L’austérité en Europe précarise les plus pauvres. D’après l’association Médecins du
monde, en raison des coupes dans les budgets sociaux, « les plus pauvres voient les
filets sociaux de sécurité qui leur apportaient une aide minimale se réduire, voire
disparaître ».
Le cas le plus éloquent est celui de la Grèce : il y a trois
ans, seuls 8% des patients de Médecins du Monde étaient Grecs. Aujourd’hui, c’est
un patient sur deux. Et la pauvreté n’épargne désormais plus personne dans la société,
avec des conséquences souvent très violentes, comme l’explique Frank Vanbiervliet,
directeur de projet au sein de Médecins du Monde, à Antonino Galofaro :
« Les retraités
ont vu leurs pensions diminuer, explique Frank Vanbiervliet. Elles ont normalement
accès aux soins à travers le système de santé public, mais elles n’obtiennent désormais
plus de médicaments ou de traitements essentiels. »
Les jeunes parents grecs
sont également concernés : l’accès à la vaccination étant payant en Grèce, « certains
parents n’ont donc simplement pas les moyens » de payer, raconte le directeur de projet
de Médecins du monde. « Ils doivent choisir entre faire vacciner leur enfants et s’alimenter.
»
L'extrême droite profite de la pauvreté
La pauvreté, une situation
qui peut mener à des drames, selon l’association. « La population est à la recherche
d’un bouc-émissaire, poursuit Frank Vanbiervliet. Certains politiciens d’extrême droite
profitent de la situation pour pointer du doigt les migrants, ce qui mène à une violence
jamais vue auparavant, de la part de patrouilles d’Aube dorée », le parti politique
grec d’extrême droite.
« Nos équipes ont été confrontées à un jeune garçon
qui avait un suastica [une croix gammée] gravée sur son dos. Il était gravement blessé.
Ce qui se passe aujourd’hui en Grèce est extrêmement inquiétant », conclut Frank Vanbiervliet.
Phénomène
européen
Selon les données recueillies par Médecins du Monde auprès de
8'412 patients examinés en 2012 dans 14 villes européenes, 20% d'entre eux avaient
été privés d'accès aux services de santé au cours des 12 derniers mois. En Espagne,
ce taux grimpe à 62%.
Plus de la moitié des personnes examinées dans des dispensaires
de l'association à Bruxelles, Nice, Munich, Amsterdam, Athène, Londres et Alicante
ne recevaient pas les traitements exigés par leur état de santé, 59% des femmes enceintes
ne bénéficiaient pas de suivi prénatal et au moins 10% des enfants n'étaient pas vaccinés.
Une des tendances observées est aussi « l'augmentation des patiens européens
pauvres dans les consultations », a noté Nathalie Simonnot, de la direction du réseau
international de Médecins du Monde, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
Avec
AFP
(Photo : repas offerts par la Municipalité d'Athènes le 1er janvier
2013)