Qui a enlevé les sept otages français au Cameroun ?
Les recherches se poursuivent pour retrouver la famille française enlevée mardi soir
dans le nord du Cameroun puis emmenée au Nigeria. Paris attribue cette prise d’otage
au groupe islamiste nigérian Boko Haram même si aucune revendication n’a encore été
faite. Mercredi, le Quai d’Orsay a invité les ressortissants français habitant le
nord du Cameroun à quitter la région. Le gouvernement français « ne négociera pas
avec des terroristes » a rappelé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Alors
que les forces de sécurité nigériane tentent de mettre la main sur les ravisseurs,
une question reste en suspens : cet enlèvement aurait-il été planifié par Boko Haram
? Rien n’est moins sûr selon Marc-Antoine Pérouse de Montclos, politologue et chargé
de recherche au Centre Population et Développement à l’Université Paris Descartes.
« Pour moi c’est fortuit. Je ne vois pas comment Boko Haram aurait pu planifier et
savoir qu’à ce moment précis une famille entière en ballade se serait trouvée là à
un kilomètre de la frontière nigériane ».
Ansaru, l’autre piste
Un
autre groupe terroriste, d’inspiration islamiste comme Boko Haram, pourrait tout aussi
bien avoir mené l’attaque. Ansaru est une piste à ne pas négliger selon le spécialiste
du Nigéria. « Ansaru, qui est une branche dissidente de Boko Haram, lui reproche d’avoir
comme cœur de cible les mauvais musulmans et pas les chrétiens, explique-t-il. Or
Ansaru a rejoint une ligne plus proche de celle d’Al Qaïda selon laquelle il faut
chasser les croisés de la terre d’islam ».
Mais cette hypothèse n’est pas
la seule et une autre piste pourrait être suivie, celle « de groupes crapuleux ».
« Dans le nord du Cameroun, il y a des bandes criminelles qui enlèvent plutôt des
locaux, des Peuls, des enfants ou des notables qui sont ensuite relâchés contre rançon
», détaille Marc-Antoine Pérouse de Montclos. « Vu l’intervention française au Mali,
ces groupes ont pu penser que des touristes français pouvaient devenir un enjeu sur
le marché international des rançons et les revendre à des groupes terroristes », envisage-t-il.
Jeudi matin, aucune revendication n’avait été encore faite, ce qui tend à
accréditer cette hypothèse : plus le délai de revendication est long, plus la possibilité
de tractations entre groupes criminels augmente. Autrement dit, celui qui revendiquera
l’enlèvement n’en sera pas forcément l’auteur.
Chaîne de prières
La
famille enlevée, Tanguy Moulin-Fournier, sa femme Albane et leurs quatre enfants âgés
de 5 à 12 ans, Eloi, Andeol, Maël et Clarence, ainsi que Cyril, vivaient depuis deux
ans à Yaoundé, la capitale du Cameroun, où le père de famille est un cadre de GDF-Suez.
Famille, amis et collègues, « démunis », ont décidé d’organiser une chaîne de prières.
Selon un message qui circule sur internet, depuis mercredi et jusqu’au 28 février
une neuvaine est proposée afin que « sainte Rita, avocate des causes désespérées intercède
auprès du Seigneur pour la famille » enlevée.
Ecoutez Marc-Antoine Pérouse
de Montclos, politologue et chargé de recherche au Centre Population et Développement
à l’Université Paris Descartes, interrogé par Xavier Sartre
(Photo
: le 4x4 de la famille française enlevée retrouvé près de la frontière nigériane)