Dossier : l'Italie dans l'impasse, "sans gouvernement dans les mois à venir"
L'Italie se trouvait mardi dans une impasse politique inquiétante pour le reste de
l'Europe, sans vainqueur clair aux législatives, comme l'a reconnu le chef du centre
gauche Pier Luigi Bersani qui a entrouvert la porte au mouvement protestataire de
l'ex-comique Beppe Grillo. Dans l'après-midi, le candidat de la gauche au poste de
Premier ministre s'est exprimé pour la première fois depuis l'annonce des résultats
et a amorcé un geste d'ouverture envers le Mouvement 5 Etoiles, qui s'est adjugé à
la surprise générale un quart des suffrages au parlement.
Ce mouvement qui
est désormais la première force politique au sein la Chambre des députés, a toutefois
déjà fermé la porte a tout rapprochement, et avec la gauche et avec la droite de Silvio
Berlusconi. Le Cavaliere qui se voit aussi refuser un éventuel rapprochement par le
Parti démocratique.
Le risque désormais : un gouvernement qui ne pourrait
pas voir le jour avant des mois. C’est l’analyse de Lucio Caracciolo, directeur
de Limes, revue italienne de géopolitique, interrogé par Antonino Galofaro :
Mardi, Pier
Luigi Bersani a évoqué des thèmes chers à sa formation, comme la réforme des institutions,
les coupes dans les coûts de la politique, la moralité et la défense des plus défavorisés,
appelant Beppe Grillo à dire "ce qu'il veut pour le pays". La gauche soumettra ses
propositions au Parlement, "où chacun devra assumer ses propres responsabilités",
a averti M. Bersani.
Pour l'instant, le Mouvement 5 Etoiles ne souhaite s'allier
avec aucune autre formation mais envisagera au cas par cas de voter des réformes,
a fait savoir de son côté Beppe Grillo. "Nous allons voir, réforme par réforme, loi
par loi. S'il y a des propositions qui sont compatibles avec notre programme, nous
allons les évaluer", a-t-il dit en ajoutant: "maintenant ce n'est pas le moment de
parler d'alliances".
Ces diverses déclarations laissent penser à un possible
soutien au vote de lois présentées par un gouvernement de gauche, sans un accord formel
de coalition avec le centre gauche, qui dispose d'une solide majorité à la Chambre.
Additionnés à ceux de la gauche, les 54 sénateurs de Beppe Grillo permettraient d'avoir
une majorité au Sénat.
Avec AFP
(Photo : Pier Luigi Bersani, leader
du Parti démocratique, lors d'une conférence de presse à Rome, mardi)