Le procès de l'ancien dictateur Rios Montt divise le Guatemala
L’ancien dictateur du Guatemala Rios Montt a été condamné le 11 mai dernier par la
justice de son pays à 80 ans de prison pour génocide et crimes de guerre, perpétrés
contre la minorité indigène pendant les 18 mois de sa présidence, entre 1982 et 1983.
Un jugement pourtant cassé seulement dix jours plus tard, le 21 mai, par la Cour Suprême
du Guatemala pour vice de procédure. Le procès sera prochainement renvoyé et les 200
témoins et experts appelés à la barre lors des dernières audiences seront reconvoqués.
Agé
aujourd'hui de 86 ans, Rios Montt est resté peu de temps à la tête du pays (seulement
un an et demi) mais sa lutte contre le communisme a conduit à des massacres de la
population indigène. 100 000 à 200 000 personnes ont disparues pendant cette période.
Un procès exceptionnel pour un ancien dictateur
En 1999 la prix
Nobel de la Paix Rigoberta Menchú avait déposé plainte contre Rios Montt, point de
départ de la procédure judiciaire actuelle. Aujourd'hui, après 14 ans de procès, l'annulation
par la Cour Suprême accentue la polarisation de la société guatémaltèque : la population
indigène (40 % du pays) avait l’impression d’avoir enfin été entendue par la justice,
tandis que la classe patronale a tout de suite dénoncé le verdict et demandé son annulation…
effective quelques jours plus tard.
Rigoberta Menchú avait déclaré à l'issue
du verdict initial - exceptionnel pour un ex-dictateur d'Amérique Latine encore vivant
- que cette décision pouvait rassembler et pacifier la société guatémaltèque, profondément
divisée politiquement et économiquement.
Kevin Parthenay est doctorant rattaché
au Centre d’Etudes et de recherche internationale de Sciences Po (CERI) et spécialiste
de l’Amérique Centrale. Il revient sur les réactions des Guatémaltèques après l’annulation
du verdict.