2013-05-14 14:46:39

Le gouvernement nigérian accusé par l'Eglise de laxisme


Au Nigéria, le parti au pouvoir ne déploie pas les moyens nécessaires pour lutter contre Boko Haram parce qu’il a peur que cela lui fasse perdre des voix aux prochaines élections générales de 2015. C’est l’accusation lancée lundi par l’évêque de Yola, au cours d’une rencontre avec une délégation internationale de la Fondation AED, Aide à l’Église en détresse, actuellement en visite au Nigéria. Mgr Stephen Dami Mamza accuse le gouvernement de Goodluck Jonathan de ne pas en faire assez pour combattre les « Talibans africains » et d’autres groupes de militants qui sont en train de plonger le Nigéria dans le chaos le plus total.

« Il n’est pas dans l’impossibilité ni dans l’incapacité de le faire – explique-t-il – il s’agit tout simplement d'un calcul préélectoral. Le régime ne veut pas irriter les électeurs qui sympathisent avec les extrémistes. Il est convaincu que les islamistes rafleront de nombreuses voix dans les Etats du Nord ». L’évêque de Yola pense qu’il faudrait déclarer l’état d’urgence dans le nord-est du pays et placer la région sous contrôle militaire. C’est, selon lui, la seule solution pour empêcher les attentats.

3 600 morts depuis 2009

Son avis n’est pas partagé par les ONG, dont la Croix-rouge, qui accusent régulièrement les militaires nigérians de commettre eux aussi des exactions. Selon Human Rights Watch, les violences liées à cette insurrection et à sa répression par l'armée ont fait 3 600 morts depuis 2009. La situation est particulièrement dramatique dans les zones rurales qui échappent à tout contrôle. Boko Haram entend instaurer un Etat islamique au Nigéria mais il est composé de plusieurs factions aux intérêts divergents. Il multiplie les attaques et retient en otage des femmes et des enfants.

Par ailleurs, selon RFI, les combats entre l'armée et les hommes de la secte Boko Haram provoquent d'importants mouvements de population dans le Nord du pays. Ces derniers jours, plus de 1500 personnes, des Nigériens installés de longue date au Nigeria, ont ainsi traversé la frontière pour rentrer dans leur pays. Ils ont rejoint la zone du lac Tchad. Pour le responsable du bureau des affaires humanitaires de l'ONU à Niamey, la situation est catastrophique et va sans doute s'aggraver car d'autres réfugiés sont attendus.

(Photo: fin avril après un affrontement entre soldats nigérians et rebelles Boko Haram, à Baga)







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