Après Benoît XVI, l’intellectuel timide et réservé, le nouveau pape « venu du bout
du monde » a inauguré un nouveau style d’expression, bousculant les habitudes romaines
et séduisant les médias et l’opinion publique par sa simplicité naturelle et spontanée
et par ses gestes de proximité. Devant les journalistes, samedi matin, il a suscité
l’étonnement et l’enthousiasme, en racontant le choix de son patronyme pendant le
Conclave, et en ponctuant son discours d’improvisations et de quelques phrases fortes
: « Ah, comme je voudrais une Eglise pauvre et pour les pauvres »….. « L’Église
est certainement aussi une institution humaine, historique, avec tout ce que cela
comporte, mais sa nature n’est pas politique, elle est essentiellement spirituelle
»……
Depuis sa première apparition au balcon de la basilique Saint-Pierre, mercredi
soir, le nouvel évêque de Rome semble vouloir relativiser le pouvoir pontifical et
le poids de la hiérarchie pour revenir aux fondamentaux de l'Eglise. Intègre et sincère,
il a déjà exhorté les catholiques à ne pas céder au pessimisme et à l’amertume que
le démon nous offre quotidiennement. L’Eglise, selon lui, doit retrouver le courage
et l’unité.
"François, reconstruis mon Eglise"
Ceux qui le connaissent
soulignent que son engagement pour la justice sociale n’est pas un vain mot. Ferme
en matière de doctrine et de morale familiale, il ne manquera pas de se poser en défenseur
des pauvres et des exclus. Son élection, qui a bousculé les logiques médiatiques,
a prouvé que le collège des cardinaux ne manquait pas d'audace. Benoît XVI s’est efforcé
de purifier l’Eglise, François pourrait mener à bien la réforme radicale tant souhaitée
et améliorer la coordination. Mais il devra se montrer solide alors que l’Eglise,
avec ses vertus et ses péchés, est attaquée de toutes parts.
Personne ne peut
savoir de quoi l’avenir sera fait mais beaucoup estiment que le choix des cardinaux
marque un tournant et une nouvelle ère. Les catholiques attendaient du nouveau de
cette élection et cela s'est produit. Comment ne pas penser alors au Poverello d’Assise
qui s’entendit demander par Jésus : « François, reconstruis mon Eglise qui est tombée
en ruine ». La mutation pour l’Eglise s’annonce forte et douce à la fois. Les romains,
eux, aiment déjà leur pape. (Romilda Ferrauto)