2013-02-19 11:18:33

Joseph Ratzinger, le bon professeur


C'était une rencontre annuelle, un rendez-vous auquel il a toujours tenu. Chaque été, dans la fraicheur de sa résidence estivale de Castel Gandolfo, Benoît XVI a retrouvé le Ratzingerschülerkreis, à savoir ses anciens étudiants en théologie. Des rencontres qui suffisent à rappeler combien Benoît XVI, avant d’être Pape, a toujours été un théologien avide d’enseignement.

Nul besoin de rappeler ici combien le cardinal Ratzinger a marqué ses contemporains par son envergure intellectuelle et théologique, mais il n’est pas inutile de se rappeler combien ce pontificat a été celui d’un enseignement, un « cours magistral » pourrait-on dire, sur ce qu’est être chrétien dans le monde contemporain. Pendant presque huit ans, le Pape a été un pasteur, mais aussi un passeur.

Des images pour enseigner

Il y a d’abord sa manière de parler au peuple de Dieu. Lors des Angélus, mais surtout lors des audiences générales, Benoît XVI a développé des cycles de catéchèses qui forment un ensemble cohérent, par exemple en mai 2011 où il développe une réflexion sur la prière qui s’étend sur plusieurs semaines, ou lors de l’année Saint-Paul, en 2008-2009, où ses prises de parole permettent de mieux saisir la figure de l’apôtre des Gentils.

Durant près de huit ans, le Pape n’a de cesse de puiser dans l’héritage intellectuel et spirituel de l'Église, notamment à travers ses influences personnelles comme Saint Bonaventure ou Saint Augustin sur lesquels il a écrit une thèse. Mais c’est par l’utilisation des images et métaphores que Benoît XVI assied svéritablement sa stature de « pape-enseignant ».

« Les ordures ne se trouvent pas seulement dans certaines rues du monde. On trouve également des ordures dans nos consciences » lance-t-il le 2 novembre 2010 dans la salle Paul VI, faisant allusion à la crise des ordures à Naples, avant de suggérer que la lumière du Christ « nettoie et purifie ».

L'art du discours sans notes

On peut citer encore l’image du désert , éminemment biblique, qu’il emploie le 11 octobre 2012, 50 ans jour pour jour après l’ouverture du Concile Vatican II, pour expliquer la sécularisation qui menace le monde contemporain.

Benoît XVI aura marqué aussi les derniers jours de son pontificat par deux discours improvisés, où il a toujours excellé. Le 8 février, devant les séminaristes de Rome et le 13, devant les prêtres romains. Le Pape parle sans notes aucune et d’une clarté qui frappe ses auditeurs, il témoigne de sa mémoire immense et de son sens du détail. Deux discours laissés comme un testament intellectuel de ce pontificat.
Olivier Bonnel

(Photo: Benoît XVI relisant ses notes de "L'enfance de Jésus")







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