Au Nigeria, l'armée a lancé son attaque contre Boko Haram
L'armée nigériane a commencé jeudi 16 mai son assaut contre des camps du groupe islamiste
Boko Haram, avec l'objectif de reconquérir des zones tenues par les insurgés.
Mardi,
le président nigérian Goodluck Jonathan avait décrété l'état d'urgence dans trois
Etats du nord-est du pays (Borno, Yobe et Adamawa), en assurant que des "mesures extraordinaires"
étaient nécessaires pour répondre à la violence croissante. Le président a présenté
comme "une déclaration de guerre" les dernières violences revendiquées par le groupe
et il a pour la première fois reconnu que Boko Haram avait pris le contrôle de certaines
parties de l'Etat de Borno. Depuis 2009, Boko Haram mène une insurrection sanglante
dans le nord du Nigeria, qui a fait quelque 3 600 morts.
Le déploiement
de l'armée inquiète la population
L'armée nigériane a annoncé vendredi
avoir mené des frappes aériennes et des attaques terrestres. Selon des habitants,
elle a également déployé des soldats aux frontières avec le Cameroun pour empêcher
les islamistes de s'enfuir. Beaucoup de civils s'inquiètent, l'armée nigériane
ayant été accusée de violation des droits de l'homme dans sa répression de l'insurrection
islamiste, notamment le 16 avril dernier dans la ville Baga.
Selon Marc-Antoine
Pérouse de Montclos, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement,
l'attitude radicale du gouvernement nigérian pourrait en fait être une façon pour
le président Goodluck Jonathan de préparer le terrain en vue de la prochaine élection
présidentielle, en 2015.
Propos
recueillis par Jean-Baptiste Cocagne.
(Photo : des troupes de l'armée nigériane
patrouille dans les rues de Baga, dans l'Etat de Borno)