Le Père Pascal Montavit commente pour nous l'Évangile de ce dimanche 10 février. Cinquième
dimanche du temps ordinaire. Évangile selon Saint Luc 5, 1-11 "Jetez vos filets pour
prendre du poisson"
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L’Évangile
de ce cinquième dimanche du temps ordinaire est certainement l’un des passages du
Nouveau Testament qui exprime au mieux ce qu’est l’Église, voulue et fondée par Jésus.
Tout d’abord, face à la foule qui le presse pour écouter la parole de Dieu, Jésus
monte dans une barque, s’assied, puis enseigne. Les Pères considèrent que la barque
représente l’Église. Jésus s’y tient assis, signifiant ainsi l’autorité de Sa parole.
La parole du Salut, mystérieusement et malgré la faiblesse de ceux qui l’ont transmise
jusqu’à nos jours, est confiée à l’Église représentée par une barque. Une barque,
c’est fragile. Elle peut prendre l’eau, être renversée ou tout simplement s’égarer.
Mais cela n’arrive pas car Jésus y est assis. Monter dans la barque, comme le fait
Pierre, c’est quitter la terre pour se tenir près de Jésus. C’est accepter de le suivre
partout où il va (Ap 14,4) sans savoir où il va nous mener. Un deuxième enseignement
de cet Évangile vient du dialogue entre Jésus et Pierre. Tout d’abord, Jésus lui demande
d’avancer au large. Monter dans la barque n’est donc pas suffisant, faut-il encore
partir ! Accepter de perdre ses repères, ses attaches, pour entendre pleinement la
parole de Jésus. Avancer au large, c’est prendre le risque d’être entouré par les
eaux, ce qui pourrait signifier la mort. La seule sécurité, c’est Jésus, assis, dans
la barque. Pierre pose donc un acte de foi : il avance au large. Mais il y a plus
encore. Jésus lui demande maintenant de jeter les filets pour prendre du poisson alors
qu’il a déjà peiné, en vain, toute la nuit. Pour porter du fruit, il faut donc d’abord
avancer au large, c'est-à-dire quitter ses repères pour suivre Jésus, mais il faut
aussi jeter les filets alors que cela semble peine perdue. Pierre exprime sa surprise
car il ne comprend pas la logique de Jésus. Mais il obéit. Jésus nous surprend. Son
enseignement nous dépasse et bien des fois nous pouvons nous interroger sur la folie
que représente la parole de Jésus. Mais cette folie de Dieu dépasse la sagesse des
hommes. Enfin, lorsque Pierre réalise le miracle qui est en train de se produire,
il tombe aux pieds de Jésus et dit « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un
homme pécheur » (Lc 5,8). Pierre voit Jésus à l’œuvre, non seulement en parole, mais
aussi en actes. Il réalise alors la toute puissance de Dieu. Il mesure l’écart qui
le sépare de Jésus, fils de Dieu, le Messie attendu par Israël ! Cette grâce de lucidité
sur soi-même, cette grâce que reçoit Pierre au lac de Génésareth, nous pouvons la
demander aujourd’hui pour chacun d’entre nous. Elle est synonyme de liberté. En effet,
lorsque l’homme se reconnaît comme un être imparfait face à Dieu qui est parfait,
il peut alors goûter Sa Miséricorde et réaliser tout l’amour que Dieu lui donne. Pierre
est maintenant prêt à recevoir un appel spécifique : « Sois sans crainte, désormais
ce sont des hommes que tu prendras » (Lc 5,10). En ce dimanche, nous sommes nous
aussi invités à monter dans la barque avec Jésus, c'est-à-dire à mettre notre confiance
en Lui, sans craindre la tempête qui pourrait surgir. Nous sommes aussi appeler à
poser des actes de foi pour répondre aux paroles de Jésus qui nous invite à lancer
les filets alors que cela semble vain. Le bonheur de Pierre, notre bonheur, c’est
d’être proche de Jésus, dans la barque.