L'Eglise catholique de Tanzanie se dit persécutée par un groupe de musulmans
L'Eglise catholique tanzanienne se dit persécutée par un groupe de musulmans et accuse
le gouvernement d'inertie à l'encontre de ceux qui la menacent ou l'attaquent, dans
une déclaration lue le dimanche de la Pentecôte aux fidèles durant la messe.
Ce
texte de la conférence épiscopale fait suite à l'attentat qui a fait trois morts et
une soixantaine de blessés le 5 mai parmi les fidèles à l'église Saint-Joseph-Le-Travailleur
d'Olasiti, à Arusha (nord). Moins de cinq mois auparavant, le jour de Noël, un prêtre
catholique avait été abattu devant son église dans l'archipel tanzanien de Zanzibar.
Les
évêques tanzaniens doivent se réunir vendredi 31 mai pour discuter de l'escalade de
ces attaques anti-chrétiennes.
Un conflit politique
Cet épisode,
à Noël, semblent accréditer la thèse d’un conflit latent entre la population musulmane
et les chrétiens. Mais ces tensions qui semblent interreligieuses cachent aussi un
conflit qui est politique. Zanzibar, à majorité musulmane, réclame son indépendance
depuis de nombreuses années sans parvenir à aucun accord avec Dar es Salam.
Ces
violences sont pourtant surprenantes. Selon Nathalie Bernardie, professeur à l’Université
de Limoges, spécialiste de Zanzibar, c’est un conflit politique qui oppose l’île
au continent, et non un conflit religieux. Elle l’explique à Antonino Galofaro :
Conflit religieux
«
Divers signes précurseurs avaient annoncé ces actes inhumains, sauvages, honteux et
indignes de notre pays », affirment les prélats dimanche en évoquant des tracts, des
articles de presse et des émissions de radio « menaçant l'Eglise et ses responsables
».
L'attentat du 5 mai « s'inscrit sans doute dans le cadre des maux planifiés
par ceux qui ne veulent pas du bien à l'Eglise », estime la conférence. Selon elle,
un groupe de musulmans, qu'elle n'identifie pas, avait déclaré au cours d'une réunion
le 15 janvier 2011 à Dar-es-Salaam, la capitale économique du pays, que la Tanzanie
était « dirigée de façon chrétienne ». Ce groupe avait même demandé « la fermeture
de la représentation du Vatican » en Tanzanie, ajoute la déclaration épiscopale.
«
Ce qui est très pénible pour nous, c'est que notre gouvernement n'a jamais condamné
les revendications et les accusations de ces gens-là, pas plus qu'il ne les a arrêtés
», poursuivent les évêques. « Tout ceci s'est fait en plein jour, parfois même en
présence des instances de sécurité, comme la police », affirment-ils.
Les évêques
appellent les forces de l'ordre à s'acquitter de leur mission: « que les instances
de sécurité poussent plus loin » pour découvrir « ceux qui financent ce terrorisme
et cette cruauté contre l'Eglise dans notre pays ». Ils condamnent « ce petit groupe
qui abuse de la bannière musulmane pour semer les troubles et ternir l'image de musulmans
de bonne volonté ».
A l'église Saint-Joseph-Le-Travailleur d'Olasiti, bondée
dimanche, le message épiscopal a été lu par une fidèle. A la fin de la messe, des
fonds ont été collectés en faveur des victimes de l'explosion du 5 mai, dont certaines
sont encore hospitalisées. Avant de quitter l'église, plusieurs fidèles se sont signés
en s'inclinant devant les tombes des trois victimes - une femme et deux enfants -
inhumées sur le parvis.
Avec AFP
(Photo : des blessés soignés après
l'attentat qui a fait trois morts et une soixantaine de blessés le 5 mai parmi les
fidèles à l'église Saint-Joseph-Le-Travailleur d'Olasiti, à Arusha)