Chemin de Croix : « Dieu nous juge en nous aimant»
Des milliers de chandelles illuminaient les abords du Colisée, dans le centre de Rome,
à l’occasion du Chemin de Croix qui s’est déroulé en présence du pape François. Au
milieu d’une foule silencieuse et recueillie de plusieurs dizaines de milliers de
personnes, la Croix a été portée par des fidèles originaires d’Italie, d’Inde, de
Chine, de Syrie, du Liban, du Brésil ou du Nigéria ;une diversité à l’image de l’universalité
de l’Eglise. Le pape François a suivi l’ensemble du chemin de croix, assis, depuis
la terrasse qui surplombe l’amphithéâtre flavien.
Cette année, les méditations
qui illustrent les quatorze stations de la via crucis, ont été rédigées par une commission
du patriarcat maronite composée de nombreux jeunes. Chacune des différentes communautés
chrétiennes du Liban a rédigé une méditation : maronite, catholique latin, chaldéen,
syro-catholique, gréco-melkite ou arménien. Des universitaires, des élèves du secondaire
ou des membres d’ONG ont également participé à la rédaction d’une des méditations.
Les chrétiens du Proche-Orient au cœur des méditations
Ces réflexions
ont notamment dénoncé les « Pilate » qui « tiennent dans leurs mains le pouvoir et
ne le mettent qu’au service des plus forts » ; « le monde qui se plie à une réalité
qui cherche de chasser Dieu de la vie de l’homme, comme le laïcisme qui étouffe les
valeurs de la foi et de la morale au nom d’une soi-disant défense de l’homme ou le
fondamentalisme violent qui prend prétexte de la défense des valeurs religieuses ».
Une méditation a évoqué la souffrance, qui, « accueillie dans la foi, se transforme
en voie de salut ». Les rédacteurs ont évoqué « les sans domiciles fixes, les pauvres
et les enfants exposés à la violence et à l’exploitation », rappelant que « une personne
blessée ou oubliée ne perd ni sa valeur ni sa dignité et qu’elle demeure signe de
la présence du Seigneur cachée dans le monde ».
La situation au Proche-Orient
a bien évidemment été évoquée quand une prière a appelé l’Esprit Saint « à consoler
et à fortifier les chrétiens du Proche-Orient afin que, unis au Christ, ils soient
sur une terre lacérée par l’injustice et les conflits, les témoins de son amour universel
». Il a été demandé aussi au Seigneur d’accorder aux « fils des Eglises orientales,
affligées de diverses difficultés, parfois allant jusqu’à la persécution ou affaiblies
par l’émigration, le courage de rester dans leurs pays pour annoncer la Bonne Nouvelle
». Les victimes des conflits n’ont pas été oubliées, espérant que le « sang des victimes
innocentes soit le germe d’un nouvel Orient plus fraternel, plus pacifique, et plus
juste et que cet Orient récupère la splendeur de sa vocation de berceau de la civilisation
et des valeurs spirituelles et humaines ».
Les femmes et les jeunes
La
situation des jeunes, « victimes de la drogue, des sectes ou des perversions », et
des femmes, des mères, victimes « de discriminations, de l’injustice, bafouées dans
leur dignité » ont été évoquées. Un appel à l’unité des chrétiens a également été
lancé , invoquant le Seigneur pour qu’il donne « la sagesse et l’humilité pour que
le chrétiens se relèvent et avancent sur la voie de l’unité, dans la vérité et l’amour,
sans succomber à la tentation du recours aux seuls critères des intérêts personnels
ou sectaires », citant ainsi l’exhortation post-synodale sur le Proche-Orient de Benoît
XVI.
Le Pape François a ensuite pris la parole brièvement pour conclure ce
chemin de croix. « La Croix de Jésus est la Parole par laquelle Dieu a répondu au
mal du monde, » a-t-il notamment expliqué, ajoutant que « Dieu a parlé, a répondu,
et sa réponse est la Croix du Christ : une Parole qui est amour, miséricorde, pardon. »
Il a invité les fidèles présents à s’ouvrir à Dieu : « si je le refuse je suis condamné,
non par lui, mais par moi-même, parce que Dieu ne condamne pas, lui aime et sauve
seulement.»
Paroles du pape François à l’issue du Chemin de Croix
au Colisée Chers frères et sœurs, Je vous remercie d’avoir participé nombreux
à ce moment d’intense prière. Et je remercie aussi tous ceux qui se sont unis à nous
par les moyens de communication, spécialement les personnes malades et les personnes
âgées. Je ne veux pas ajouter beaucoup de paroles. En cette nuit une seule parole
doit demeurer, c’est la Croix elle-même. La Croix de Jésus est la Parole par laquelle
Dieu a répondu au mal du monde. Parfois il nous semble que Dieu ne répond pas au mal,
qu’il demeure silencieux. En réalité Dieu a parlé, a répondu, et sa réponse est la
Croix du Christ : une Parole qui est amour, miséricorde, pardon. Elle est aussi jugement
: Dieu nous juge en nous aimant. Dieu nous juge en nous aimant. Si j’accueille son
amour je suis sauvé, si je le refuse je suis condamné, non par lui, mais par moi-même,
parce que Dieu ne condamne pas, lui aime et sauve seulement. Chers frères et sœurs,
la parole de la Croix est aussi la réponse des chrétiens au mal qui continue à agir
en nous et autour de nous. Les chrétiens doivent répondre au mal par le bien, en prenant
sur eux la croix, comme Jésus. Ce soir nous avons entendu le témoignage de nos frères
du Liban : ce sont eux qui ont composé ces belles méditations et prières. Nous les
remercions de tout cœur pour ce service et surtout pour le témoignage qu’ils nous
donnent. Nous l’avons vu quand le Pape Benoît est allé au Liban : nous avons vu la
beauté et la force de la communion des chrétiens de cette Terre et de l’amitié de
tant de nos frères musulmans et de beaucoup d’autres. Ce fut un signe pour le Moyen
Orient et pour le monde entier : un signe d’espérance. Alors continuons ce Chemin
de Croix dans la vie de tous les jours ! Marchons ensemble sur le chemin de la
Croix, marchons en portant dans le cœur cette parole d’amour et de pardon. Marchons
en attendant la Résurrection de Jésus qui nous aime tant, qui n’est qu’amour!