Si le jour, mercredi, était le jour traditionnel de l’audience générale, il s’agissait
ce 27 février de la dernière audience générale de Benoît XVI. Autant dire que, comme
dimanche dernier, jour du dernier Angélus, une foule immense avait fait le déplacement,
pour cette toute dernière fois. Il faut dire aussi que le temps était de la partie.
Après de nombreux jours moroses (on se souvient du lundi de l’annonce de la renonciation,
avec la foudre s’abattant sur la coupole de Saint-Pierre), ce mercredi était frais
mais très printanier.
Face à cette multitude, plus de 150 000 personnes venues
lui rendre hommage, Benoît XVI a tenu tout d’abord à remercier tous ces gens venus
en si grand nombre pour cette dernière audience générale de son pontificat. Lui réservant
un triomphe au terme de sa catéchèse en italien. Une catéchèse axée sur son pontificat,
et toute en remerciements pour ces 8 belles années de pontificat.Une catéchèse entamée
avec ces mots tout simples: "Je suis vraiment ému et je vois l'Eglise vivante".
Manuella
Affejee était sur la Place Saint-Pierre. Ecoutons-la
«
Comme l'apôtre Paul dans le texte biblique que nous avons entendu, a déclaré le Pape,
je voudrais remercier tout particulièrement Dieu qui guide et fait grandir l'Église,
qui sème sa parole et donc nourrit la foi de son peuple.
En ce moment, mon
cœur s'élargit à toute l'Eglise à travers le monde, et je remercie Dieu pour toutes
ces «nouvelles» qu’en ces années de ministère pétrinien j’ai pu recevoir au sujet
de la foi dans le Seigneur Jésus-Christ, au sujet de l'amour qui circule dans le corps
de l'Eglise et le fait vivre dans l'amour, et dans l’espérance qui nous ouvre et nous
dirige vers la plénitude de la vie, vers la patrie céleste.
Je sens le besoin
de tous vous porter dans ma prière, dans un présent qui est celui de Dieu, où je place
chaque rencontre, chaque voyage, chaque visite pastorale. Tout et tous, je vous réunis
dans la prière et vous confie à Dieu : pour que nous ayons la pleine connaissance
de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, et pour que nous puissions
nous comporter d'une manière digne de Lui et de son amour, en portant du fruit dans
toutes nos bonnes actions (cf. Col 1, 0,9 à 10).
Benoît XVI se dit confiant
pour le futur de l'Eglise
En ce moment, se trouve en moi une confiance
immense, parce que je sais, nous le savons tous, que la parole de vérité de l'Evangile
représente la puissance de l'Église, c'est sa vie. L'Évangile purifie et renouvelle,
porte du fruit, partout où la communauté des croyants entend et accueille la grâce
de Dieu dans la vérité et vit dans la charité. C'est ma conviction, c'est ce qui fait
ma joie. Lorsque, le 19 Avril il y a presque huit ans, j'ai accepté d’assumer le
ministère pétrinien, j'ai toujours cette certitude qui m'a toujours accompagné.
A
ce moment-là, comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, les paroles qui ont résonné
dans mon cœur ont été: Seigneur, que demandes-tu? C 'est une énorme charge que tu
déposes sur mes épaules, mais si tu me le demandes, sur ta parole je vais lancer les
filets, certain que tu me guideras. Et le Seigneur m’a vraiment guidé, je pouvais
sentir sa présence chaque jour. Ce fut un bout de chemin de l’Eglise qui a comporté
des moments de joie et de lumière, mais aussi des moments difficiles ; je me suis
comme Saint-Pierre et les Apôtres dans la barque sur le lac de Galilée ; le Seigneur
nous a donné de nombreux jours de soleil et de brise légère, jours où la pêche fut
abondante ; et il y eut aussi des moments où les eaux étaient agitées et le vent contraire,
comme dans toute l'histoire de l'Eglise et le Seigneur semblait dormir.
La
barque de l'Eglise n'est pas la mienne, la nôtre, mais celle de Dieu
Mais
j'ai toujours su que dans cette barque se trouve le Seigneur et j'ai toujours su que
la barque de l'Eglise n'est pas la mienne, n’est pas la nôtre, mais sa barque, et
qu’il ne la laisse pas couler. C'est lui qui la conduit, certainement aussi à travers
les hommes il a choisis, parce que c’est ainsi qu’il l’a voulu. Ce fut et c’est toujours
pour moi une certitude que rien ne peut ternir. Et c'est pourquoi, aujourd'hui, mon
cœur est rempli de gratitude envers Dieu parce qu'il n’a jamais fait manquer à l'Église
tout entière, ni à moi, sa consolation, sa lumière, son amour.
Nous sommes
dans l'Année de la Foi, que j'ai voulu pour renforcer notre foi en Dieu dans un contexte
qui semble le mettre de plus en plus en second plan. Je voudrais tous vous inviter
à renouveler la confiance solide dans le Seigneur, à vous confier comme des enfants
dans les bras de Dieu, certains que ces bras nous soutiennent toujours et sont ce
qui nous permet de marcher tous les jours, même dans la difficulté. Je voudrais que
chacun puisse se sentir aimé par ce Dieu qui nous a donné son Fils et nous a montré
son amour sans limites.
Je voudrais que chacun puisse ressentir la joie d'être
chrétien. Dans une belle prière à réciter quotidiennement le matin, on dit : «Je t’adore,
mon Dieu, Je t'aime de tout mon cœur. Je te remercie de m'avoir créé, fait chrétien".
Oui, nous sommes heureux pour le don de la foi ; c’est le bien le plus précieux, que
personne ne peut nous enlever! Remercions Dieu pour cela tous les jours, par la prière
et par une vie chrétienne cohérente. Dieu nous aime, mais attend que nous l’aimions!
Benoît
XVI remercie tous ceux qui l'ont aidé, soutenu, aimé
Mais ce n'est seulement
Dieu que je tiens à remercier en ce moment. Un pape n'est pas seulement dans la manœuvre
de la barque de Pierre, même si c’est sa responsabilité principale, et je ne me suis
jamais senti seul en portant la joie et le poids du ministère pétrinien ; le Seigneur
m'a entouré de beaucoup de personnes qui, avec générosité et d'amour pour Dieu et
pour l'Église, m'ont aidé et entouré.
Tout d'abord vous, chers Frères Cardinaux:
votre sagesse, vos conseils, votre amitié ont été précieux pour moi ; je remercie
mes collaborateurs, à commencer par mon Secrétaire d'Etat qui m'a accompagné fidèlement
au fil des ans ; la secrétairerie d'État et l'ensemble de la Curie romaine, ainsi
que tous ceux qui, dans divers domaines, sont au service du Saint-Siège: ce sont de
nombreux visages qui ne sont pas connus, restent dans l'ombre, mais dans le silence,
dans leur travail quotidien, dans un esprit de foi et d’humilité ils ont représenté
pour moi un soutien sûr et fiable. Une pensée spéciale à l'Église de Rome, mon diocèse!
Je ne peux pas oublier mes frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce, les
personnes consacrées et tout le peuple de Dieu : dans les visites pastorales, les
rencontres, au cours des audiences, les voyages, j'ai toujours reçu beaucoup d’attention
et d'affection profonde, mais moi aussi je vous ai tous aimés, sans exception, avec
cet amour pastoral qui est le cœur de chaque Pasteur, en particulier l'évêque de Rome,
Successeur de l'Apôtre Pierre. Chaque jour, j'ai porté chacun de vous dans ma prière,
avec le cœur d’un père.
Un Pape ne revient pas à la vie privée
Pour
conclure, Benoît XVI a redit qu'il se retirait désormais de toute activité publique,
même si un pape "ne peut pas revenir à la vie privée". "Ma décision de renoncer
à l'exercice actif du ministère, ne change pas cela: je ne reviens pas à la vie privée,
à une vie de voyages, de rencontres, de réceptions, de conférences...Je n'abandonne
pas la croix, mais je reste d'une façon nouvelle près du Seigneur Crucifié. Je n'assume
plus le pouvoir de la charge du gouvernement de l'Eglise, mais je demeure dans le
service de la prière. Saint Benoît dont je porte le nom comme pape, me sera un grand
exemple." Et le Pape de conclure: "je continuerai d'accompagner le chemin de l'Eglise
dans la prière et la réflexion".
Le Pape s'est bien évidemment adressé
aux pèlerins en d'autres langues que l'italien, et notamment en français
Chers
frères et sœurs, En ce moment, je voudrais surtout rendre grâce à Dieu qui guide
et fait grandir l’Église, qui sème sa Parole et nourrit ainsi la foi de son peuple.
Je remercie toutes les personnes qui, avec générosité, m’ont aidé et m’ont été proches
durant mon pontificat. Ces derniers mois, j’ai senti que mes forces avaient diminué
et j’ai demandé à Dieu de m’éclairer pour prendre la juste décision pour le bien de
l’Église. Je vous remercie pour le respect et la compréhension avec lesquels vous
l’avez accueillie. Je continuerai à accompagner le chemin de l’Église par la prière
et la réflexion. En cette Année de la foi, je vous invite à renouveler votre ferme
confiance dans le Seigneur et à vous sentir aimés de Dieu qui nous a montré son amour
infini. Il guide et soutient toujours son Église. Ne perdons jamais de vue cette vision
de foi ! Que votre cœur soit rempli de la joyeuse certitude que le Seigneur est proche
de nous et qu’il nous accompagne de son amour !
Je vous salue cordialement
chers pèlerins de langue française, en particulier les personnes venant de France,
de Belgique et des pays francophones qui ont voulu m’accompagner en étant présentes
ici ou par la radio et la télévision. Je vous demande de vous souvenir de moi devant
Dieu et de prier pour les Cardinaux appelés à élire un nouveau Successeur de l’Apôtre
Pierre. Priez aussi pour que le Seigneur l’accompagne de la lumière et de la force
de son Esprit ! Que Dieu vous bénisse ! Merci.