Dossier : début de règles pour le secteur textile au Bangladesh
Améliorer la sécurité des ateliers de confection et prévenir les incendies au Bangladesh
: voilà l’objectif d’un accord qui doit être signé par plusieurs grandes marques ou
groupes textiles avec des syndicats internationaux. Zara, H&M, Marks and Spencer ou
encore Benetton devaient dire oui au texte proposé par IndustriALL et UNI Global Union.
Les multinationales vont devoir payer une contribution pour mettre en place des contrôles
indépendants dans les usines et les ateliers textiles. Cet accord intervient trois
semaines après l’effondrement du Rana Plaza, un immeuble abritant plusieurs ateliers
et trois mille ouvriers à Dacca, la capitale du Bangladesh. Plus de mille personnes
avaient alors trouvé la mort.
Les entreprises du secteur qui produisent quasiment
toutes au Bangladesh, dont l’économie repose en grande partie sur le textile (80 %
des exportations), s’engagent ainsi juridiquement et s’exposent à des sanctions judiciaires
si elles ne respectent pas cet accord. Le directeur général du suédois H&M a même
réclamé d’aller plus loin et d’augmenter le salaire minimum dans le pays et de le
réviser tous les ans comme cela se fait dans d’autres pays. Le salaire minimum au
Bangladesh est bloqué sous les 40 dollars mensuels depuis 2010 malgré une inflation
de 8% par an.
Pression des consommateurs
De leur côté, les fabricants
textiles bangladais, qui sous-traitent les commandes des grands groupes occidentaux,
ont salué mercredi cet accord. Atiqul Islam, le président de l’Association bangladaise
des exportateurs et fabricants de textile qui représente 4500 usines, se félicite
de cette implication des grandes marques : « s’il se proposent pour aider à réparer,
moderniser ou consolider nos usines, c’est bien pour tout le monde. Cela reflète leur
engagement à long terme auprès du Bangladesh et le fait qu’ils sont nos partenaires.
»
Depuis plusieurs années, des groupes de pression de la société civile, poussent
les grands groupes internationaux du textile et les chaines de supermarchés à s’impliquer
davantage auprès de leurs sous-traitants et à exiger d'eux de meilleurs conditions
de travail pour les ouvriers fabriquant leurs produits. L’effondrement de l’immeuble
du Rana Plaza a jeté une lumière crue sur le quotidien des centaines de milliers de
Bangladais. Parmi ces organisations, Ethique sur l’étiquette. Créé en 1995, ce collectif
rassemble des associations de solidarité internationale, des syndicats, des mouvements
de consommateurs et des associations d’éducation populaire.
Le Bangladesh
se trouve ainsi en première ligne dans ce dossier social comme nous l’explique Nayla
Ajaltouni, coordinatrice du collectif Ethique sur l’Etiquette, un des groupes de pression
qui a permis cette signature
Cet
accord n’est cependant qu’un premier pas puisqu’il ne concerne que la sécurité des
bâtiments et les normes anti-incendie. Reste à traiter le volet social : salaire,
nombre d’heures travaillées, congés, représentation syndicale. Autant de thèmes essentiels
pour améliorer concrètement les conditions de travail de ces ouvriers textiles.
Propos
recueillis par Xavier Sartre
Photo : les grandes marques internationales
fabriquent la majorité de leurs produits dans les usines du Bangladesh et d'autres
pays asiatiques