2013-03-12 13:04:09

Le Conclave au fil de l'histoire


La Pape n’a pas toujours été élu. Il a été, avant cela, désigné par ses prédécesseurs au début du christianisme puis par les fidèles de Rome en tant qu’évêque de la ville. Les empereurs byzantins puis les rois barbares à la chute de l’empire romain ont également désigné le successeur de Pierre au gré des vicissitudes de l’Histoire et de la prédominance du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel. Ces ingérences sont de plus en plus mal vécues par l’Eglise qui impose à l’élu d’être un prêtre ou un diacre par le Concile de Latran en 769. C’est un premier pas vers un début d’indépendance mais cela n’est pas suffisant

Le tournant du XIème siècle

Le Pape Nicolas II impose une réforme substantielle en 1059 en promulguant la bulle In nomine Domini. C’est la première mesure qui donnera naissance au conclave tel qu’on le connaît aujourd’hui. Le souverain pontife sera désormais élu par les seuls cardinaux-évêques. Un siècle plus tard en 1179 le troisième Concile de Latran stipule que l’élection est du seul ressort des cardinaux et instaure la majorité des deux tiers des voix.

La naissance du conclave

Le XIIIème siècle est un siècle de profonds bouleversements dans l’Occident médiéval et n’épargne par la Chrétienté. Le Pape Grégoire X promulgue la bulle Ubi periculum en 1274 et peut ainsi être considéré comme l’ « inventeur » du conclave. Sa décision est motivée par son élection pour le moins rocambolesque. Elle avait été entérinée à l’issue de trois ans de discussions acerbes dans la ville de Viterbe. Pour accélérer la décision des cardinaux, les autorités romaines s’étaient résolues à emmurer les prélats et ôter le toit de leur salle de réunion. De quoi les pousser à prendre une résolution et à Grégoire X de rationaliser le choix du souverain pontife. Son expérience personnelle l’inspire puisqu’il garde le principe de l’enfermement et en cas de blocage au bout de cinq jours, impose aux cardinaux un régime de pain, de vin et d’eau et l’obligation de vivre en commun. Il faudra attendre l’élection d’Innocent V en 1276 pour que le terme conclave soit pour la première fois employé.

Un gage d’indépendance longtemps battu en brèche

Cet isolement pour le choix du successeur de Pierre n’a pas empêché les puissances temporelles de vouloir peser sur son élection. Jusqu’à la constitution apostolique Commissum Nobis promulgué en 1904 par Pie X, les puissances européennes catholiques avaient un droit de veto qu’elles ne se privaient pas d’employer en faisant savoir les candidats qui leur déplaisaient ou les favoris qu’elles souhaitaient voir élus. La norme des deux tiers des voix reste l’élément intangible tout au long du XXème siècle. De Pie XI à Benoît XVI, chaque Souverain Pontife a supprimé puis réintroduit la particularité d’ajouter une voix à cette fatidique majorité. C’est donc le cas de Joseph Ratzinger qui a rajouté cette obligation d’une voix en plus de la majorité requise modifiant la constitution apostolique Universi Dominici Gregis promulguée par son prédécesseur en 1996 et qui rassemble tous les décrets relatifs à l’élection du Pape. Un Pape qui a le pouvoir absolu de modifier à sa guise le règlement et ce jusqu’à la dernière seconde de son pontificat. Qui sait si le conclave tel qu’on l’a connu jusqu’à présent ne subira pas d’ultérieurs ajustements !








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