Mgr Desfarges : "L'Eglise doit être porteuse d'espérance"
Rome vibre au rythme du pré-conclave. L’effervescence est palpable, les abords du
Vatican fourmillent de journalistes, caméras et appareils photo au poing, à l’affût
des « calottes rouges » : les cardinaux, sortant des congrégations générales, constituent
en effet une cible de choix.
Mais loin de Rome, et loin de l’agitation fébrile
qui la caractérise ces derniers jours, se trouvent l’Eglise universelle et la multitude
des fidèles, en prière, en attente. Les temps sont cruciaux, et les défis, nombreux
: lourde sera la charge du successeur de Benoît XVI.
Radio Vatican donne ainsi
la parole au clergé et aux fidèles du monde entier. Qu’attendent-ils du futur pape
? Qu’espèrent-ils de ce nouveau pontificat qui s’annonce ?
Ecoutons aujourd’hui
Mgr Paul Desfarges, évêque de Constantine et Hippone (Algérie), interrogé par Manuella
Affejee
Un des défis
majeurs pour l’Eglise reste, pour Mgr Desfarges, le dialogue avec les autres religions,
surtout avec l’islam. « C’est un enjeu majeur pour la paix du monde et la fraternité
des hommes », souligne Mgr Desfarges, à un moment où ce dialogue se voit menacé par
les fondamentalismes et les replis identitaires.
A l’Eglise donc de s’appuyer
sur des hommes de dialogue et de paix, à l’Eglise de favoriser l’accueil, -et non
le choc- des cultures, à l’Eglise de servir l’Humain et de poser des « actes prophétiques
». « Il ne faut pas désespérer des hommes », lance Mgr Desfarges, et l’Eglise doit
être, plus que jamais, « porteuse d’espérance » : car « si nous ne sommes pas porteurs
d’espérance, de quoi sommes-nous porteurs ? », s’interroge l’évêque.
Les
scandales récents sont un contre-témoignage terrible
L’ouverture de l’Eglise
au monde extérieur doit aller de pair avec un renouveau intérieur. Mgr Desfarges exprime
ainsi sa « tristesse » suite aux récents scandales, -vatileaks, pédophilie, malversations
financières-, dont les médias se sont fait écho. « Ces rumeurs sont un contre-témoignage
terrible », déclare-t-il avec fermeté. Le futur pape doit ainsi faire montre du même
courage que Benoît XVI, « le courage de la vérité », pour « mettre de l’ordre », voire
« sanctionner » les hommes et les groupes dont les comportements auraient porté atteinte
à la crédibilité de l’Eglise et de son témoignage.
Nous avons besoin d'un
"pape-prophète"
Quel pape pour mener à bien la charge colossale qui l’attend
? « Ce doit être un spirituel, un pape-prophète », préconise Mgr Desfarges ; « un
homme qui sache bien s’entourer », poursuit-il, privilégiant plus de collégialité
dans le gouvernement de l’Eglise. Mais par-dessus tout, un pape attentif aux attentes
spirituelles des fidèles : « le pape doit s’ajuster au cœur de Dieu ». Manuella
Affejee