L'Archevêque d'Alep : «Nous sommes habitués à l'horreur du quotidien »
« La conséquence de la condition dans laquelle nous vivons depuis plus d’un an
est que nous nous sommes habitués à l’horreur du quotidien ». C’est ainsi que
l’Archevêque d’Alep des Arméniens catholiques, S.Exc. Mgr Boutros Marayati, décrit
la situation vécue par les habitants de la métropole syrienne où le 29 janvier ont
été retrouvés des dizaines de cadavres de jeunes, victimes d’exécutions sommaires
collectives. « Il y a toujours des nouvelles relatives à de nouveaux massacres.
Il y a le bruit continu des bombardements. On vit dans un état de tension et de peur
jour et nuit. Il est difficile de survivre dans un quotidien où l’on ne trouve pas
même l’eau pour boire et le carburant pour chauffer les maisons. Bouleversés comme
nous le sommes par tout cela – explique l’Archevêque – nous n’avons presque pas le
temps de prendre conscience des choses terribles dans lesquelles nous sommes immergés.
Le massacre qui a eu lieu à l’Université voici quelques jours, dans le cadre duquel
nous avons également perdu la pauvre Sœur Rima, semble déjà lointain ».
«
Il existe une déformation de toutes les information »
Dans l’habituel
jeu de ping-pong, les moyens de communication gouvernementaux ont attribué la responsabilité
du massacre aux brigades djihadistes de Jabhat Al-Nusra, alors que les groupes de
la coalition d’opposition ont parlé de« nouveau et terrible massacre perpétré
par le régime ».Selon l’Archevêque arménien catholique d’Alep, l’impossibilité
de vérifier les conditions réelles des effusions de sang rend encore plus difficile
la condition des populations dans le cadre du conflit. « Nous percevons qu’il existe
une déformation de toutes les informations. On ne peut se fier à ce que l’on entend
dire et il n’existe aucune possibilité de vérifier, pas même en ce qui concerne des
faits qui se déroulent dans nos quartiers, à une distance réduite. Maintenant aussi,
on entend des explosions mais nous ne savons pas de qui elles arrivent et contre qui
elles sont dirigées. Nous sommes au centre d’une guerre mais nous la vivons comme
si nous étions dans le noir, sans comprendre véritablement ce qui se passe. Nous nous
demandons seulement quand et comment tout cela finira. Et nous prions le Seigneur,
afin qu’Il nous garde et nous protège ».(Agence Fides)
(Photo
: Civils syriens retrouvés massacrés à Alep)