Au cours de la à la 23ème Session du Conseil des Droits de l’Homme le 7 juin dernier
à Genève, Mgr Silvano Tomasi, Nonce apostolique et Représentant permanent du Saint-Siège
auprès de l’Office des Nations Unies et autres Organisations Internationales à Genève
est intervenu pour parler de la paix qui est un droit pour tous et rend possible le
développement intégral de l’homme. Voici l’intégralité de l’intervention du Mgr
Silvano Tomasi : Monsieur le Président, Etant l’un des désirs le plus profonds
du cœur humain, la paix est un droit dont chaque personne devrait bénéficier et une
situation qui rend possible le développement humain intégral. La paix est la condition
qui fait que tous les autres droits soient possibles et la réalisation des droits
fondamentaux conduit à terme à une vraie paix basée sur la liberté, la justice et
la fraternité. La Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits
de l’homme et plusieurs autres instruments internationaux expriment dans une dialectique
vertueuse ce lien profond et nécessaire entre paix et droits de l’homme. Par conséquence,
la menace de guerre doit être éliminée et justement la Charte africaine des droits
de l’homme et des peuples déclare : « Les peuples ont droit à la paix et à la sécurité
tant sur le plan national que sur le plan international.» (n.23,1) Définir la paix
par l’absence de la guerre serait la réduire à une valeur négative. La paix se construit
au jour le jour dans la famille, à l’école et dans la société. Sans fondements économiques,
politiques, culturels et spirituels solides, la paix serait un mirage pour des esprits
naïfs. Ceux qui veulent la fonder exclusivement sur la force et l’équilibre des forces
se trompent. Ils n’ont qu’à lire l’histoire du XXe siècle et contempler la réalité
des récents conflits que ce même Conseil examine si souvent. La paix ne s’impose pas
par les quantités d’armes amassées ni par leur sophistication ou leur cruauté. Si
la paix était conditionnée par la force militaire, les différents peuples n’auraient
pas subi tant de guerres, de morts, de ruines et de haine destructrice. L’autre nom
de la paix est le développement. Elle est mieux servie par les écoles construites,
par les structures sanitaires mises en place, par les perspectives d’avenir ouvertes
aux jeunes générations. Monsieur le Président, Il est banal de dire que notre
monde est plus que jamais interdépendant. Mais cela renforce notre conviction que
la famille humaine est une et que tous les hommes et toutes les femmes partagent la
même dignité. La violence, l’injustice et la volonté de puissance à l’intérieur des
sociétés et entre les nations ne font que multiplier les risques de guerres et de
conflits. La paix et la sécurité des uns ne peuvent pas être assurées sans la paix
et la sécurité des autres. Notre monde ne manque pas de ressources mais souffre d’injustice.
Les clivages semblent de plus en plus profonds et la recherche de la paix de plus
en plus fuyante. Le contraire de la paix c’est plus que la guerre c’est la peur. En
ce sens, la peur devient le dénominateur commun entre riches et pauvres, entre pays
développés et pays en développement, entre puissances militaires et ceux qui sont
moins lotis. Monsieur le Président, La guerre est l’échec des humains et de
l’humain. La guerre est l’illusion qu’on puisse défendre ou construire une société
saine ou meilleure en infligeant aux autres des souffrances indescriptibles. En détruisant
l’autre, on détruit l’humain en soi. Personne ne sort indemne d’un conflit ou d’une
expérience de violence. La paix est moins spectaculaire, plus patiente, plus respectueuse
de l’altérité, plus modeste. Mais ces valeurs-là sont les seules capables de construire
des sociétés vraiment humaines. L’établissement d’un groupe de travail intergouvernemental
ouvert avec la tâche de mettre en route la codification officielle du droit humain
à la paix a été une décision sage qu’on espère portera ses fruits dans une déclaration
efficace et partagée par tous. Dans la construction ou le rétablissement de la
paix, des exemples historiques et contemporains nous enseignent que la non-violence,
comme doctrine et comme méthode, était et reste le chemin le plus approprié de la
médiation et de la réconciliation afin de renouer les liens humains, sociaux et politiques
au profit du bien commun et d’une paix durable.