Le triomphe de Rafael Correa, réélu président de l'Equateur
L’Equateur a réélu Rafael Correa comme président ce week-end pour les quatre prochaines
années. C’est un véritable plébiscite pour le dirigeant socialiste de Quito : il a
gagné dès le 1er tour avec 56 % des voix, selon un dépouillage partiel. Une gageure
dans un pays qui avait l’habitude, il n’y a pas si longtemps, de voir les présidents
et les gouvernements se succéder dans un court délai.
Sa popularité, Rafael
Correa l’a gagnée grâce à des mesures sociales et des réformes progressistes. C'est
du moins l’analyse de Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Institut de Relations
internationales et stratégiques, avec Jean-Baptiste Cocagne :
Le triomphe
de Rafael Correa renforce sa "révolution citoyenne", mais n'est pas synonyme de radicalisation
pour ce dirigeant resté pragmatique face aux contraintes de l'économie, selon des
experts interrogés par l'AFP. "Même le pouvoir ne s'attendait pas à un tel score.
Cela lui offre une énorme légitimité pour le prochain mandat", indique Santiago Basabe,
politologue à la Faculté des sciences sociales de Quito (Flacso).
A l'annonce
de sa victoire, Rafael Correa, qui s'est imposé comme l'une des figures de la gauche
latino-américaine, a clamé que "rien ni personne ne peut arrêter la révolution". "Les
routes, les hôpitaux, les écoles, c'est pour vous", a encore promis ce président à
la longévité historique, au pouvoir depuis 2007 dans ce pays régulièrement secoué
par des crises et des scandales de corruption, qui a vu sept dirigeants en une décennie
avant son arrivée au pouvoir.
Une stratégie populaire auprès des plus pauvres
Toutefois,
sa marge de manoeuvre économique demeure étroite s'il veut continuer à mener le même
train de dépenses publiques, qui n'ont cessé d'augmenter sous son gouvernement pour
atteindre 15% du PIB en 2012. "Même si cette stratégie le rend populaire, notamment
auprès des plus pauvres, elle peut s'avérer intenable si les cours du brut chutent",
rappelle Arthur Dhont, consultant pour l'Equateur auprès de l'institut anglo-saxon
IHS.
Afin de pallier cette dépendance qui fragilise son économie, Rafael Correa
compte désormais développer l'industrie minière à grande échelle, quitte à prendre
le risque de froisser la communauté indigène, le tiers de la population. Pour cela,
le président doit rassurer les investisseurs étrangers, rendus méfiants par un dirigeant
qui a imposé un moratoire sur sa dette extérieure et de nouveaux contrats moins favorables
aux multinationales pétrolières.
"Les investisseurs craignent le manque d'impartialité
de la justice dans le pays", souligne M. Dhont, en rappelant que M. Correa a retiré
l'Equateur depuis 2009 du Centre international de réglement des différends relatifs
à l'investissement (Cirdi). En 2012, l'Equateur n'a capté que 335 millions de dollars
comme investissements étrangers direct (IED), l'un des résultats les plus faibles
d'Amérique latine, très loin derrière son voisin de Colombie qui en a recueilli 13
milliards.
"Bienvenue à l'investissement étranger qui est en train d'arriver",
a lancé M. Correa après son élection, tout en réaffirmant ses objectifs sociaux. "Ne
confondons pas la fin avec les moyens", a-t-il souligné. Malgré ses discours fracassants,
cet économiste de 49 ans, titulaire d'un doctorat de l'université américaine de l'Illinois,
diffère des autres tenants du socialisme à l'image de son allié vénézuélien Hugo Chavez.
Avec
AFP
(Photo : le président Rafael Correa, réélu dimanche à la tête de l'Equateur)