L’Australie n’échappe pas aux scandales de pédophilie. Après de nombreuses révélations
de cas d’abus sexuels sur mineurs dans des institutions publiques ou de l’Eglise,
le gouvernement fédéral a décidé de crever l’abcès et la loi du silence et d’affronter
le problème. Le Premier ministre, Julia Gillard, avait annoncé en novembre dernier
la création d’une commission royale chargée d’enquêter sur ces cas. L’enquête publique
a été officiellement ouverte ce mercredi et doit auditionner quelque cinq mille victimes
présumées d’agressions survenues dans les orphelinats, écoles, églises, paroisses,
associations sportives, garderies ou centres de détention pour mineurs. Son objectif
principal est d’examiner et d’évaluer la réponse donnée par ces organismes aux soupçons
d’abus.
L’Eglise d’Australie, de son côté, a mis en place un conseil vérité,
justice et réconciliation dont la composition a été rendue public ce mercredi. Son
rôle est de superviser la collaboration de l’Eglise catholique avec la commission
royale. Ses treize membres sont des hommes et des femmes ayant une expertise professionnelle
en ce qui concerne les abus sexuels, les traumatismes, les maladies mentales, le suicide
et les politiques publiques. « Les conseillers ont été choisis pour leur savoir évident
et pour leur volonté de donner des avis indépendants et francs », souligne Francis
Sullivan, le directeur du conseil.
Faire la lumière, en toute transparence
«
La commission d’enquête va sans doute révéler des épisodes embarrassants et honteux
issus de notre passé, mais c’est nécessaire tout d’abord pour la vérité à restaurer
et ensuite pour la communauté de voir notre engagement sincère et authentique » précise
le directeur du conseil. L’autre objectif de ce conseil est de « conseiller l’Eglise
sur les meilleurs changements de pratiques afin de protéger les enfants et de prévenir
tout abus sexuel ». La première réunion se tiendra à la mi-avril.
L’Eglise
catholique se devait de réagir alors qu’elle est l’objet d’une procédure judiciaire
attentée par l’Etat de Victoria. L’Eglise y a déjà reconnu qu’au moins 620 enfants
ont été victimes d’abus de la part de prêtres depuis les années 1930. L’Etat de Nouvelles-Galles
du Sud a, lui, lancé sa propre enquête en novembre dernier. En décembre, l’archevêque
de Sydney, le cardinal George Pell, dans son message de Noël, avait présenté ses excuses
à ceux « qui ont souffert aux mains de prêtres ».
(Photo : réunion
de la commission royale d'enquête sur les abus sexuels à Melbourne)