Le Père Pascal Montavit commente pour nous l'Évangile de ce dimanche 17 mars. Cinquième
dimanche du temps de Carême. Évangile selon Jean 8, 1-11:"« Moi non plus, je ne te
condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Ecoutez le commentaire
du Père Pascal Montavit
En
ce cinquième dimanche de carême, l’Évangile nous parle d’un groupe de scribes et de
pharisiens qui amène à Jésus une femme surprise en flagrant délit d’adultère. Par
ce récit, Jésus nous révèle à la fois le péché de l’homme et la Miséricorde de Dieu.
Il libère du mal aussi bien le groupe des pharisiens que la femme adultère. Voyons
cela plus en détail. Les pharisiens arrivent ensemble. Ils mettent en avant la
femme pécheresse et la condamnent d’une même voix : « dans la loi, Moïse nous a ordonné
de lapider ces femmes-là » (Jn 8,5). La réponse de Jésus est sans appel : « Celui
d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre » (Jn
8,7). Ils s’en vont donc, l’un après l’autre, à commencer par les plus vieux. Jésus
enseigne aux pharisiens qu’il est facile de s’associer aux autres pour condamner.
L’homme se laisse entraîner et se cache derrière un groupe qui lui donne une certaine
sécurité. Jésus leur apprend que ce qui compte aux yeux de Dieu, c’est le comportement
personnel de chacun. Que celui qui condamne le fasse en son propre nom. Et s’il le
fait, qu’il prenne garde d’être lui-même irréprochable. Jésus nous invite donc à ne
pas nous laisser emporter par la pensée dominante de nos sociétés. Nous avons chacun
une conscience et nous sommes appelés à agir en fonction de celle-ci, devant Dieu.
Jésus désolidarise le groupe accusateur pour conduire chaque individu, personnellement,
à reconnaître son propre péché. La femme adultère, elle, ne dit rien. Jésus commence
par lui montrer qu’Il l’a libérée de ses accusateurs. Ces derniers sont tous partis,
et elle reste seule devant Jésus. Mais Jésus doit encore libérer la femme adultère
d’elle-même, de sa propre faute. Il lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas.
Va, et désormais ne pèche plus » (Jn 8,11). Il lui donne donc une parole de vie en
lui indiquant le chemin à parcourir. Il lui fait confiance. Cette parole de miséricorde
qui croit au repentir de l’homme et en sa capacité à se convertir est une parole de
résurrection. La femme adultère la reçoit alors qu’elle n’osait même pas la demander.
Mais Dieu la lui donne et lui offre ainsi un retour à la vie. Enfin, comment ne
pas parler de Jésus qui se baisse et se met à écrire avec son doigt sur le sol. Et
ce par deux fois. Une première fois juste avant de s’adresser aux scribes et aux pharisiens,
puis une seconde fois avant de parler à la femme adultère. Bien sûr, nul ne peut dire
ce que Jésus a écrit. Cela restera à jamais un mystère. Il est cependant possible
de définir ce que représente un tel geste. Dans l’Évangile de Luc, il est écrit :
« Mais si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume
de Dieu est arrivé jusqu’à vous » (Lc 11,20). Matthieu propose le même verset mais
au lieu de débuter par « si c’est par le doigt de Dieu », il commence par « Si c’est
par l’Esprit Saint … ». Le doigt de Jésus est donc ce doigt de Dieu qui représente
l’Esprit Saint capable de chasser les démons. Et c’est bien ce qu’il a fait, aussi
bien pour les pharisiens qui s’en vont, un par un que pour la femme pécheresse. Ce
doigt de Dieu fait aussi penser au livre de l’Exode lorsque Moïse reçoit les deux
tables de l’alliance, « tables de pierres écrites du doigt de Dieu » (Ex 31,18). Les
pharisiens voulaient tendre un piège à Jésus en s’appuyant sur la Loi transmise par
Moïse, mais Jésus leur dit que l’auteur de la Loi, c’est lui. En ce temps de carême,
laissons Jésus nous libérer aussi bien des accusations que nous portons sur les autres
que de nos propres manquements à la fidélité de Son Amour.