Le Pape François se rendra-t-il à Lampedusa, la petite île italienne au large de la
Sicile ? C’est en tout cas le souhait du curé de la paroisse de San Gerlando. L’abbé
Stefano Nastasi a publié sur le portail internet Migrantes une lettre dans laquelle
il invite le nouveau Pape à se rendre sur l’île qui recueille tout au long de l’année
de très nombreux immigrés fuyant la misère de l’Afrique. Un voyage souvent au péril
de leur vie. Thomas Chabolle
Lampedusa
et la mer qui l’entoure son désormais marqué à vie par des tragédies humaines, par
le désespoir de ces hommes et de ces femmes qui tentent de rejoindre la terre promise
mais qui trop souvent en payent le prix fort. Dernière tragédie en date : deux immigrés
clandestins d’origine sub-saharienne sont mort d’hypothermie sur la vedette des gardes
côte italiens qui les évacuaient vers le port de Lampedusa. L’immigration sur la petite
ile sicilienne reste une problématique majeure malgré tous les efforts de l’église
locale. Pour le père Stefano Nastasi : « Lampedusa est un vrai problème : il y
a des flux de populations, des destins remis en causes, des rencontres avec des peuples
qui ont besoin d’être accompagnés. En tant que réalité ecclésiale nous devons aider
l’autre à récupérer sa propre identité, en premier lieu celle qui correspond à l’homme
et puis après celle qui correspond à l'enfant de Dieu ».
Dans les larmes
du Pape j'ai vu les nôtres ?
Au total, environ 500 migrants sont arrivés
ces dernières 72 heures à Lampedusa sur cinq embarcations, après avoir été secourus
par les garde-côtes et la marine de guerre. Tous cherchent un nouveau départ en Europe.
A y regarder de plus prêt c’est en fait l’histoire de l’émigration qui se répète.
Autrefois les familles italiennes quittaient la péninsule pour les terres du Nouveau
monde. C’est le cas notamment de la famille du Pape François. Une bonne raison selon
le père Nastasi pour que le souverain pontife accepte de se rendre sur l’ile de Lampedusa.
« Etant donné qu’il est fils d’émigrés, je pense que le Pape est très proche de
notre réalité - affirme le père Nastasi. D’où mon idée de lui écrire. J’ai imaginé
que dans ses larmes il y avait aussi les nôtres. Ses larmes à lui sont certainement
celles de l’émotion lors de son élection, mais dans ses larmes j’ai voulu voir les
nôtres qui représentent la souffrance quotidienne, celles des habitants, des immigrés,
de chaque homme et de chaque femme qui se trouvent sur cette terre ».
S’ils
ont la chance d’arriver sains et saufs à Lampedusa, les migrants n’ont pas pour autant
mis fin à leur calvaire. Au printemps c’est la phase d’urgence sur l’île, les réfugiés
arrivent en masse et bien souvent le centre de rétention ne peut plus les héberger.
Aujourd’hui il ne dispose plus que de 300 places. S’ils se remplit les migrants devront
être évacués, transportés de centre en centre s’ils ont la chance de ne pas être renvoyés
avant dans leur pays.
(Photo : Des migrants soignés à leur arrivée à Lampedusa
après leur traversée périlleuse)