La Curie romaine se retire en prière et le monde s'interroge
Benoît XVI s’est retiré avec les membres de la Curie Romaine pour les exercices spirituels
de Carême, dans la chapelle Redemptoris Mater du Palais apostolique. Le Vatican tourne
au ralenti, alors qu’à l’extérieur, l’effervescence ne retombe pas, une semaine après
la renonciation historique du Pape. Benoît XVI s’éclipse avec sa discrétion proverbiale
tandis que, dehors, Rome bouillonne et bruisse.
Les réactions continuent d’affluer
des cinq continents et les médias fébriles se livrent à des conjectures sur les candidats
favoris pour occuper le siège de Pierre et sur les priorités qui seront celles du
futur Pape. Saura-t-il continuer la lutte implacable contre la pédophilie et remettre
de l’ordre dans une Curie encore désorientée par la trahison d’un majordome ? Voudra-t-il
faire avancer les chantiers ouverts : le dialogue avec le lefebvristes, la normalisation
avec la Chine, la réforme de la Curie ?
Les chantiers ouverts sont nombreux,
certains semblent pharaoniques.
Saura-t-il aider l’Eglise catholique à
retrouver son crédit là où son image a été sérieusement écornée, déclassée ; à jouer
son role de contradiction prophétique dans la société occidentale déchristianisée,
face à la multiplication des lois qui entrent frontalement en conflit avec son éthique
; à regagner le terrain perdu au profit des sectes, en Amérique latine et en Afrique
? Saura-t-il aider les millers de chrétiens dont la liberté religieuse est bafouée,
dont la survie est menacée, au Pakistan, au Moyen-Orient, au Laos ?
Pendant
ses 7 ans et 10 mois de pontificat, Benoît XVI s’est efforcé de faire comprendre que
l’Eglise pouvait exister pour elle-meme, qu’elle devait descendre de son piédestal
pour devenir une minorité créative. Dans un livre d’entretiens paru au milieu des
années 90, Le Sel de la Terre, Joseph Ratzinger affirmait déjà : « J’avais prévu que
l’Eglise deviendrait petite, qu’ensuite elle ne pourrait plus subsister dans ses grand
espaces, ses vastes organisations, mais devrait s’organiser de manière plus modeste.
L’Eglise se perpétuera dans de petits cercles vivants, où des gens convaincus et croyants
agiront selon leur foi. L’Eglise peut précisément être moderne en s’opposant à l’opinion
commune. A l’Eglise incombe un rôle de contradiction prophétique et elle doit en avoir
le courage». (Romilda Ferrauto)