La Caritas est la caresse de l'Eglise à son peuple
"Une Eglise sans la charité n'existe pas". Des paroles que le Pape François a tenues
en recevant jeudi matin en audience le Comité exécutif de Caritas Internationalis,
réuni ces jours-ci à Rome pour son Assemblée annuelle sous la présidence du Cardinal
Oscar Rodriguez Maradiaga. Le Pape a tenu à mettre en évidence le travail mené par
l'organisme caritatif de l'Eglise, en particulier à un moment où, affirmait-il, la
crise met en péril l'homme, " chair du Christ ".
Le Pape a souligné que l'action
de la Caritas revêt "une double dimension": une dimension d'action sociale et une
dimension mystique, càd placée dans le coeur de l'Eglise". "La Caritas est la caresse
de l'Eglise à son peuple; la caresse de Mère l'Eglise à ses enfants; la tendresse,
la proximité. La recherche de la vérité et l'étude de la vérité catholique sont d'autres
dimensions importantes de l'Eglise, à charge des théologiens. Mais ensuite tout cela
se transforme en catéchèses, en exégèse. La Caritas c'est l'amour au sein de Mère
l'Eglise, qui se fait proche, caresse, aime".
Non à cette culture qui "jette
tout ce qui ne sert pas"
Après cette introduction, le Pape a procédé à
un échange sous forme de questions-réponses avec les représentants de Caritas Internationalis.
Il a été question notamment de la crise actuelle: "Il ne s'agit pas seulement d'une
crise économique, ni d'une crise culturelle, ni d'une crise de la foi. C'est une crise
dans laquelle l'homme est celui qui souffre des conséquences de cette instabilité.
Aujourd'hui l'homme est en danger, la personne humaine. La chair du Christ. Et le
travail de la Caritas, c'est de rendre compte de cela".
Le Pape s'est alors
ému "d'un déséquilibre au niveaux des investissements financiers, et qu'en parallèle
"aux grandes réunions internationales, on meurt de faim". Il dénonçait aussi une culture
consumériste, qui gaspille, mais aussi qui ne respecte pas les enfants, les personnes
âgées, les personnes marginalisées.
Il faut absolument et tout simplement
neutraliser le mal
A une seconde question concernant la sollicitude de
l'Eglise, le Pape a déclaré en prenant l'exemple des situations de guerre ou de caristie,
qu'il fallait parfois "tout simplement neutraliser le mal". "Si quelqu'un a faim,
ajoutait-il, il faut lui donner à manger", "s'il y a des blessés, il faut les soigner".
"Voilà la caresse de l'Eglise".
En troisième lieu, la promotion de l'Evangile.
Et le Pape de citer don Bosco, ce grand saint de la charité, avec son génie de la
formation des jeunes. "Un homme qui dans sa paroisse avait rencontré en un moment
de crise et de grande pauvreté de très nombreux jeunes qui vivaient dans la rue, affamés,
et poussés à la délinquance. Et voilà que refusant cette situation, il eut l'idée
de l'école des arts et métiers, et nous connaissons la suite. "
Enfin, le Pape
abordait l'angle de la spiritualité de la Caritas, "spiritualité de la tendresse alors
que l'Eglise l'a met souvent de côté". " "Parfois, notre sérieux, entre guillemets,
dans notre pastorale, nous amène à éliminer cet aspect de la maternité de l'Eglise.
L'Eglise est mère, fondamentalement une mère. Et cette caractéristique de la tendresse
est selon moi le noyau de la spiritualité de la Caritas: il faut que l'Eglise récupère
la tendresse. L'Eglise a toujours connu des dérives, est devenue sectaire, a connu
l'hérésie, lorsqu'elle est devenue trop sérieuse, càd lorsqu'elle a oublié la caresse
et la tendresse".
Préoccupation du Pape pour les personnes réfugiées et
exploitées
Pour conclure, le Pape a exprimé sa grande préoccupation pour
les réfugiés, parlant de véritable drame. "Il faut les accompagner" a exhorté le Pape,
rappelant les centaines de milliers de personnes déplacées et réfugiées à cause de
la guerre en Syrie. Il a évoqué le drame des personnes exploitées à qui "on enlève
le passeport et que l'on fait travailler comme des esclaves". Pour tous ces drames,
"il nous faut une grande présence de tendresse dans l'Eglise".
(Photo: Le Pape
et le Comité exécutif de Caritas Internationalis)