Avec l’apparition de la guerre contre le terrorisme lancée au lendemain des attentats
du 11- Septembre, le grand public a fait connaissance avec les drones, ces appareils
volant de toutes tailles utilisés soit pour le renseignement, soit pour l’attaque
de cibles au sol.
Leur utilisation par les Etats-Unis pour éliminer des terroristes
suscite bien des réserves pour ne pas dire des critiques, de la part notamment des
Etats comme le Pakistan, théâtre de nombreuses attaques de drones, mais aussi de la
part d’organisations de défense des droits de l’Homme. Le débat est vif est le gouvernement
américain se retrouve en première ligne, surtout en ce qui concerne les assassinats
ciblés.
Les explications de Xavier Sartre :
« On
a des témoignages précis liés au fait que bon nombre de victimes sont des civils qui
n’ont rien à voir avec les combats en cours entre les Etats-Unis et Al Qaeda. C’est
très grave pour les civils qui sont rarement indemnisés » s’indigne Jean-Marie Fardeau,
directeur France de Human Rights Watch. Il craint en plus des « des conséquences en
termes de radicalisation de cette population qui estime qu’elle peut se venger des
Etats-Unis. »
Révision de la stratégie américaine Les
ONG demandent en particulier que la CIA ne soit plus habilitée à gérer ces appareils,
mais le Ministère de la Défense à sa place. En effet, « si c’était le Ministère de
la Défense qui était responsable il devrait davantage rendre des comptes, justifier
la manière dont les Etats-Unis respectent le droit international humanitaire en utilisant
ces drones ». Cela conduirait à plus de transparence et à plus d’enquêtes.
Les
Etats-Unis sont en train de créer un précédent « Pourquoi pas demain
des Russes qui justifieraient l’exécution d’un Tchéchène en Europe sous prétexte que
les Etats-Unis font la même chose au Pakistan et au Yémen ? » se demande Jean-Marie
Fardeau, qui appelle les Etats-Unis à plus de clarté dans leur doctrine et au respect
des normes internationales. Sans quoi, la dérive risque de se généraliser dans le
monde entier.
Et les ONG ont été semble-t-il entendues puisque le 23
mai Barack Obama a signé un nouveau mémorandum précisant et encadrant les frappes
de drones à l’étranger. Les personnes visées doivent représenter une menace imminente
contre les Etats-Unis et ne pas être capturables facilement. Malgré ces précisions,
une réflexion plus globale sur l’utilisation des drones par l’ensemble de la communauté
internationale apparait nécessaire.
Influence potentielle de l’Union
Européenne Nils Melzer, conseiller au centre de Genève pour la
politique de sécurité, insiste sur la « politique cohérente » que doit poursuivre
l’Europe si elle veut servir de « contrepoids à la politique américaine ». Aussi,
la tradition européenne en termes de « droits de l’homme, humanitaire, contrôle démocratique
des armées » doit être assumée.
Et l’Eglise a également son mot à dire. Les
évêques américains ont aussi envoyé une lettre à l’administration Obama pour demander
un meilleur encadrement de ces frappes de drones. Toutes ces pressions semblent
avoir payé mais nous n’en sommes qu’au début du développement des drones dans le champ
militaire.
Photo : une manifestation anti-drones, le 23 mai
dernier à Washington