L'Eglise et la franc-maçonnerie, deux rivales irréconciliables ?
La rivalité entre l’Eglise et la franc-maçonnerie refait la une de l’actualité. A
la demande du Vatican, l’évêque d’Annecy Yves Boivineau a démis de ses fonctions le
curé de la paroisse de Megève, en Haute-Savoie. L’Eglise reproche au prêtre, le père
Pascal Vesin, son appartenance à la franc-maçonnerie. Il aurait été initié en 2001
dans une loge du Grand-Orient de France. Or, pour Rome, une telle double appartenance,
quelle que soit l’obédience maçonnique choisie, est impossible.
Dans un communiqué,
le diocèse d’Annecy assure avoir été informé de la situation dès 2010 « par un courrier
anonyme ». Le père Vesin aurait alors nié. Mais, toujours selon les termes du communiqué,
il aurait été « confondu » en 2011. « Il lui a alors été demandé de quitter la franc-maçonnerie
pour se consacrer à son ministère de prêtre ». Une demande à laquelle le curé de Megève
a opposé sa « liberté absolue de conscience ». Dans son communiqué, le diocèse souligne
toutefois que « la peine dite « médicinale » peut être levée » si le père Vesin venait
à « manifester clairement sa décision de revenir vers l’Eglise ».
Ces derniers
temps, beaucoup de chrétiens font partie de loges maçonniques. La franc-maçonnerie
serait-elle vraiment l’ennemi principal de l’Eglise catholique ? La situation est
plus complexe selon Frédéric Lenoir, chercheur associé à l'École des hautes études
en sciences sociales et directeur de la rédaction du Monde des religions
Pour l’Eglise
catholique, il y a incompatibilité entre appartenance à l'Église et à la franc-maçonnerie.
Dans ses déclarations officielles, l’Eglise catholique juge que la franc-maçonnerie
est non seulement responsable d’exercer une activité subversive à son égard mais aussi
de propager des idées philosophiques et des conceptions morales opposées à sa doctrine.
Elle prône notamment le relativisme doctrinal et refuse toute idée de salut. Par ailleurs,
le secret maçonnique est quelque chose que l’Eglise ne peut accepter.
Incompatibilité
entre appartenance à une loge et exercice du sacerdoce
Dans un texte publié
en 1983, signé par le cardinal Joseph Ratzinger, la Congrégation pour la Doctrine
de la Foi affirme sans ambigüités qu’on ne peut être catholique et franc-maçon, que
pour un chrétien catholique, il n'est pas possible de vivre sa relation avec Dieu
selon une double modalité, ni d'exprimer son rapport au Créateur à travers des formes
symboliques de deux sortes. Aussi l'inscription aux associations maçonniques « demeure-t-elle
interdite par l'Église » et les fidèles qui s'y inscrivent « sont en état de péché
grave ».
Malgré la diversité qui peut subsister entre obédiences maçonniques,
en particulier quant à leur attitude déclarée à l'égard de l'Église, le Siège apostolique
trouve chez elles des principes communs qui demandent une même évaluation de la part
de toutes les autorités ecclésiastiques. En clair, le jugement négatif de l’Eglise
sur les associations maçonniques demeure inchangé parce que leurs principes ont toujours
été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise et l’inscription
à ces associations reste interdite par l’Eglise. Y a-t-il donc antinomie entre
maçonnerie et christianisme ? Pour l’essayiste Maurice Caillet, cela ne fait aucun
doute. Il a été initié à la franc-maçonnerie dans l'obédience maçonnique du Grand
Orient de France où il est resté durant quinze ans avant de se convertir au catholicisme
Photo
AFP : le père Vesin démis de ses fonction pour son appartenance à une obédience maçonnique