Benoît XVI est rentré au Vatican, accueilli par le Pape François
Benoît XVI, pape émérite depuis sa renonciation au trône de pierre le 28 février dernier,
est rentré au Vatican ce jeudi après-midi. Benoît XVI a quitté en hélicoptère le palais
apostolique de Castel Gandolfo où il réside depuis fin février vers 16h30. Il rejoint
à présent le monastère Mater Ecclesiae qui a été rénové et adapté pour le recevoir.
Le couvent se situe dans les jardins de la Cité du Vatican. Pour la première fois
dans l'histoire, deux Papes résideront donc à l'intérieur du Vatican.
Le Pape
François a accueilli personnellement Benoît XVI à l'entrée du monastère, alors qu'à
l'héliport, le Pape émérite était attendu par le doyen du Sacré collège, le Cardinal
Sodano, le cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, par le Substitut de la Secrétairerie
d'Etat Mgr Becciu, par le secrétaire pour les relations avec les Etats Mgr Mamberti,
par le président du Gouvernorat de la Cité du Vatican le cardinal Bertello et le secrétaire
Mgr Sciacca. Benoît XVI a été accueilli avec "une grande et fraternelle cordialité"
par le pape François, a indiqué le Vatican dans un communiqué. Les deux hommes ont
ensuite brièvement prié ensemble dans la chapelle du monastère.
Benoît XVI
vivra au premier étage du monastère
Le petit monastère de quatre étages
(dont un au sous-sol) a été aménagé ces derniers mois en conséquence. Il est doté
d'un ascenseur, ce qui permettra à Benoît XVI, qui vivra au premier étage, de pouvoir
se déplacer sans problèmes. La résidence bénéficie d'une chambre d'amis qui sera toujours
disponible pour le frère du Pape, Mgr Georg Ratzinger. Les autres personnes qui logeront
au Mater Ecclesiae: Mgr Georg Gaenswein, son secrétaire et actuellement préfet de
la Maison Pontificale, et les quatre "memores domini", laïques consacrées, qui s'occupent
des tâches quotidiennes. La secrétaire, Birgit Wansing, ne logera pas au monastère.
Et puis, le diacre belge qui est resté aux côtés de Joseph Ratzinger durant les deux
mois de permanence à Castel Gandolfo, étant donné que Mgr Gaenswein était très occupé
au Vatican, prendra congé ce jeudi.
Sur ce retour de Benoît XVI, Romilda
Ferrauto Le 28 février, à 20h, une foule en pleurs avait vu se refermer les portes
de la résidence pontificale de Castelgandolfo. Les dernières paroles de Benoît XVI
avaient suscité une vive émotion: « Je ne suis plus qu’un simple un pèlerin
qui entame la dernière étape de son pèlerinage sur cette terre. Mais je voudrais encore,
avec tout mon cœur, avec tout mon amour, avec ma prière, avec ma réflexion, avec toutes
mes forces intérieures, travailler pour le bien commun et le bien de l’Eglise, de
l’humanité ».
L’Eglise catholique était sous le choc de la renonciation
historique de Benoît XVI, désorientée, inquiète quant à l’avenir. Certains voyaient
d’un mauvais œil la future cohabitation inédite entre deux papes et redoutaient une
déstabilisation de la communauté ecclésiale. Deux mois plus tard, Joseph Ratzinger
revient au Vatican dans un contexte qui a profondément changé. Le nouveau pape venu
des Amériques, dont l’élection a suscité un engouement planétaire, a eu le temps de
s’installer et a su s’attacher l’adhésion des fidèles et même des médias par son style
direct, ses gestes chaleureux, son amour de la simplicité. Le gouvernail de la barque
de Pierre est donc passé dans d’autres mains. Quant à Benoît XVI, il avait déjà assuré
son successeur de sa déférence et de son obéissance inconditionnelles. « Je reste
d'une façon nouvelle près du Seigneur crucifié » – avait-il affirmé quelques heures
avant de quitter sa charge.
Comment oublier sa dernière audience générale
le 27 février : « Ces derniers mois, j’ai senti que mes forces avaient diminué
et j’ai demandé à Dieu de m’éclairer pour prendre la juste décision pour le bien de
l’Église. Je continuerai à accompagner le chemin de l’Église par la prière et la réflexion
».
Fatigué et affaibli par l’âge, Benoît XVI a mené depuis sa renonciation
une vie extrêmement discrète. Intellectuel timide et raffiné, victime pendant son
pontificat mouvementé de préjugés et de critiques impitoyables, Joseph Ratzinger ne
saurait faire ombrage à son successeur qui a su ravir les foules en si peu de temps
et moins encore interférer dans le gouvernement de l’Eglise. Et si, à la faveur d’un
soudain retournement médiatique, l’opinion publique a tendance à tort à opposer les
deux papes, François a, au contraire, multiplié les gestes d'amitiés envers son prédécesseur.
Loin d’entraver le nouveau pontificat, cette proximité pourrait au contraire
permettre aux deux papes de maintenir des liens fréquents et fructueux. D’autant que
contrairement aux apparences, l'Eglise catholique n'a pas changé de cap ni de valeurs.
La succession apostolique fait partie de l’histoire et elle se poursuivra d’une manière
nouvelle.