Corée du Nord : rhétorique nationaliste en pleine période de pénuries
La péninsule coréenne est sous les feux de l’actualité depuis de nombreux jours. Les
populations nord et sud-coréennes vivent au rythme de l’escalade verbale entre Pyongyang,
Séoul et Washington, à tel point que les menaces de guerre augmentent jour après jour.
Le pape, dans son message pascal, a souhaité que la crise s’apaise. « Paix en Asie,
surtout dans la Péninsule coréenne, pour que soient surmontées les divergences et
que murisse un esprit renouvelé de réconciliation » avait déclaré le pape.
Les
évêques catholiques de Corée du Sud, qui organisent jusqu’à la fin de l’année une
campagne de prière pour la réconciliation, ont écrit au pape pour le remercier et
ont dit espérer qu’il continue à être attentif à la péninsule coréenne, en demandant
à « tous les responsables des nations, en Corée, en Russie, aux Etats-Unis, en Chine,
de travailler sérieusement en faveur de la paix en Corée ».
Les sud-coréens
impuissants
Mgr Peter Kang, Evêque de Cheju et Président de la Conférence
épiscopale de Corée indique que le peuple sud-coréen est en quelque sorte habitué
aux provocations du Nord. « Mais cette fois, le degré de provocation est très élevé
et le peuple le sent ». Certains, déclare-t-il, pensent qu’il existe vraiment la possibilité
d’une nouvelle guerre que tous souhaitent éviter.
Nous avons joint sur place
frère Antony de la communauté de Taizé. Il vit depuis une trentaine d’années à Séoul.
Il évoque le sentiments des coréens. « Dans l’ensemble ils ne sont pas tellement émus,
ils ont l’habitude affirme-t-il. « C’est tellement une rhétorique dénuée de sens ». «
Ce qu’il y a de frustrant », déplore-t-il « c’est qu’il n’y a rien que l’on puisse
faire ».
Le ton monte pour faire oublier les pénuries alimentaires
Concernant
la surenchère verbale du régime, « on a l’impression » déclare frère Antony "que le
jeune dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, qui vient d’arriver au pouvoir, et dont la
position est loin d’être assurée, veut montrer quelque chose ».
« Le langage
est surtout orienté vers la population nord-coréenne, il est vrai que maintenant c’est
la saison de la pénurie alimentaire. Les réserves sont épuisées, les récoltes de l’année
n’ont pas encore commencées, alors chaque année à cette époque il y a une rhétorique
nationaliste, patriotique ». « On monte le ton, c’est presque comme une distraction
pour rappeler aux gens qu’ils ont un devoir nationaliste, patriotique vis-à-vis du
grand leader, qu’ils ne doivent pas se plaindre d’avoir faim ».
Ecoutez
frère Antony interrogé par Xavier Sartre
(Photo
: le leader Kim Jong-un entouré de militaires)