2013-05-09 12:02:07

Il y a 35 ans, les Brigades Rouges assassinaient Aldo Moro


L’affaire Moro. C’est l’un des « mystères d’Italie » les plus célèbres. Ces pages obscures et de l’Histoire de la péninsule toujours pas éclaircies et où les questions sont plus nombreuses que les réponses. 9 mai 1978, via Caetani dans le cœur de Rome à mi-chemin des sièges de la DC et du PCI est retrouvé dans le coffre d’une voiture le corps sans vie d’Aldo Moro. Le leader de la Démocratie Chrétienne avait été enlevé 55 jours auparavant par les Brigades Rouges. « Espérons que les Brigades rouges auront, par la froideur inhumaine avec laquelle elles commettent leurs crimes, dévoilé leur vraie nature aux quelques individus qui avaient vu en elles des compagnons de route » , écrivit alors Primo Levi dans « La Stampa »

Un enlèvement violent qui bouleverse l’Italie

16 mars 1978, rue Stresa en plein Rome, un groupe de membres de Brigades Rouges tend un guet-apens à Aldo Moro en route pour la chambre des députés. Les parlementaires doivent discuter du vote de confiance au gouvernement du démocrate-chrétien Giulio Andreotti qui doit obtenir la neutralité du Parti Communiste. Un « compromis historique » honni par les franges les plus extrémistes de l’extrême gauche. Le groupe de terroristes abat froidement les cinq gardes du corps, les agents de police Raffaele Iozzino (1953-1978) et Giulio Rivera (1954-1978), le brigadier de police Francesco Zizzi (1948-1978), l’appointé des carabiniers Domenico Ricci (1934-1978) et le maréchal des carabiniers Oreste Leonardi (1926-1978). Aldo Moro, figure de premier plan de la vie politique italienne, plusieurs fois président du Conseil est enlevé. C’est le début d’une détention qui durera près de deux mois dans un appartement romain.

L’Italie retient son souffle

Les Brigades rouges proposent d’épargner leur prisonnier en échange de la libération de plusieurs de leurs compagnons emprisonnés. Aldo Moro écrit dans le même temps une centaine de lettres à ses proches, aux principaux dirigeants de la DC ainsi qu’au Pape Paul VI dont il était l’ami. Des missives prônant l’ouverture et le dialogue. Elles se heurtent à l’intransigeance des terroristes et à l’exigence de libération sans condition de la part du gouvernement. Les négociations échouent. Son destin est scellé. Au cours d’un « procès populaire » instruit par ses geôliers, il est condamné à mort. La découverte de son cadavre bouleverse le pays. Les premières arrestations parmi les brigadistes responsables interviennent dès le mois d’octobre 1978. Mario Moretti, reconnu comme le principal organisateur, ne sera arrêté qu'en 1981. Les causes et les conditions de sa capture, de sa détention et de son assassinat n’ont pas été complètement éclaircies à ce jour malgré les nombreux procès et les multiples enquêtes. Implication de la mafia, influence des services secrets américains ou de la Stasi Est-Allemande, les hypothèses les plus variées ont été évoquées et jamais démenties.

Les funérailles célébrées par Paul VI

C’est Paul VI qui préside le rite funèbre d’Aldo Moro dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, le 13 mai 1978. Le Pape visiblement affecté et éprouvé par la perte d’un ami prononce alors une prière qui restera célébre.
« Seigneur, écoute-nous!
Et qui peut écouter notre plainte, sinon encore Toi ô Dieu de la vie et de la mort? Tu n'as pas exaucé notre supplication pour garder de la mort Aldo Moro, cet Homme bon, doux, sage, innocent et ami. Mais Toi ô Seigneur, tu n'as pas abandonné son esprit immortel, empreint de la Foi au Christ, qui est la résurrection et la vie. Pour lui, pour lui.
Seigneur écoute-nous!
Fais ô Dieu, Pire de miséricorde, que ne soit pas interrompue la communion qui, même dans les ténèbres de la mort subsiste entre les Défunts et nous. Nous qui sommes encore vivants en cette journée d'un inexorable soleil couchant. La destinée de notre être de rachetés n'est pas vaine: notre chair ressuscitera, notre vie sera éternelle! Oh! que notre foi égale dès maintenant cette réalité promise. Nous les reverrons, heureux dans le Dieu infini, Aldo Moro et tous les vivants dans le Christ!
Seigneur, écoute-nous!
Et en attendant, ô Seigneur, fais que, apaisé par la vertu de ta Croix, notre cœur sache pardonner l'outrage injuste et mortel infligé à cet Homme si cher et à ceux qui ont subi le même sort cruel. Fais que nous recueillions tous, dans le pur linceul de son noble souvenir, l'héritage qui demeure de sa conscience droite, de son exemple humain et cordial, de son don à la rédemption civile et spirituelle de la chère Nation italienne. »

(Photo : Messe de funérailles d'Aldo Moro célébrée par le Pape Paul VI)







All the contents on this site are copyrighted ©.