« Un bateau d’immigrés Tunisiens sombre en Méditerranée », « Naufrage au large de
Lampedusa » : ces titres font régulièrement la Une de la presse italienne depuis plusieurs
années maintenant. Lorsque le printemps revient et que la mer redevient navigable,
des centaines d’embarcations de fortune n’hésitent pas à tenter la traversée de la
Méditerranée pour débarquer des migrants impatients de quitter leur condition dans
l’espoir de trouver une vie meilleure en Europe. L’une de leur première destination
est l’Italie, géographiquement la plus proche des côtes africaines.
Si les
phénomènes migratoires sont périodiquement relayés dans les colonnes des faits divers,
l’immigration n’est pas apparue ces dernières semaines comme un des thèmes majeurs
de la campagne électorale pour les législatives italiennes qui se déroulent les 24
et 25 février prochain.
Mobilisation citoyenne
Cette absence
de débats sur la question de l’immigration parmi les candidats ne doit pas occulter
le fait que des Italiens et des immigrés en Italie se mobilisent pour sensibiliser
la population sur ce sujet. Parmi eux, certains ont créé le « Comité 1er
mars » en 2010 alors que se déroulait la Grève des étrangers, une première dans le
pays. En tout, cinquante-deux villes de la péninsule s’étaient mobilisées pour défendre
la libre circulation des immigrés et la mixité face à une Europe qui tend à fermer
ses portes. Autre cheval de bataille : la dénonciation de la loi sur l’immigration
Bossi-Fini qui détermine chaque année un quota d’immigrés pouvant séjourner en Italie.
La mobilisation se poursuit à travers les réseaux du « Comité 1er
mars » dont la coordinatrice nationale, Cécile Kienge, d’origine congolaise, revendique
la libre circulation pour tous les immigrés en Europe.
Elle réclame
ainsi que les centres de rétention en Europe et en Afrique du Nord soient fermés.
Elle demande aussi la « libre-circulation des migrants » afin d’éviter des morts en
mer, « des victimes de la politique de la frontière ».
« Fermer ses frontières
aux immigrés est un contre-sens » estime Cécile Kienge. « L’Europe a promu la libre-circulation
avec l’espace Schengen, elle devrait être le premier continent à comprendre les motivations
qui l’ont conduite à établir cette libre-circulation » explique-t-elle. La coordinatrice
nationale va même plus loin : « la libre-circulation avec les pays d’Afrique du Nord
».
« Nous demandons que chaque personne soit libre de choisir l’endroit où
il veut vivre, que chaque migrant puisse participer à la vie économique, sociale,
culturelle et politique en ayant le droit de vote » conclut-elle.
Des propos
recueillis par Thomas Chabolle
(Photo : 15 décembre 2012, un bateau
transportant 218 clandestins est arraisonné par les garde-côtes italiens)