Cameroun: Les femmes commerçantes de rue font le point à Douala
Une assemblée de femmes commerçantes vient de se tenir dans l’archidiocèse. La centaine
de participantes provient de la Grameen Banque, une institution de micro-crédit gérée
par le Centre de promotion des valeurs africaines et la Coopération de l’habitat social
de l’archidiocèse de Douala. La rencontre s’est tenue à la Paroisse Notre-Dame des
7 Douleurs. Se tenant dans le contexte mondial de célébration de la 28è Journée
internationale de la femme qui, le 8 mars dernier avait choisi pour thème : « élimination
et prévention de toute forme de violence à l’égard des femmes et des jeunes filles»,
la rencontre de Douala ne pouvait pas ne pas aborder la question angoissante de la
violence faite aux femmes. Plusieurs intervenantes se sont plaintes des violences
et harcèlements dont les actrices du commerce informel sont constamment les victimes
de la part des agents de la Communauté urbaine de Douala. Les femmes sont des
actrices de premier plan du développement ; elles animent les 80 % de l’économie des
pays qui repose souvent sur l’informel. Les femmes du petit commerce de Douala sont
des veuves pour la plupart ; elles se battent pour payer la scolarité des enfants,
pourvoir à leurs besoins essentiels, assurer les soins de santé. Dans le quartier
New Bell de Douala ont été prises en charge par la Grameen Banque qui leur assure
un petit crédit de roulement pour leurs activités génératrices de revenu. La rencontre
de Douala a mis en lumière le fait que lorsque la question du financement est tranchée,
les femmes ne sont pas en condition d’exercer leur petit commerce. Tout en reconnaissant
la nécessité et le devoir qui incombe à la force publique de garantir l’ordre et la
sécurité sur les voies publiques, les femmes commerçantes de Douala estiment que les
agents municipaux exercent leurs prérogatives dans la brutalité et le non-respect
des droits les plus élémentaires. Les descentes se traduisent par la confiscation
des marchandises des commerçantes ; marchandises qui sont confisquées sans délivrance
d’aucun reçu, d’aucune convocation vers une structure reconnue où elles peuvent êtres
récupérées moyennant payement d’amende. Ainsi, cacahuètes, bon, biscuits ou autres
savons sont emportés sans aucune chance de les reprendre. Pour les femmes du périmètre
urbain, ces actes qui constituent de véritables abus de fonction s’assimilent à un
vol en bande. Elles ont décidées de saisir les autorités compétentes pour des règles
qui soient reconnues et appliquées par tous. Car elles seules peuvent aider à tracer
la ligne des interdits et du permis. L’inquiétude est d’autant plus grande que
pour le cas des femmes vendeuses ambulantes d’arachide, les vendeuses de maïs, de
poisson braisé ou les détentrices de cabines téléphones, cette inquiétude se double
des exactions des bandes criminelles qui leur imposent le payement préalable d’un
prétendu « droit de terre » pour leur permettre d’exercer en toute quiétude. Dans
la plupart des cas la police, prompte à réprimer tout exercice anarchique sur la voie
publie, reste muette devant la criminalité des jeunes voyous dans le quartier de New
Bell. Plusieurs recommandations ont été faites au cours de cette assemblée. Dont
celle de demander aux pouvoirs publics d’assurer un meilleur éclairage des artères
urbaines pour que les voyous sont moins audacieux dans leurs actes délictueux. Les
échanges se sont achevés par des remerciements au Curé de la paroisse Notre Dame
des Sept Douleurs, le Père Florindo D’Emido pour sa sollicitude constante ; à la Caritas
Italienne et à l’association CASA Aperta de Modena pour tout ce que cette association
italienne fait pour les femmes, en particulier pour la scolarisation de leurs enfants.
L’Effort camerounais du 24 avril – 07 Mai 2013/AMI