Le Père Pascal Montavit commente pour nous l'Évangile de ce dimanche 3 mars. Troisième
dimanche du temps de Carême. Évangile selon saint Luc 13, 1-9 :"Peut-être donnera-t-il
du fruit à l'avenir. Sinon, tu le couperas. »
Ecoutez le commentaire du Père
Pascal Montavit
L’Évangile
de ce troisième dimanche de carême est surprenant : deux passages se succèdent et
le lien qui les unit ne semble pas évident. Le premier évoque les drames qui surviennent
à l’improviste dans notre vie et le second affirme l’importance de porter du fruit.
Voyons comment ces deux enseignements forment une unité qui nous permet de mieux comprendre
le chemin que Jésus nous propose. Jésus évoque tout d’abord deux événements douloureux
qui ont marqué récemment ses auditeurs : Pilate a fait massacrer des Galiléens pendant
qu’ils offraient un sacrifice et la chute de la tour de Siloé a provoqué la mort de
dix-huit personnes. Le premier drame se situe en Galilée, au nord, et est provoqué
par la cruauté d’un homme. Le second se déroule à Jérusalem, au sud, et se présente
comme accidentel. Par ces deux exemples, Jésus montre que les malheurs peuvent arriver
n’importe où. Jérusalem, ville sainte, n’est pas mieux protégée que la Galilée. De
plus, ces tragédies peuvent être provoquées par les hommes ou accidentelles. L’affirmation
essentielle de Jésus est qu’aucune victime de ces catastrophes n’est plus coupable
que ceux qui y ont échappé. Par ces paroles, Jésus chasse de nos cœurs toutes croyances
en un Dieu vengeur qui punit sa création lorsque sa colère atteint son paroxysme.
Celui qui est frappé par un malheur n’est pas plus coupable que celui qui prospère.
Mais alors, pourquoi de tels événements ? Quels sens ont-ils ? Pour nous chrétiens,
le mal physique, engendré par la nature, comme par exemple les séismes ou encore la
maladie, tout comme le mal moral, lorsqu’un homme choisit délibérément d’agir de manière
mauvaise, sont les conséquences du péché originel. En refusant d’obéir à Dieu, l’homme
crée un désordre dans la nature, un désordre qui a des répercussions jusqu’à nos jours.
Mais ces drames, mystérieusement, peuvent aussi permettre à l’homme de se tourner
vers Dieu. Saint Paul dira « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8,28).
Ainsi, ces événements douloureux ont parfois l’effet d’un réveil qui conduit l’homme
à se poser les vraies questions. Pour souligner cette dimension, Jésus conclut la
présentation de ces deux drames de la même manière : « Eh bien, je vous le dis, si
vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux » (Lc 13,3.5). Les événements
douloureux de notre vie résonnent donc comme un appel à la conversion. Ils nous font
toucher les limites de notre existence : la détresse, la souffrance, la mort. Ils
nous disent : la vie ne s’arrête pas là, il y a quelque chose de plus grand à venir.
C’est là que peut commencer un chemin de conversion. Cette parole dure de Jésus,
« et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux » trouve un écho
dans le passage suivant. Jésus souhaite couper le figuier qui est demeuré stérile
pendant trois ans. Cette parabole rappelle qu’après le temps de la Miséricorde viendra
un jour où le jugement sera inéluctable. Par cette image, Jésus insiste sur l’importance
de la conversion qui est déjà l’objet du passage précédent. Il précise maintenant
que cette conversion doit se manifester par les fruits qu’elle porte. La grâce du
salut est gratuite. Nul homme ne la mérite : elle nous est acquise par Jésus sur la
Croix. Mais cette grâce reçue est appelée à se multiplier par la bonne volonté de
l’homme et les actes de charité, de foi et d’espérance qu’il pose. En ce temps
de carême, cet Évangile nous rappelle l’importance de nous engager au nom de notre
foi à devenir un disciple toujours plus authentique de Notre Seigneur Jésus Christ.