Rapport entre foi et science, l'université acteur déterminant
Quel rôle l'université peut-elle jouer dans la définition du rapport entre foi et
science ? C’est le sujet sur lequel se sont penchés les évêques et les responsables
des Conférences épiscopales d'Europe réunis à Paris du 4 au 7 avril. La rencontre
sur le thème « la science comme chemin vers Dieu » était organisée par le Conseil
des Conférences Episcopales d'Europe (CCEE) et soutenue par le Service National pour
l'Evangélisation des Jeunes et pour les Vocations de la Conférence épiscopale française.
Elle a rassemblé 40 participants : évêques, aumôniers, responsables nationaux
pour la pastorale universitaire et délégués d’associations et de mouvements ecclésiaux
représentant 22 pays, soutenus par les apports d'un certain nombre d'experts et guidés
par Mons. Marek Jedraszewski, Président de la Commission CCEE « Catéchèse, Ecole et
Université ».
Rapport entre foi et science, les étudiants en quête de réponse
Dans
un communiqué final les participants ont mis en évidence l’importance des témoignages
échangés. Ils ont permis d’identifier la richesse des activités et des projets mis
sur pied par les différentes conférences épiscopales pour faire face aux défis de
la pastorale universitaire et pour répondre, par une contribution essentielle et originale,
au projet de la nouvelle évangélisation. La science est une voie que l'homme peut
parcourir pour rencontrer Dieu et la foi ne dépend pas d'une équation, d'un algorithme
ou de formules scientifiques.
Même si la communication simplifiée des médias
tend encore à représenter le préjugé, désormais révolu, d'un conflit entre science
et foi – par l’absolutisation de la vision scientifique du monde et la propagation
d'une approche réductive de la personne humaine, comme s'il s'agissait simplement
de la somme d'éléments physiques-, nombreux sont les jeunes étudiants qui se posent
la question religieuse.
L’émotion a pris le dessus sur la raison
Le
rapport entre foi et science continue, encore aujourd'hui, à être perçu comme quelque
chose d'inachevé, comme une relation non réconciliée, peut-on lire dans ce texte.
Aujourd'hui, nous avons l'impression que la raison, en tant qu'instrument de l'homme
qui tend à la connaissance de la vérité, est de plus en plus souvent remplacée par
les émotions. Si autrefois le champ d'affrontement entre raison et foi était constitué
par les sciences naturelles, de nos jours - comme l'a souligné Mons. Jedraszewski
- il est déplacé vers les sciences de l'homme, comme le témoigne l'idéologie du genre
qui remet en doute le fondement biologique de la personne humaine.
S’il est
vrai que dans l'histoire de l'humanité, certains Gouvernements ont essayé de brider
la vision du monde en l'enfermant dans une vision scientifique de la réalité limitée
et spécifique, il est d'autant plus vrai que le catholicisme s’est toujours posé comme
point de réconciliation entre les éléments de la vérité, pour montrer la Vérité unique
et absolue qu’est Jésus-Christ.
Responsabilité et rôle des moyens de communications
Paradoxalement,
même les moyens de communications sociaux ont leur part de responsabilité dans la
dichotomie qui s'est créée entre science et foi, c’est ce qu’a souligné le père Iosif
Tiba, ancien aumônier universitaire en Roumanie. Parcourant du point de vue historique
ce dialogue caractérisé par des hauts et des bas, il s'est attaché à faire remarquer
que la perception du rapport entre science et foi que nous avons, a toujours été influencée
par la découverte et par l'utilisation des moyens de communication modernes, par l'invention
de la presse jusqu'à l'utilisation moderne d'Internet.
Par ailleurs, bien
que les jeunes semblent être de plus en plus prisonniers des médias et d’Internet
- qui constitue désormais la source principale à laquelle ils s’adressent pour chercher
les réponses aux questions, même existentielles, qu'ils se posent - l'on constate
cependant un nouveau besoin de Dieu, d'une nouvelle perspective de Dieu.
Le
débat entamé montre de toute évidence que même la science représente un chemin vers
Dieu et que l'université, qui est le lieu où l'on échange des idées et des réflexions,
est précisément l'endroit où pouvoir élargir les horizons de la rationalité et aborder
à nouveau la question de Dieu.
Mission des pasteurs et aumôniers universitaires
Il
est nécessaire de montrer que la foi en Dieu et la vie de foi sont intellectuellement
respectables et excitantes, ainsi que de livrer une information correcte concernant
l'histoire des rapports entre la science et l’Eglise dont une vision simpliste et
parfois même incorrecte a été l'une des causes principales de la construction de l’idée
d’une Eglise « obscurantiste ».
Il est de notre devoir, en tant que pasteurs
et aumôniers universitaires – a conclu le père Michel Remery, Vice-Secrétaire Général
du CCEE - d'aider les jeunes universitaires et les scientifiques à reconnaître le
rapport essentiel qui existe entre science et foi, entre les faits scientifiques individuels
et la vie humaine dans sa totalité, fondée et dirigée vers Dieu.