Le pape François présidera ce dimanche les premières canonisations de son pontificat.
Si l’attention se concentre principalement sur le cas des 800 martyrs chrétiens tués
par les soldats turcs au XV° siècle dans le sud de l’Italie, cette célébration revêt
aussi une importance particulière pour la Colombie et pour les indiens d’Amérique
latine. En même temps que les 800 habitants d’Otrante exécutés pour avoir refusé de
se convertir à l’islam, le Saint-Père canonisera en effet la première sainte colombienne
de l’histoire : Madre Laura, religieuse et éducatrice, avocate des peuples indigènes,
fondatrice d’une congrégation Missionnaire, morte en 1949.
Le président colombien
Juan Manuel Santos Calderon a d’ailleurs choisi de faire le déplacement jusqu’à Rome
avec une suite composée de 20 personnes. C’est un parcours extraordinaire qui sera
élevé à la gloire des autels. Un modèle pour l’engagement social et religieux des
femmes. Institutrice à la campagne puis religieuse au Carmel de Medellin, à la fin
du 19° siècle, Madre Laura est indignée par les injustices subies par les indiens
autochtones, dénigrés par la société colombienne.
Le rôle incontournable
des femmes dans l'apostolat missionnaire
Cette carmélite est habituée à
une vie sédentaire et contemplative ; elle va pourtant passer à l’action avec courage.
Elle qui n’avait jamais escaladé les montagnes, ni dévalé des pentes raides va avoir
l’audace de pénétrer dans la forêt colombienne et d’affronter toutes sortes de dangers
pour aller à la rencontre des tribus autochtones. Bousculant les schémas sociaux et
ecclésiaux de l’époque, elle prêche l’Evangile avec simplicité et annonce aux indiens
le message de la Rédemption.
Il faudra apprendre leur langue, leurs coutumes,
entrer dans leurs communautés comme le fils de Dieu qui s’est fait homme. En 1914,
à l’âge de 40 ans, elle fonde une congrégation pour permettre à d’autres femmes de
suivre son exemple et d’appliquer de nouveaux modèles d’évangélisation. Car Madre
Laura croyait fermement que les femmes doivent occuper une place de choix dans l’apostolat
missionnaire.
Sans renoncer à leur nature propre, elles sont plus efficaces
quand il s’agit d’approcher les faibles, les pauvres, ceux qui sont opprimés, quand
il s’agit de respecter et de valoriser les cultures locales. Les femmes – disait-elle
- sont le visage maternel de Dieu auprès des laissés-pour compte. Grace à son œuvre
d’évangélisation, des églises ont été construites, des catéchistes indiens ont été
formés, des ministres de la parole, des professionnels de la santé, des instituteurs
des laïcs engagés ainsi que quelques prêtres et religieuses autochtones.
(Photo:
dans le village de Jerico, un artiste reproduit le portrait de Madre Laura)