Le gouvernement nigérian accusé par l'Eglise de laxisme
Au Nigéria, le parti au pouvoir ne déploie pas les moyens nécessaires pour lutter
contre Boko Haram parce qu’il a peur que cela lui fasse perdre des voix aux prochaines
élections générales de 2015. C’est l’accusation lancée lundi par l’évêque de Yola,
au cours d’une rencontre avec une délégation internationale de la Fondation AED, Aide
à l’Église en détresse, actuellement en visite au Nigéria. Mgr Stephen Dami Mamza
accuse le gouvernement de Goodluck Jonathan de ne pas en faire assez pour combattre
les « Talibans africains » et d’autres groupes de militants qui sont en train de plonger
le Nigéria dans le chaos le plus total.
« Il n’est pas dans l’impossibilité
ni dans l’incapacité de le faire – explique-t-il – il s’agit tout simplement d'un
calcul préélectoral. Le régime ne veut pas irriter les électeurs qui sympathisent
avec les extrémistes. Il est convaincu que les islamistes rafleront de nombreuses
voix dans les Etats du Nord ». L’évêque de Yola pense qu’il faudrait déclarer l’état
d’urgence dans le nord-est du pays et placer la région sous contrôle militaire. C’est,
selon lui, la seule solution pour empêcher les attentats.
3 600 morts depuis
2009
Son avis n’est pas partagé par les ONG, dont la Croix-rouge, qui accusent
régulièrement les militaires nigérians de commettre eux aussi des exactions. Selon
Human Rights Watch, les violences liées à cette insurrection et à sa répression par
l'armée ont fait 3 600 morts depuis 2009. La situation est particulièrement dramatique
dans les zones rurales qui échappent à tout contrôle. Boko Haram entend instaurer
un Etat islamique au Nigéria mais il est composé de plusieurs factions aux intérêts
divergents. Il multiplie les attaques et retient en otage des femmes et des enfants.
Par ailleurs, selon RFI, les combats entre l'armée et les hommes de la secte
Boko Haram provoquent d'importants mouvements de population dans le Nord du pays.
Ces derniers jours, plus de 1500 personnes, des Nigériens installés de longue date
au Nigeria, ont ainsi traversé la frontière pour rentrer dans leur pays. Ils ont rejoint
la zone du lac Tchad. Pour le responsable du bureau des affaires humanitaires de l'ONU
à Niamey, la situation est catastrophique et va sans doute s'aggraver car d'autres
réfugiés sont attendus.
(Photo: fin avril après un affrontement entre soldats
nigérians et rebelles Boko Haram, à Baga)