Pour Benoît XVI, les cultures des jeunes sont une réalité complexe mais fascinante
Alors que le Conseil pontifical pour la Culture se retrouve ces jours-ci pour sa réunion
plénière, le Pape a reçu jeudi matin ses participants et les a entretenus sur le
thème de leur symposium : les cultures émergentes des jeunes. Une réalité que Benoît
XVI a aussitôt qualifiée de complexe et articulée, qui ne peut plus être comprise
à l’intérieur d’un univers culturel homogène, mais bien dans un horizon multiforme
déterminé par une pluralité de visions, de perspectives et de stratégies.
Le
contexte culturel, pour le Pape, est toujours plus fragmenté et en perpétuelle évolution,
et il faut y voir l’influence des médias sociaux, nouveaux instruments de communication
qui favorisent et provoquent eux-mêmes d’incessants et rapides changements de mentalités,
de mœurs et de comportements.
Le compte-rendu de Bernard Decottignies
Benoît
XVI aborde d’abord la face sombre de ce climat diffus d’instabilité culturelle, mais
aussi politique et économique, qui a surtout des conséquences au niveau psychologique
et relationnel. L’incertitude et la fragilité qui touchent tant de jeunes souvent
les poussent à la marginalité, les rend quasi invisibles et absents des processus
historiques et culturels des sociétés. Et, souligne le Pape, parfois cela débouche
sur la drogue, la déviance, la violence.
La sphère affective et émotionnelle,
tout ce qui concerne les sentiments et le corps sont fortement soumis à ce climat,
entraînant des phénomènes apparemment contradictoires, comme la mise en spectacle
de la vie intime et personnelle, et une fermeture individualiste et narcissique sur
ses propres nécessités et intérêts. Même la dimension religieuse, l’expérience de
la foi et l’appartenance à l’Eglise sont souvent vécues dans une perspective privée
et émotive.
Les jeunes n'ont pas que des mauvais côtés
Mais
le Pape voit aussi des phénomènes véritablement positifs. Ainsi les élans généreux
et courageux de tant de jeunes volontaires qui se consacrent à leurs frères ; les
expériences de foi sincère et profonde de tant de jeunes qui témoignent de leur appartenance
à l’Eglise ; les efforts pour construire, en de nombreux endroits du monde, des sociétés
capables de respecter la liberté et la dignité de tous, en commençant par les plus
faibles et les plus petits.
Une réalité complexe, mais fascinante, reconnaît
Benoît XVI, qu’il faut comprendre et aimer avec empathie, une réalité dont il faut
suivre les développements. Sans oublier de prendre en compte les jeunes de tant de
pays dit « du Tiers Monde ». Ils représentent avec leurs cultures et leurs besoins,
un défi à la société de consommation globalisée, à la culture des privilèges acquis
pour un cercle restreint de la population occidentale. Pour le Pape, les cultures
des jeunes deviennent émergentes aussi dans le sens qu’elles manifestent un besoin
profond, un appel à l’aide, une « provocation » qui ne peut être ignorée ou négligée,
ni par la société civile, ni par la Communauté ecclésiale.
L'espoir des
jeunes représente l'avenir de nos sociétés
A cela le Pape a ajouté l’urgence
éducative et professionnelle, car si les jeunes n’espéraient plus ou ne progressaient
plus, n’offraient plus leur énergie, leur vitalité, leur capacité à anticiper le futur,
nous nous retrouverions avec une société repliée sur elle-même et privée d’un discours
positif sur l’avenir.
(Photo: la rencontre européenne des jeunes de Taizé,
Rome, fin décembre)