Un budget d'austérité, une première dans l'histoire de l'Union européenne
Les dirigeants européens se sont mis d'accord vendredi après 24 heures de négociations
serrées sur un budget d'austérité pour les sept prochaines années, en baisse pour
la première fois dans l'histoire de l'Union européenne mais qu'ils ont salué comme
un "bon compromis".
"C'était notre réunion la plus longue, mais cela valait
la peine de travailler pour obtenir ce résultats", a déclaré le président du Conseil
européen, Herman Van Rompuy, en jugeant ce budget 2014-2020 à la fois "réaliste et
tourné vers l'avenir. Il n'est parfait pour personne, sans doute, mais il y en aura
pour tous", a-t-il souligné.
Ce budget se traduit par 960 milliards d'euros
en crédits d'engagement, qui correspondent au plafond autorisé, et 908,4 milliards
en crédits de paiement, soit les dépenses effectives, a-t-il détaillé. Les 960 milliards
correspondent exactement à 1% du Revenu brut de l'Union.
Quel sont les pôles
qui s'en sortent le mieux et quels sont ceux qui se voient soumis à une cure d’austérité
? Les explications d'Antonino Galofaro :
Ce budget
2014-2020 perd 3% de ses crédits par rapport au dernier, celui sur la période 2007-2013.
Et tous les secteurs sont concernés. Mais pendant près de 24 heures de débats, certaines
politiques européennes ont réussi à limiter la casse par rapport aux dernières discussions,
en novembre.
Celle qui s’en sort le mieux, c’est la PAC, la Politique commune
agricole. Son enveloppe est désormais d’un peu plus de 370 milliards d’euro : c’est
près de 50 milliards de moins que dans le budget précédent. Mais au terme des négociations
vendredi, la PAC a réussi à gagner un milliard en plus par rapport aux discussions
de novembre.
Les fonds de cohésion pour les régions les plus défavorisées
s’en sortent aussi bien : elles obtiennent elles quatre milliards et demi en plus
qu’en novembre.
Quelles sont donc les coupes drastiques ? Les infrastructures
ont perdu dix milliards d’euros. Les fonctionnaires à Bruxelles devront faire aussi
bien attention : l’administration perd un milliard et demi d’euros par rapport à ce
que demandait le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, l'an dernier.
Enfin, l’aide alimentaire est amputé de près d’un milliard et demi d’euro. Une
aide qui a permis par exemple en France de distribuer 130 millions de repas sur la
seule année 2011.
Une baisse historique
Ce résultat est nettement
en retrait par rapport aux propositions faites par M. Van Rompuy en novembre (973
milliards d'euros pour les engagements et 943 milliards pour les paiements), elles-mêmes
déjà très inférieures aux propositions de la Commission européenne. "La Commission
européenne aurait préféré, c'est vrai, des montants plus élevés, mais c'était le meilleur
résultat qui pouvait être atteint à l'unanimité", a déclaré son président, José Manuel
Barroso.
Une baisse historique : de quoi satisfaire les pays exigeant des coupes
sévères dans les dépenses, comme le Royaume-Uni, face aux défenseurs d'un cadre plus
ambitieux comme la France.
Dès son arrivée à Bruxelles jeudi, le Premier ministre
britannique David Cameron s'était montré inflexible, affirmant qu'il n'y aurait pas
d'accord sans baisse substantielle du budget. Au final, il obtient satisfaction, avec
des crédits de paiement, la mesure la plus concrète pour son opinion publique, en
nette baisse.
Les Britanniques satisfaits
Cet accord "montre
qu'en travaillant avec des alliés, il est possible d'avancer réellement vers des réformes
au sein de l'Union européenne", a-t-il estimé, quelques jours après l'annonce de la
tenue d'un référendum sur l'appartenance de son pays à l'UE d'ici fin 2017. Il a fait
part de sa satisfaction d'avoir obtenu "un budget considérablement restreint, qui
va permettre aux contribuables britanniques d'économiser beaucoup d'argent".
Le
président français François Hollande a salué, de son côté, "un accord qui a été aussi
long que d'habitude à faire jaillir mais qui a été un bon compromis". En terme de
crédits de paiement, "les Britanniques voulaient moins de 900 milliards", face à la
France qui demandait 913 milliards, a expliqué M. Hollande. Avec un montant final
de 908,4 milliards d'euros, "chacun dira qui a fait le pas le plus grand", a-t-il
dit pour justifier son engagement.
Il s'est félicité du maintien du budget
de la Politique agricole commune (PAC), dont la France est le premier bénéficiaire.
Il grignote un peu plus d'un milliard d'euros par rapport à la dernière proposition
Van Rompuy en novembre.
avec AFP
(Photo : le président de la Commission
européenne, José Manuel Barroso (gauche), et le président du Conseil européen, Herman
Van Rompuy, le 8 février à Bruxelles)