Enrico Letta : la deuxième tentative de donner un gouvernement à l'Italie
Le président italien Giorgio Napolitano a choisi mercredi Enrico Letta pour former
un nouveau gouvernement. Agé de 46 ans, secrétaire adjoint du Parti démocrate (PD),
il devra tenter de mettre fin à deux mois de crise politique. Il a annoncé qu'il entamera
jeudi les discussions pour former son gouvernement. Les explications d'Antonino Galofaro
:
La situation
étant bloquée depuis que les Italiens sont passés aux urnes, les 24 et 25 février
dernier, la tâche qui attend le futur exécutif est difficile. Sa priorité, c’est «
répondre aux Italiens ». L'urgence, Enrico Letta l’a présentée juste après avoir été
investi par Giorgio Napolitano : répondre surtout à la partie de l’Italie qui souffre,
à celle qui n’a pas de travail. Pour cela, il veut rendre à la politique italienne
sa crédibilité.
Comment faire ? Avec une politique qu’il définit « différente
». Enrico Letta a commencé mercredi à en dessiner les contours. Rien de bien nouveau
: il veut changer la loi électorale. Le système, différent dans les deux chambres,
étant à l’origine du blocage politique. Si les Italiens votent à nouveau, le résultat
serait aujourd’hui le même, d'après l'ancien numéro 2 du PD. Mais Enrico Letta va
un peu plus loin : il veut changer le système bicaméral parfait, spécifiquement italien.
Il veut réduire le nombre de parlementaires. Et comme sa voisine française, il veut
aussi moraliser la vie publique.
Mais pour cela, il faut donc un nouveau gouvernement.
Un gouvernement depuis trop longtemps attendu rappelle Giorgio Napolitano : soixante
jours déjà que les Italiens ont voté. Et pour le nouveau président de la République,
il n’y a qu’une seule voie possible : une large convergence entre toutes les forces
politiques. Une convergence qui peut ainsi assurer au futur gouvernement la majorité
dans les deux chambres.
Un gouvernement qu’Enrico Letta a déjà nommmé : un
« gouvernement au service du pays ». Mais un gouvernement qui « ne naîtra pas à tout
prix » a prévenu le nouveau président du Conseil.
Le gagnant, Silvio Berlusconi
?
Nombreux sont les éditorialistes italiens à désigner Silvio Berlusconi
comme le réel grand vainqueur de ce mélodrame politique. « Berlusconi ne réussit pas
à cacher sa joie », observe Stefano Folli, éditorialiste du quotidien économique Il
Sole 24 Ore. Cette crise politique, qui a traîné en longueur, a de fait offert
au Cavaliere « un chèque en blanc », renchérit Claudio Tito, du quotidien de gauche
La Repubblica.
Rappelons que le Peuple de la Liberté de Silvio Berlusconi
est arrivé deuxième aux dernières législatives de février dernier, derrière le parti
démocrate. Dans sa tentative de former un gouvernement, le leader de la gauche, Pier
Luigi Bersani avait ensuite exclu toute alliance avec la coalition de droite.
Les
positions ont changé : dans cette crise politique, l’avantage a-t-il tourné en faveur
de Silvio Berlusconi ? C’est n’est pas tout à fait l’avis de Lucio Caracciolo,
journaliste, professeur et éditeur de la revue Limes, revue italienne de géopolitique,
interrogé par Thomas Chabolle. Pour lui, la crise est bien plus profonde, le système
politique italien ayant « éclaté » :
Enrico Letta,
proche de Silvio Berlusconi
Giorgio Napolitano a joué avec Enrico Letta
la carte jeune. Ce dernier, 46 ans, est né à Pise, en Toscane, le 20 août 1966. Il
est diplômé en sciences politiques et en droit international de l’université de sa
ville natale.
Président des jeunes démocrates-chrétiens de 1991 à 1995, il
est nommé ministre des Affaires européennes en 1998 par l'ancien chef du gouvernement
Massimo d'Alema, qui le désignera, une année plus tard, ministre de l'Industrie.
En
2004, il est député au Parlement européen sous l'étiquette de l'Olivier (centre gauche),
puis nommé en 2006 secrétaire du Conseil des ministres par l'ancien président du Conseil,
Romano Prodi.
Ironie du sort, il remplace alors à ce poste son oncle, Gianni
Letta, homme de confiance et conseiller de... Silvio Berlusconi, qui vient alors d'être
chassé du pouvoir.
Thomas Chabolle, Antonino Galofaro, avec AFP
(Photo
: Enrico Letta, numéro 2 du parti démocrate, chargé mercredi par le président de la
République italienne réélu Giorgio Napolitano de former un gouvernement)