engagement du Vénézuela dans la lutte contre la faim
dans le monde ces dix dernières années.
Au terme de l'entretien, la lutte
contre la pauvreté et le narcotrafic
Selon le communiqué du Vatican, le
Pape et son hôte ont parlé de « la situation sociale et politique du Venezuela, après
la récente disparition du Président Hugo Chavez Frias, mais également de plusieurs
problèmatiques actuelles, comme la pauvreté et la lutte contre la criminalité et le
narcotrafic ». Au cours de l’entretien, on a fait référence à « la présence historique
de l’Eglise catholique dans le pays et à sa contribution décisive dans le domaine
de la charité, de l’assistance sanitaire et de l’éducation ». Les deux hommes ont
« convenu de la nécessité d’un dialogue sincère et constant entre la Conférence Episcopale
et l’Etat, pour le développement de toute la Nation. » La situation de la région a
également été abordée, avec une place particulière « au processus de paix en Colombie
».
Le président Maduro espère la canonisation du "médecin du peuple"
Au
terme de l’entretien privé, le président Nicolas Maduro a offert au Pape un grand
portrait de Simon Bolivar, et un tableau de la Vierge de Coromodo ( « comme c’est
beau, a commenté le Pape pour cette peinture ), ainsi qu’une petite statue du « serviteur
de Dieu » José Gregorio Hernandez ( 1864-1919). Médecin né à Trujillo mais qui travailla
à Caracas, Hernandez est connu pour son engagement en faveur des plus humbles et des
plus pauvres, qu’il soignait gratuitement, et c’est pour cette raison qu’on l’appelle
« le médecin du peuple ». « Nous espérons sa canonisation, c’est un saint du peuple
», a déclaré le président Maduro au Pape, en lui remettant aussi une copie de la Constitution
de son pays. Le Pape a offert à son tour au président vénézuelien le livre sur le
Document d’Aparecida, fruit de la Conférence générale de l’épiscopat latino-américain
en 2007, ainsi que les médailles du pontificat et des chapelets. A la sortie de la
Bibliothèque, le Président Maduro a demandé la bénédiction du Pape François.
Eclairage
sur cette visite du président Maduro, et son contexte, avec Hélène Destombes
Avant
même cette rencontre le Bureau de presse du Saint-Siège avait précisé qu’il s'agirait
d'une audience d'un chef d'Etat comme toutes celles que le Saint-Père a accordées
ces derniers mois à des responsables latino-américains, il n’en reste pas moins que
cette visite intervient dans un contexte particulièrement délicat pour le nouveau
président vénézuélien. Son gouvernement reste fragile après une victoire de justesse,
contestée par l’opposition et il doit faire face à de nombreux défis en terme de politique
interne mais aussi régionale. La situation de la région a d’ailleurs été également
abordée, et en particulier « le processus de paix en Colombie » Une référence qui
n’est pas sans rappeler les tensions diplomatiques entre le Venezuela et la Colombie.
En mai dernier Nicolas Maduro a averti qu’il hésitait à continuer à participer au
processus de paix en Colombie, entre le gouvernement et les FARC, ayant « des doutes
sur les véritables intentions du chef de l’Etat colombien Juan Manuel Santos ».
«
La présence historique de l’Eglise catholique dans le pays et à sa contribution décisive
dans le domaine de la charité, de l’assistance sanitaire et de l’éducation » était
également au cœur des discussions, des discussions qui ont permis de convenir de la
nécessité d’un dialogue sincère et constant entre la Conférence Episcopale et l’Etat,
pour le développement de toute la Nation. » Un point important alors, qu’on s’en souvient,
les rapports entre la hiérarchie catholique au Venezuela et le président Chavez étaient
particulièrement tendus. Une nouvelle page est-elle en train de s’ouvrir dans les
relations entre le Saint-Siège et le Venezuela. L’avenir nous le dira. Le nonce apostolique
à Caracas, Mgr Pietro Parolin, a déjà fait savoir que cette visite serait utile pour
tout le pays, surtout pour la réconciliation et la paix.