Iran : le modéré Hassan Rohani remporte la présidentielle
Le modéré Hassan Rohani a remporté l'élection présidentielle iranienne, mettant un
terme à huit années de pouvoir exécutif conservateur, a annoncé samedi 15 juin le
ministre iranien de l'Intérieur. Immédiatement après l'annonce, un millier de personnes
se sont rassemblées sur une des grandes places du centre de Téhéran pour fêter la
victoire de leur candidat. Dans le nord de la ville, la victoire de M. Rohani a été
célébrée par des coups de klaxons. Les gens portaient les portraits de l'ex-président
modéré Akbar Hachémi-Rafsandjani et de M. Rohani et scandaient "Vive Rohani, Rafsandjani
et (l'ex-président réformateur Mohammad) Khatami" ainsi que "Bye Bye Ahmadinejad".
Les
principaux concurrents de M. Rohani, le maire conservateur de Téhéran Mohammad Bagher
Ghalibaf et le chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili, l'ont félicité pour son
élection, de même que la télévision officielle. Le président sortant Mahmoud Ahmadinejad
lui a aussi envoyé un message de félicitation. La réélection de M. Ahmadinejad en
2009 avait provoqué des manifestions de rues des partisans réformateurs qui dénonçaient
des fraudes massives.
Hassan Rohani, soutenu par les camps modéré et réformateur,
a obtenu 18,6 millions de voix (50,68%) au premier tour du scrutin disputé vendredi
face à cinq candidats conservateurs, a précisé Mostapha Mohammad Najjar le ministre,
citant des résultats définitifs. Il devance très largement M. Ghalibaf (6,07 millions
de voix) et M. Jalili (3,17 millions), qui était soutenu par l'aile dure du régime.
Le taux de participation est de 72,7%, a ajouté M. Najjar.
Cette victoire du
candidat soutenu par les courants modéré et réformateur ne marquera pas une rupture
dans la politique de la République islamique, les dossiers stratégiques comme le nucléaire
ou les relations internationales étant sous l'autorité directe du guide suprême Ali
Khamenei. A quels changements peut-on s’attendre ? Comment interpréter ces premiers
chiffres ? L’analyse de Yann Richard, professeur émérite d'études iraniennes à
l'université Paris-3. Des propos recueillis par Hélène Destombes