2013-04-15 18:31:15

Le Pape à l'écoute des chrétiens de Terre sainte


La Terre Sainte se vide toujours plus de ses chrétiens : c’est ce qui ressort d’une étude menée par Professeur Hanna Issa, chrétien palestinien, enseignant de Droit international et secrétaire général du Comité islamo-chrétien pour la sauvegarde de Jérusalem et des Lieux Saints.

En quête de travail, de meilleures conditions de vie, ou manquant totalement de perspectives, les jeunes chrétiens fuient Jérusalem, Gaza ou la Cisjordanie et l’occupation militaire israélienne quotidienne, laquelle, selon Sa Béatitude Mgr Fouad Twal patriarche latin de Jérusalem, constitue le principal obstacle à une paix viable et pérenne entre Israéliens et Palestiniens.

A la tête d’une délégation du patriarcat latin de Jérusalem, il était reçu lundi matin par le pape François. Manuella Affejee a pu le rencontrer à l’issue de cette audience : RealAudioMP3



Retranscription de notre entretien avec Sa Béatitude Mgr Fouad Twal :


Quelle impression avez-vous eu du Pape François ?
La première qualité que j’ai trouvée en lui est qu’il a le don de l’écoute. Il écoute, c’est beaucoup. J’ai trouvé un être humain. II est humain. c’est le mot le plus juste, avec des dons d’écoute qui vous mettent à l’aise. Il ne prétend pas tout savoir et cela vous met à l’aise quand vous parlez avec lui. Il m’a demandé si nous pouvions parler en espagnol et nous avons parlé en espagnol !
Et puis cela va de soi, j’ai parlé de la situation générale en Terre sainte et au Moyen-Orient. Le Saint-Siège a toujours eu une ligne directrice de la politique du Moyen-Orient, une ligne fidèle (…)
Il m’a interrogé sur nos chrétiens. Je lui ai dit que tout le monde l’invitait ici en Terre sainte, qu’il était chez lui en Terre sainte. Je l’ai remercié, ainsi que ses prédécesseurs, qui ont toujours parlé en public en demandant aux chrétiens de ne pas oublier la Terre sainte et les chrétiens de Terre Sainte, et de prier pour la paix en Syrie et en Palestine.
Je lui fait part de bonnes nouvelles. Nous avons un séminaire plein, grâce à Dieu, et la majorité de nos séminaristes viennent de Jordanie, qui est désormais le poumon du patriarcat. Notre juridiction couvre Chypre, Israël, Palestine et la Jordanie mais le cœur battant du patriarcat, c’est la Jordanie, avec tant de familleset des écoles. 80% de nos séminaristes viennent de la Jordanie. Cette année, nous aurons quatre séminaristes ordonnés. C’est la saison des bonnes nouvelles.

Vous avez aussi évoqué les réfugiés syriens ?

Je lui ai parlé de la situation en général. Une de mes peines à Jérusalem est que plus personne ne parle de nous, de l’occupation et de notre situation. Toute l’attention mondiale va à la Syrie. De la Syrie, nous avons en Jordanie presque 700 000 (réfugiés nldr), sans parler des autres. Le patriarcat a ouvert trois quatre paroisses avec trois quatre écoles pour accueillir les réfugiés et les enfants. (…)
Nous collaborons très bien avec le gouvernement jordanien et notre Caritas en Jordanie, lorsque la Jordanie n’a pas toutes les infrastructures nécessaires pour recevoir tant de gens.
Un de nos problèmes est d’assurer l’eau, l’eau à boire, et les réfugiés syriens ont besoin chaque jour de trois millions de litres d’eau. C’est déjà un problème et donc c’est un appel à la communauté internationale pour collaborer avec la Jordanie et avec notre Caritas de Jordanie, qui font un beau témoignage d’Eglise, de charité et de solidarité.

Il y a une étude qui est parue la semaine dernière qui disait que le nombre de chrétiens en Terre sainte, notamment dans les territoires occupés et à Jérusalem avait diminué de moitié depuis treize ans. Il y a une véritable hémorragie des chrétiens. Comment expliquer cela, quel est l’appel que vous lancez ? Et comment arrêter cette hémorragie ?

Le mot-clé est la Paix. Paix, paix, paix. Nous avons besoin de « pace », de paix. Nous aurons plus de confiance, plus de travail, de liberté de mouvement, plus de liberté d’accès aux lieux saints. C’est la paix qui nous manque.
Tant qu’il y a une chose qui s’appelle occupation militaire israélienne, cette occupation militaire fait mal à Israël pour son image d’Etat démocratique tout comme cela fait mal aux gens qui sont sous l’occupation et qui souffrent d’humiliation. Nous avons besoin de paix. Nous n’avons pas besoin de gérer l’occupation. Nous avons besoin de finir l’occupation.


Photo: le pape François et le patriarche latin de Jérusalem, Sa Béatitude Mgr Fouad Twal au sein du palais apostolique ce lundi 15 avril.








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