Fumée blanche ! Et les cloches de la Basilique Saint-Pierre à toute volée ! C’est
le signe que tout le monde attendait depuis mardi après-midi, début effectif du Conclave
qui devait choisir le successeur de Benoît XVI.
Fumée blanche au deuxième
jour de conclave. Les 115 cardinaux électeurs, le même nombre que pour l’élection
de Benoît XVI, ont donc élu son successeur. Mais le suspense reste entier. Qui ont
–ils choisi ? Nous le saurons d’ici peu, de trente à 40 minutes, des minutes interminables...
Juste
avant de brûler les derniers bulletins de vote qui ont mis en évidence qu’un cardinal
avait dépassé le chiffre de 77, la majorité qualifiée des deux tiers des votes, un
moment très important s’est déroulé avant la fumée blanche. Le dernier dans l’ordre
des Cardinaux diacres a appelé le Secrétaire du collège des cardinaux Mgr Lorenzo
Baldisseri et le Maître des célébrations liturgiques pontificales, Mgr Marini. Et
en leur présence, car il faut savoir que le Doyen ( en l’occurrence le Cardinal Sodano)
ou le vice –doyen ( le Cardinal Etchegaray) ont à demander le consentement de l’élu.
Mais tous les deux, pour avoir dépassé les 80 ans, ne participaient pas au conclave,
et c’est donc au Cardinal Re, en qualité de doyen des Cardinaux évêques qu’est revenu
la tâche de présider le Conclave.
C’est donc lui qui, en présence de Mgr Baldisseri
et Mgr Marini, vient de poser la question fatidique à l’élu. « Acceptez-vous cette
charge de devenir Pape et quel nom choisissez-vous. » Rappelons que si l’élu n’est
pas évêque, il doit être ordonné aussitôt. Le conclave ne prend fin en effet que
lorsque l’élu a répondu favorablement à la question : « Acceptez-vous votre élection
canonique comme souverain pontife ? » (en latin Acceptasne electionem de te canonice
factam in Summum Pontificem ?) puis à « De quel nom voulez-vous être appelé ? » (en
latin Quo nomine vis vocari ?), le Pape répondant avec le nom qu’il a choisi, et il
est finalement proclamé.
Et c’est alors seulement que les derniers bulletins
du scrutin ont été brûlés avec des fumigènes pour produire la fameuse fumée blanche,
celle que l’on vient de voir s’échapper de la cheminée et qui vient d’annoncer au
monde l’élection du nouveau souverain pontife. Et le conclave est officiellement terminé
!
On attend à présent, pas avant une vingtaine de minutes, une demi-heure,
peut-être un peu plus, que le Cardinal Jean-Louis Taura, protodiacre, apparaisse à
l’imposant balcon central de la loggia des bénédictions de la basilique Saint Pierre
et vienne nous annoncer la nouvelle de l’élection du Pape. Avec le célèbre « Habemus
Papam » Cela permettra à pas mal de monde de rejoindre la Place Saint-Pierre.
Mais
pourquoi cette attente …Tout simplement parce qu’il faut habiller le nouveau pape
comme un Pape, je dirais. Et pour ce faire, le Pape élu a rejoint à présent la sacristie
de la Chapelle Sixtine, appelée aussi « la Chambre des larmes », pour revêtir les
habits pontificaux. On peut imaginer qu’un jour un pontife ait fondu en larmes, pris
par l’émotion ou la prise de conscience du poids des responsabilités et du rôle qu’il
aurait à assumer.
Rappelons que c’est l’atelier de couture romain fondé en
1790 : Gammarelli qui est chargé d’habiller les papes depuis des décennies. Les vêtements
destinés au futur pape avaient été apportés au Vatican avant le Conclave. Et pour
la petite histoire, ils sont confectionnés en trois tailles différentes, small, medium
et large, pour correspondre à toutes les corpulences possibles. Et permettre au nouveau
Pape de se présenter au plus vite aux fidèles depuis la loggia vêtu de ses nouveaux
habits pontificaux. Et d’ensuite donc donner sa bénédiction Urbi et Orbi.
Cette
tenue pontificale est composée d’une soutane blanche, et le nouveau Pape reçoit aussi
une étole aux effigies des apôtres Pierre et Paul qu’il ne portera qu’en cette circonstance.
Le nouveau Pape revient ensuite au milieu des cardinaux et reçoit leur hommage. Et
tous entonnent le « Te Deum » qui marque la fin du Conclave. On se souvient que Benoît
XVI avait pris le temps aussi de descendre dans la crypte de la Basilique Saint-Pierre
pour prier sur la tombe de Saint Pierre et de Jean-Paul II. Ce qui peut expliquer
aussi le temps d’attente jusqu’à l’apparition à la Loggia. Cette fois il est prévu
que le Pape élu avant d’arriver à la Loggia prenne un moment de prière dans la Chapelle
Pauline, qui fut un temps la salle des Conclaves.
Mais le premier à apparaître
ne n’oublions par sera le cardinal français Jean-Louis Tauran qui prononcera la célèbre
formule : Habemus papam dominum cardinalem………, qui sibi nomen imposuit…….Et nous comprendrons
alors qui est devenu le 266 ème Pape de l’Eglise catholique. Quel Cardinal. Et quel
nom de Pape il aura choisi. Le Pape pourra alors apparaître et donner sa première
bénédiction apostolique Urbi et Orbi.
Le nom qu’aura choisi le nouveau Pape
( je vous rappelle que nous ne savons pas encore qui a été élu) sera une manière d’annoncer
son programme. On se souvient que le prénom Benoît, en avril 2005, avait surpris.
Benoît XVI en avait ensuite donné les clés: hommage à saint Benoît et à la naissance
du monachisme en Europe et à Benoît XV, le pape qui tenta, en vain, d’imposer la paix
lors de la Première Guerre mondiale. Un pape européen, en somme. Les premières paroles
du Pape seront également intéressantes…
On se souvient de Jean Paul II le 16
octobre 1978: Jean-Paul II apparut au balcon à 19h15, et, en se tenant à la balustrade,
(pour la première fois un pape parlant au lieu de simplement bénir la foule), il gagna
aussitôt la sympathie par les mots prononcés avant sa bénédiction urbi et orbi, le
désormais célèbre : si je me trompe vous me corrigerez).
Mais toute sa déclaration
disait : « Loué soit Jésus-Christ. Très chers frères et sœurs, nous sommes encore
tout attristés par la mort de notre très aimé pape Jean-Paul Ier. Et voilà que les
éminents cardinaux ont appelé un nouvel évêque de Rome. Ils l’ont appelé d’un pays
lointain, lointain, mais toujours si proche par la communion dans la foi et la Tradition
chrétienne. J’ai eu peur en recevant cette nomination, mais je l’ai fait en esprit
d’obéissance à Notre-Seigneur Jésus-Christ et de confiance totale à sa Mère, la Très
Sainte Vierge. Je ne sais si je peux bien m’expliquer dans votre..., dans notre langue
italienne. Si je me trompe, vous me corrigerez.
Et ce fut d’autant plus sympathique
que dans ce discours, prononcé en italien, Jean-Paul II commit une faute de langage.
En effet, il dit : « ...se mi sbaglio mi corigerete! » (ce qui signifie littéralement
: « si je me trompe, vous me corrègerez! » alors qu'il aurait été plus correct de
dire : "mi correggerete."). Cette faute de Jean Paul II , intentionnelle ou non,
permit de voir ses efforts largement appréciés et il gagna immédiatement la sympathie
de la foule et d'une partie des commentateurs amusés de voir un pape s'acceptant comme
une personne qui n’était pas infaillible…
Jean-Paul II avait terminé cette
première prise de parole en ajoutant : « Et voilà, je me présente à vous tous, pour
confesser notre foi commune, notre espérance, notre confiance en la Mère du Christ
et de l’Église, et aussi pour recommencer de nouveau sur cette route de l’histoire
et de l’Église, avec l’aide de Dieu, et avec l’aide des hommes. »
Si l’on se
souvient des premiers mots de Benoît XVI : le 19 avril 2005, à 18 h 48, précédé de
la croix processionnelle, le Pape Benoît XVI est apparu à la loggia centrale de la
Basilique vaticane. Avant de prononcer la Bénédiction Urbi et Orbi, il a salué la
foule rassemblée Place-St Pierre et dans la Via della Conciliazione: "Chers frères
et soeurs, après le grand Pape Jean-Paul II, les Cardinaux m'ont élu moi, un humble
et simple ouvrier de la Vigne du Seigneur. Je suis consolé de savoir que le Seigneur
sait œuvrer et agit aussi avec des instruments insuffisants. Et avant tout, je m'en
remets à vos prières. Dans la joie du Seigneur ressuscité, confiants dans son aide
permanente, nous devons aller de l'avant. Le Seigneur nous aidera et Marie sa Mère
sera avec nous. Merci". Des paroles prophétiques, après la renonciation de benoît
XVI. -------------
Rappelons que cette fumée blanche qui s’échappe de la
cheminée de la Chapelle Sixtine, où s’est tenu le Conclave. Cette fumée blanche était
produite traditionnellement par un feu de paille, mouillée. Depuis le conclave de
2005, des fumigènes colorants fabriqués par un « poêle électronique » sont utilisés
pour éviter les confusions. De plus, on a décidé cette année-là de faire sonner les
cloches de Saint-Pierre en accompagnement de la fumée blanche afin d'éviter les hésitations
des spectateurs sur la couleur des volutes s’échappant de la cheminée. Le directeur
de la salle de presse du vatican, le Père Lombardi, samedi dernier avait vanté avec
humour la "beauté de l'événement" que constitue la fumée blanche annonciatrice de
l'élection d'un nouveau pape, jugeant que c'était "beaucoup plus intéressant qu'une
horloge suisse" ou un SMS.
Reste que l’on a parfois eu des sueurs froides,
avec des fumées….aux multiples nuances de gris qui ont laissé plus d’un observateur
perplexe ! Lors de l'élection de Benoît XVI en 2005, non seulement la fumée n'était
pas parfaitement blanche dès le début, mais les cloches censées battre à toute volée
au moment crucial étaient restées désespérément muettes pendant plusieurs minutes.
Certains, ses derniers jours, émettaient l’idée ou le désir de recevoir un SMS
ou un tweet dans la foulée….Un jour peut-être, mais ce n’était pas d’actualité pour
cette fois. --------------