2013-05-19 19:25:05

L'Eglise catholique de Tanzanie se dit persécutée par un groupe de musulmans


L'Eglise catholique tanzanienne se dit persécutée par un groupe de musulmans et accuse le gouvernement d'inertie à l'encontre de ceux qui la menacent ou l'attaquent, dans une déclaration lue le dimanche de la Pentecôte aux fidèles durant la messe.

Ce texte de la conférence épiscopale fait suite à l'attentat qui a fait trois morts et une soixantaine de blessés le 5 mai parmi les fidèles à l'église Saint-Joseph-Le-Travailleur d'Olasiti, à Arusha (nord). Moins de cinq mois auparavant, le jour de Noël, un prêtre catholique avait été abattu devant son église dans l'archipel tanzanien de Zanzibar.

Les évêques tanzaniens doivent se réunir vendredi 31 mai pour discuter de l'escalade de ces attaques anti-chrétiennes.

Un conflit politique

Cet épisode, à Noël, semblent accréditer la thèse d’un conflit latent entre la population musulmane et les chrétiens. Mais ces tensions qui semblent interreligieuses cachent aussi un conflit qui est politique. Zanzibar, à majorité musulmane, réclame son indépendance depuis de nombreuses années sans parvenir à aucun accord avec Dar es Salam.

Ces violences sont pourtant surprenantes. Selon Nathalie Bernardie, professeur à l’Université de Limoges, spécialiste de Zanzibar, c’est un conflit politique qui oppose l’île au continent, et non un conflit religieux. Elle l’explique à Antonino Galofaro : RealAudioMP3

Conflit religieux

« Divers signes précurseurs avaient annoncé ces actes inhumains, sauvages, honteux et indignes de notre pays », affirment les prélats dimanche en évoquant des tracts, des articles de presse et des émissions de radio « menaçant l'Eglise et ses responsables ».

L'attentat du 5 mai « s'inscrit sans doute dans le cadre des maux planifiés par ceux qui ne veulent pas du bien à l'Eglise », estime la conférence. Selon elle, un groupe de musulmans, qu'elle n'identifie pas, avait déclaré au cours d'une réunion le 15 janvier 2011 à Dar-es-Salaam, la capitale économique du pays, que la Tanzanie était « dirigée de façon chrétienne ». Ce groupe avait même demandé « la fermeture de la représentation du Vatican » en Tanzanie, ajoute la déclaration épiscopale.

« Ce qui est très pénible pour nous, c'est que notre gouvernement n'a jamais condamné les revendications et les accusations de ces gens-là, pas plus qu'il ne les a arrêtés », poursuivent les évêques. « Tout ceci s'est fait en plein jour, parfois même en présence des instances de sécurité, comme la police », affirment-ils.

Les évêques appellent les forces de l'ordre à s'acquitter de leur mission: « que les instances de sécurité poussent plus loin » pour découvrir « ceux qui financent ce terrorisme et cette cruauté contre l'Eglise dans notre pays ». Ils condamnent « ce petit groupe qui abuse de la bannière musulmane pour semer les troubles et ternir l'image de musulmans de bonne volonté ».

A l'église Saint-Joseph-Le-Travailleur d'Olasiti, bondée dimanche, le message épiscopal a été lu par une fidèle. A la fin de la messe, des fonds ont été collectés en faveur des victimes de l'explosion du 5 mai, dont certaines sont encore hospitalisées. Avant de quitter l'église, plusieurs fidèles se sont signés en s'inclinant devant les tombes des trois victimes - une femme et deux enfants - inhumées sur le parvis.

Avec AFP

(Photo : des blessés soignés après l'attentat qui a fait trois morts et une soixantaine de blessés le 5 mai parmi les fidèles à l'église Saint-Joseph-Le-Travailleur d'Olasiti, à Arusha)







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