Messe et procession du Corpus Domini : Solidarité est un mot mal vu par l'esprit mondain
Jeudi 30 mai dans l’après-midi, le Pape a célébré la messe de la solennité du Corpus
Domini devant la Basilique du Latran, avant de présider la traditionnelle procession
jusqu'à la Basilique Ste. Marie Majeure. Son homélie s'est articulée autour de la
multiplication des pains et des poissons. Donnez-leur vous-mêmes à manger, dit Jésus
à ceux qui l'accompagnent. Qui sont ceux à qui il fallait donner à manger?, s'est
demandé le Pape François. L'extrait évangélique de Luc parle d'une multitude: "Jésus
se tient au milieu d'elle, l’accueille, lui parle, s'en préoccupe, lui montre la miséricorde
de Dieu. Au milieu d'elle il choisit les Douze pour rester avec lui et se plonger
comme lui dans les problèmes concrets du monde. Et la foule le suit, l'écoute, parce
que Jésus parle et agit d'une façon nouvelle, avec l'autorité de celui qui est authentique
et cohérent, de celui qui parle et agit avec vérité, de celui qui donne l'espérance
qui vient de Dieu, de celui qui est révélation d'un Dieu qui est amour. Et la foule,
avec joie, bénit Dieu. Ce soir nous sommes la foule de l’Evangile, nous cherchons
nous aussi à suivre Jésus pour l'écouter, pour entrer en communion avec lui dans l’Eucharistie,
pour l'accompagner et pour qu'il nous accompagne. Demandons-nous comment nous suivons
Jésus. Jésus parle en silence dans le mystère de l’Eucharistie et nous rappelle chaque
fois que le suivre signifie sortir de soi-même et faisant de nos vies un don, pour
lui et pour les autres". Mais "d'où vient l’invitation que Jésus fait aux disciples
de nourrir eux-mêmes la multitude? Elle naît de deux éléments: d'abord de la foule
qui, en suivant Jésus, se trouve en rase campagne, loin des lieux habités, alors que
le soir tombe, et puis de la préoccupation des disciples qui demandent à Jésus de
renvoyer la foule pour qu'elle aille dans les pays voisins trouver de la nourriture
et un logement. Face aux nécessités de la foule, la solution des disciples est que
chacun pense à soi... Combien de fois nous chrétiens avons cette tentation! Nous ne
nous chargeons pas des besoins des autres, en les renvoyant avec un compatissant Que
Dieu t'aide... Mais la solution de Jésus va dans une autre direction, une direction
qui surprend les disciples. Donnez-leur vous-mêmes à manger". Devant leurs arguments,
"Jésus ne se décourage pas et demande aux disciples de faire asseoir la foule par
groupes de cinquante. Il lève alors les yeux au ciel, récite la bénédiction, rompt
les pains et les donne pour être distribués. C'est un moment de profonde communion.
La foule désaltérée par la parole du Seigneur, est désormais nourrie par son pain
de vie... Ce soir, nous aussi sommes à la table du Seigneur" qui "nous donne encore
une fois son corps... C'est en écoutant sa Parole, en nous nourrissant de son Corps
et de son Sang, qu'il nous fait passer de l'état de multitude à l'identité de communauté,
de l’anonymat à la communion. L’Eucharistie est le sacrement de la communion, qui
nous fait sortir de l’individualisme pour vivre ensemble dans l'amitié du Christ.
Alors, nous devrions tous nous demander devant le Seigneur comment nous vivons l’Eucharistie.
Est-ce que je la vis de façon anonyme ou comme moment de vraie communion avec le Seigneur,
mais aussi avec tant de frères et sœurs qui partagent ce repas?". Mais d'où vient
la multiplication des pains? s'est demandé le Pape. La réponse se trouve dans l'invitation
de Jésus à donner, à partager: "Que partagent les disciples? Le peu qu'ils ont, cinq
pains et deux poissons. Mais ce sont justement ces pains et ces poissons qui, dans
les mains du Seigneur, rassasient la foule. Et ce sont les disciples, perdus devant
l'inutilité de leurs moyens, de la pauvreté de ce qu'ils peuvent mettre à disposition,
qui expriment leur confiance en lui... Ceci nous dit que dans l’Eglise comme dans
la société, il y a un mot-clef dont on ne doit pas avoir peur est, la solidarité.
Ce mot signifie savoir mettre à disposition de Dieu ce que nous avons, nos humbles
capacités, car c'est seulement dans le partage, dans le don, que notre vie sera féconde,
portera du fruit. Solidarité est un mot mal vu par l'esprit mondain!". "Ce soir,
encore une fois, le Seigneur distribue pour nous le pain qui est son Corps. Il se
fait don et nous nous faisons l'expérience de la solidarité de Dieu..., une solidarité
qui ne finit pas de nous surprendre. Dieu se fait proche de nous, par le sacrifice
de la Croix il s'abaisse en entrant dans l'obscurité de la mort pour nous donner sa
vie, qui vainc le mal, l’égoïsme, la mort. Ce soir aussi Jésus se donne à nous dans
l'Eucharistie. Il partage notre chemin, ou plutôt se fait nourriture, la vraie nourriture
qui soutient notre vie, y compris dans les moments où la route se fait difficile,
et où les obstacles ralentissent nos pas. Et dans l'Eucharistie, le Seigneur nous
fait parcourir sa route, celle du service, du partage, du don, et ce peu que nous
avons, ce peu que nous sommes, s'il est partagé, devient richesse, car la puissance
de Dieu, qui est celle de l'amour, descend dans notre pauvreté pour la transformer...
Amitié, communion et partage! Prions pour que la participation à l’Eucharistie nous
incite toujours à suivre le Seigneur, à être jour après jour des instruments de communion,
à partager avec lui et avec notre prochain ce que nous sommes. Ainsi seulement notre
existence sera vraiment féconde". VIS/RV