2013-03-22 11:24:28

Le pape François aux ambassadeurs : « luttez contre la pauvreté matérielle et spirituelle »


Le pape François s’est adressé ce vendredi matin au monde entier. Il recevait au Vatican dans la « sala Regia » la salle royale, au sein du palais apostolique, le corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège. Dans un bref discours qu’il a qualifié « d’accolade du Pape au monde » François ne s’attarde pas sur des situations spécifiques mais, s’exprimant en italien et non pas en français, il a invité les ambassadeurs à « édifier la paix et construire des ponts » en luttant contre toutes les formes de pauvreté.


Un des titres de l’Évêque de Rome est Pontife, c’est-à-dire celui qui construit des ponts, avec Dieu et entre les hommes. C’est peut-être la phrase qui résume le mieux le message que le pape François a voulu transmettre aux représentants des 180 pays avec lesquels le Saint-Siège entretient des rapports diplomatiques, un message prononcé en italien. « Je désire vraiment que le dialogue entre nous aide à construire des ponts entre tous les hommes, si bien que chacun puisse trouver dans l’autre, non pas un ennemi, non pas un concurrent, mais un frère à accueillir et à embrasser ».

Le pape François a évoqué ses origines italiennes pour expliquer combien le dialogue entre les lieux et les cultures était important dans sa vie. Mais il avertit aussi que le rôle de la religion est fondamental, car « on ne peut pas construire des ponts entre les hommes en oubliant Dieu », comme « on ne peut vivre des liens véritables avec Dieu en ignorant les autres ».

Dialogue avec les autres religions et avec les non croyants

Le nouveau pape n’a pas évoqué les grands dossiers internationaux, mais il a exprimé, une fois encore, sa volonté d’intensifier le dialogue entre les religions et surtout avec l’Islam, mais aussi la rencontre avec les non croyants pour que les différences qui séparent et blessent ne l’importent pas, mais que l’emporte le désir de construire, même dans la diversité, des liens authentiques d’amitié entre tous les peuples.

Lutte contre la pauvreté matérielle et spirituelle

Se référant de nouveau à saint François d’Assise, le pape s’est dit préoccupé par la pauvreté qui afflige tant de personnes dans le monde, en demandant aux Etats de reconnaître l'œuvre généreuse des chrétiens qui sont engagés dans le monde pour alléger ces souffrances. Il s’est dit préoccupé par la pauvreté spirituelle dans les pays riches où chacun est la mesure de lui-même et voudrait pouvoir revendiquer toujours et seulement son droit personnel.

Le pape François a également mis en garde contre l’exploitation avide de la terre au détriment les uns des autres. Il compte sur la collaboration avec les pays du monde entier et il espère pouvoir entreprendre un chemin avec les quelques pays qui n’entretiennent pas encore de relations diplomatiques avec le Saint-Siège, dont certains, cependant étaient représentés à la messe du début de son ministère. Il les a chaleureusement remerciés. (Romilda Ferrauto)



Intégralité du discours en français

Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je remercie de grand cœur votre Doyen, l’Ambassadeur Jean-Claude Michel, pour les paroles courtoises qu’il m’a adressées au nom de tous, et avec joie, je vous accueille pour cet échange de saluts, simple et en même temps intense, qui veut être en principe l’accolade du Pape au monde. À travers vous, en effet, je rencontre vos peuples, et je puis aussi, dans un certain sens, rejoindre chacun de vos concitoyens, avec ses joies, ses drames, ses attentes, ses désirs.

Votre présence en si grand nombre est aussi un signe que les relations que vos Pays entretiennent avec le Saint Siège sont fructueuses, sont vraiment une occasion de bien pour l’humanité. C’est cela, en effet, qui tient à cœur au Saint-Siège : le bien de tout homme sur cette terre ! Et c’est bien avec cette intention que l’Évêque de Rome commence son ministère, en sachant qu’il peut compter sur l’amitié et sur l’affection des Pays que vous représentez, et dans la certitude que vous partagez un tel propos. En même temps, j’espère que ce soit aussi l’occasion d’entreprendre un chemin avec les quelques Pays qui n’entretiennent pas encore de relations diplomatiques avec le Saint Siège, dont certains – je les remercie de grand cœur ont voulu être présents à la Messe du début de mon ministère, ou ont envoyé des messages en signe de proximité.

Comme vous savez, il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’ai choisi mon nom en pensant à François d’Assise, une personnalité qui est bien connue au-delà des frontières de l’Italie et de l’Europe, et aussi de ceux qui ne professent pas la foi catholique. Une des premières est l’amour que François avait pour les pauvres. Il y a encore tant de pauvres dans le monde ! Et ces personnes rencontrent tant de souffrance ! À l’exemple de François d’Assise, l’Église a toujours cherché à avoir le souci, à protéger, en tout coin de la terre, celui qui souffre d’indigence et je pense que dans beaucoup de vos pays, vous pouvez constater l’œuvre généreuse de ces chrétiens qui se prodiguent pour aider les malades, les orphelins, les sans-abris et tous ceux qui sont exclus, et qui ainsi travaillent pour construire une société plus humaine et plus juste.

Mais il y a aussi une autre pauvreté ! C’est la pauvreté spirituelle de nos jours, qui concerne gravement aussi les Pays considérés comme plus riches. C’est ce que mon Prédécesseur, le cher et vénéré Benoît XVI, appelle la « dictature du relativisme », qui laisse chacun comme mesure de lui-même, et met en péril la convivialité entre les hommes. Et ainsi j’ajoute une autre raison de mon nom. François d’Assise nous dit : travaillez pour construire la paix ! Mais il n’y a pas de véritable paix sans vérité ! La paix ne peut pas être véritable si chacun est la mesure de lui-même, si chacun peut revendiquer toujours et seulement son droit personnel, sans avoir le souci en même temps du bien des autres, de tous, à partir de la nature qui unit chaque être humain sur cette terre.

Un des titres de l’Évêque de Rome est Pontife, c’est-à-dire celui qui construit des ponts, avec Dieu et entre les hommes. Je désire vraiment que le dialogue entre nous aide à construire des ponts entre tous les hommes, si bien que chacun puisse trouver dans l’autre, non un ennemi, non un concurrent, mais un frère à accueillir et à embrasser ! Mes origines mêmes du reste, me poussent à travailler pour édifier des ponts. En effet, comme vous savez ma famille est d’origine italienne ; et ainsi en moi est toujours vivant ce dialogue entre les lieux et les cultures avec leurs éloignements - d’un bout du monde à l’autre, aujourd’hui toujours plus proches, interdépendants -, qui ont besoin de se rencontrer et de créer des espaces réels d’authentique fraternité.

Dans cette tâche, le rôle de la religion aussi est fondamental. On ne peut pas en effet, construire des ponts entre les hommes en oubliant Dieu. Mais le contraire vaut aussi : on ne peut vivre des liens véritables avec Dieu en ignorant les autres. Pour cela, il est important d’intensifier le dialogue entre les différentes religions, je pense surtout au dialogue avec l’Islam, et j’ai beaucoup apprécié la présence, durant la messe du début de mon ministère, de nombreuses Autorités civiles et religieuses du monde islamique. Et il est important d’intensifier la rencontre avec les non croyants, pour que ne dominent jamais les différences qui séparent et blessent, mais que, même dans la diversité, l’emporte le désir de construire des liens vrais d’amitié entre tous les peuples.

Lutter contre la pauvreté soit matérielle, soit spirituelle ; édifier la paix et construire des ponts. Ce sont comme les points de référence d’un chemin auquel je désire inviter à prendre part chacun des Pays que vous représentez. Un chemin difficile cependant, si nous n’apprenons pas toujours plus à aimer notre Terre. Aussi dans ce cas penser au nom de François m’est une aide, lui qui enseigne un profond respect pour toute la création, pour la sauvegarde de notre environnement, que trop souvent nous n’utilisons pas pour le bien, mais que nous exploitons avec avidité au détriment l’un de l’autre.

Chers Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,

Merci encore pour tout le travail que vous accomplissez, ensemble avec la Secrétairerie d’État, pour construire la paix et édifier des ponts d’amitié et de fraternité. À travers vous, je désire renouveler à vos Gouvernements mon remerciement pour leur participation aux célébrations à l’occasion de mon élection, avec le souhait d’un fructueux travail commun. Que le Seigneur tout puissant comble de ses dons chacun de vous, vos familles et les peuples que vous représentez. Merci !








All the contents on this site are copyrighted ©.