2013-02-02 13:03:40

La Vie consacrée mise à l'honneur par Benoît XVI


« Ma pensée affectueuse va aux personnes consacrées : puissent-elles suivre le Christ fidèlement dans la pauvreté, la chasteté, l’obéissance ! » Le Pape a envoyé ce samedi matin un tweet en 10 langues sur son compte @Pontifex. A 17h30, le Pape présidera une messe en la basilique Saint-Pierre. Elle sera co-célébrée par le cardinal João Braz de Aviz, le préfet de la Congrégation des Instituts de Vie consacrée et les sociétés de Vie apostolique, car chaque année depuis 1997, l’Eglise dédie le 2 février, fête de la Présentation de l’Enfant Jésus au temple, à la Vie consacrée.

Comme l'explique la Conférence des évêques de France sur leur site internet, la présentation de Jésus au temple, consacré selon la prescription rituelle de l'époque au Seigneur comme tout garçon premier né, annonce le don de Jésus par amour de Dieu et des hommes et l'offrande suprême de la Croix. Cette journée a donc une importance particulière pour toute personne consacrée, qui, inspirée par le don bouleversant du Christ, aspire à son tour à donner sa vie et à tout abandonner pour marcher à sa suite.

Valoriser la vocation religieuse


A l’origine de cette initiative, Jean Paul II tenait à « remercier le Seigneur pour le grand don de la vie consacrée, qui enrichit et réjouit l'Eglise par la multiplicité des charismes et le dévouement de tant de vies totalement données au Seigneur et aux frères ». Consacré une journée aux personnes consacrées était également pour ces dernières l’occasion de « célébrer ensemble et solennellement les merveilles que le Seigneur a accomplies en elles ».

Dans un contexte de sécularisation en Europe et de crise des vocations, Jean Paul II souhaitait, grâce à cette initiative, valoriser la vocation religieuse : « en contemplant le don de la vie consacrée, disait-il alors, l'Eglise contemple sa vocation la plus profonde, celle de n'appartenir qu'à son Seigneur. La vie consacrée a pour mission prioritaire de garder vivante dans l'Eglise la forme historique de vie assumée par le Fils de Dieu quand il est venu sur cette terre ».

Interrogé par Manuella Affejee, le père Jean-Marie Cabes, Prieur des Fraternités monastiques de Jérusalem à Rome, nous offre son témoignage RealAudioMP3

« Au fond, la vie consacrée, c’est la vie baptismale qui essaie d’aller jusqu’au bout. Une parabole de vie chrétienne », raconte le père Jean-Marie Cabes qui raconte les signes de sa vocation : « Il faut avoir rencontré Jésus-Christ et vouloir le suivre. Il faut aimer le « cœur à cœur » avec le Seigneur ». Il faut avoir sur lui un regard amoureux dans la prière, mais aussi une disponibilité à le faire rentrer concrètement dans toutes les dimensions de son existence, en particulier la dimension affective. » Faisant référence au célibat, le prieur des Fraternités monastiques de Jérusalem à Rome explique que ce n’est pas très facile, surtout à notre époque, car elle « n’idéalise certainement pas ce genre de vie ».

Quant à son enracinement spirituel et humain, le père Cabes dit avoir eu la grâce de recevoir la foi de sa famille et d’une éducation qui a baigné dans la prière. « Je peux vraiment bénir le Seigneur à mon âge, plus de 60 ans, d’avoir dans des périodes troublées trouvé toujours auprès de moi des amis avec qui partager sur l’essentiel et se retrouver sur l’essentiel, sinon avec les secousses que notre génération a connues, j’aurais pu déraper très facilement ». Mais bien sûr, explique-t-il cet enracinement familial, amical et d’éducation doit être entretenu par des temps de prières, d’adoration. Le père Cabes souligne également l’importance des rencontres amicales et fraternelles. Prière et vie fraternelle, comme « une greffe permanente sur la vie « Jésus, c’est lui qui est l’arbre la vigne sur laquelle nous sarment nous sommes greffés ».

Pour le père Cabes, la vie religieuse a bien des points communs avec le mariage. Il explique qu’il faut avoir une « existence ouverte ». « Il faut vraiment s’ingénier à inventer chaque jour du nouveau » avec des « temps de ressourcements ». S’il est difficile de promettre une fidélité pour toujours, mais on peut s’engager pour aujourd’hui, affirme-t-il. Ainsi, « chaque jour doit être l’aujourd’hui du « oui » ». Enfin le religieux souligne que dans un couple comme dans la vie en communauté, il faut avoir toujours en tête de « saisir les occasions de la joie ». « Nous pouvons être les uns pour les autres une invitation à la joie, en portant sur l’autre un regard clair et plein d’espérance ».

Afin de se faire connaître, de nombreuses communautés ouvriront d’ailleurs leur porte et proposeront des animations dans leur diocèse ce samedi.


Ci-dessous, le message de la Corref, la conférence des religieux et religieuses de France pour la Journée de la vie consacrée.

« Dans la lumière du Christ partagée au monde dans la beauté de la communion de l’Église »

La Fête de la Présentation de Jésus au Temple, le 2 février, a été choisie par le Pape Jean-Paul II comme un jour de l’année mettant l’accent de manière particulière, sur la vie consacrée. Quel est donc le rapport entre cette fête et l’engagement de ces hommes et de ces femmes qui suivent le Christ dans cette vocation spécifique de la vie consacrée ?

Ce jour porte en Orient, le beau nom de « Fête de la Rencontre ». En effet en entrant pour la première fois au Temple de Jérusalem, Jésus encore enfant, est déjà reconnu comme la Lumière du monde rencontrant l’humanité. C’est bien ce que l’Evangile de saint Jean évoque par ailleurs dans son Prologue : « le Verbe était la vraie lumière éclairant tout homme, en venant en ce monde. » Ainsi Jésus rencontre deux vieillards, Siméon et Anne, tout entier dans l’attente de la venue du Messie ; il rencontre les scribes qui sont subjugués par la pertinence de ses interventions ; il rencontre le Temple lui-même, ce monument où est manifestée de manière si puissante la Révélation divine.

Jésus vient : les réalités anciennes à la rencontre desquelles il se rend, peuvent désormais lui faire place car tout est juste en lui ; il sera reconnu comme Parole du Père aux affaires duquel il se doit.

A ce titre, le vieillard Siméon, prenant Jésus dans ses bras et chantant son Cantique, « Maintenant, ô maître souverain, tu peux laisser ton Serviteur s’en aller dans la paix, selon ta Parole. » a de quoi impressionner : Siméon reconnaît la nouveauté radicale de Jésus comme Lumière venant en ce monde et s’efface pour que s’opère librement sa croissance ici-bas. De même la prophétesse Anne, à plus de quatre-vingts ans, elle qui passait sa vie dans le Temple, s’effacera aussi. Comme le dira Jean le Baptiste au sujet du Christ : « Il faut qu’il croisse et que moi, je diminue. »

Ainsi les religieux et religieuses, les membres des Sociétés de vie apostolique, des Instituts séculiers, les Vierges et les Veuves consacrées, pour être vraiment des témoins de l’Evangile, sont invités à une rencontre avec celui qui se manifeste comme la lumière du monde. Mais loin de l’accaparer pour eux-mêmes, ils s’effacent et en transmettent la clarté. Cela peut se traduire de bien des manières mais cette attitude passe toujours par une véritable écoute d’autrui, une obéissance mutuelle dans l’amour, une joie profonde à recevoir le mystère du Christ au plus intime de soi-même pour le transmettre au monde ; une forme d’humilité et de simplicité qui rendent libres de tout repli sur soi, un dépouillement bienheureux pour vivre des richesses du Royaume.

Ainsi visités au plus profond d’eux-mêmes, ceux qui ont reçu vocation à mener une vie consacrée dans l’Eglise deviennent réellement des guetteurs, des passeurs et des éveilleurs. Leur souci n’est plus de préserver des acquis aussi précieux soient-ils, mais de les transmettre quelle que soit la forme sous laquelle ils se développeront par la suite. Les anciens résumaient cette disposition en une belle formule dont ils faisaient vœu : « conversion de sa vie » (conversatio morum). Oui, c’est bien là que la vie consacrée peut être la plus évangélique et la plus prophétique : elle permet une rencontre où tout est renversé. L’échelle des valeurs qu’elle emprunte invite à une dépossession afin de laisser croître en soi, la lumière du Christ partagée au monde dans la beauté de la communion d’une Église qui avance à tâtons à la clarté des mille et mille chandelles de l’Amour.

Frère Jean-Pierre Longeat, président de la Corref

(Photo : des religieux chantant lors de la messe célébrée le 2 février 2011 en la basilique Saint-Pierre)







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